The State

Il était une fois quatre britanniques s’en allant rejoindre la Terre Promise. L’une d’entre-elles veut être une lionne avec beaucoup de lions autour. Une autre souhaite apporter ses compétences de médecin et y emmène son fils. Un troisième veut suivre l’exemple de son frère célébré de tous. Et le quatrième, compagnon du précédent, se voit déjà comme le héros prêt à se sacrifier pour la pérénnité de cet « état » qui s’est choisi un bien drôle de destin manifeste.

Car celui dont nous parlons n’est nul autre que celui à cause duquel cinq continents sur Terre ont modifié leurs paramètres de sécurité, faiblement ou puissamment, et qui a transformé les réseaux sociaux en outils de propagande virale. Les partisans le nomme Dawla Islamiyya, ou plus couramment  » Dawla » qui signifie « état » en Arabe mais dans un sens séculaire, et je crois me souvenir que certains de ses supporteurs le nomment aussi  » Dawlat al-Islam » ( état de l’Islam). Ça se traduit, comme on s’en doute bien, par Etat Islamique.

Mais voila que son appelation va sonner comme très problématique auprès, déjà, auprès des populations musulmanes de ce monde qui- on les comprend bien- ne voudront pas être associées aux déferlements d’exactions qu’on lui connaît. Le mot ou l’expression, considérée comme péjorative par les djihadistes, n’existe en fait pas dans la langue arabe. Mais d’autres mots, phonétiquement, oui. A l’instar de Daes –celui qui écrase avec le pied-, ou de Dahes-, celui qui sème la discorde ou la zizanie ( Wassim Nasr, Etat Islamique, le fait accompli). Pour éviter, donc, de blesser autrui des chefs d’état tels que David Cameron, François Hollande, ou Barack Obama, décidèrent de l’appeler Daesh, ou bien ISIS /ISIL pour les anglophones, tandis que d’autres figures ou mouvements islamistes décidèrent de ne pas reconnaître le Califat autoproclamé et de le maudire par le biais de propagandes manipulatoires où on accuse Israël d’être derrière sa création ( alors qu’il est né des réseaux fédérés par Zarqawi). Ladite restauration du Califat a été énoncée par Al-Adnani– qui marquât le coup le même jour en faisant détruire la frontière Sykes-Picôt dans une vidéo. Le sermon d’ Abou Bakr al-Baghdadi à la mosquée Al-Nuri ( Mossoul) a non seulement confirmé son statut de calife, mais a aussi déclaré comme devoir moral pour tout musulman de faire Hijra vers les territoires contrôlés par l’EI.

Maintenant on sait de qui s’est inspiré Jean-Paul Ney pour brûler son passeport. Avec ça, les preuves de sa complicité objective avec l’EI seront irréfutables…
Tout le monde siclat’ à la queue leu leue, tout le monde y danse’ à la queue leu leu… à-à-à la queue leu leu…

Ainsi, le réalisateur Peter Kosminky prend le pari de faire évoluer ses personnages derrière les lignes ennemies, pari ô combien risqué car déjà les épisodes de cette mini-série traitent d’un problème encore en cours: l’EI n’a toujours pas été défait sur son territoire initial, et surtout les souvenirs douloureux autour des attentats demeurent encore vivaces. Ajoutez à cela que sur cette question les publics occidentaux sont plutôt « éduqués » par des séries US telles que Homeland, State of Affairs ( Le coup de Katherine Heigl qui, dans un élan de patriotisme féminin, s’en va déssouder le méchant terroriste islamiste c’est bien gentil), 24, NCIS, donc d’un point de vue occidental au travers de la dualité Gentils contre Méchants.

Ajoutez à cela que nous ne sommes pas aidés- faut le dire- par un clivage droite-gauche obsolète ( le mot est faible), en plus d’avoir à se coltiner des groupes ou des courants cultivant des logiques binaires hystériques: islamo-gauchistes/muzz identitaires/ Indigènes, féministes, soraliens, identitaires qui ont trop regardé Les Envahisseurs, pro-israéliens arabophobes, et- on le regrette- quelques laïcistes qui à toujours vouloir laver plus blanc que blanc donnent du grain à moudre à leurs adversaires. Disons que sur ce coup, ça ne sert pas vraiment à grand chose de se disputailler. Lorsqu’un djihadiste ayant fait bay’a à L’État islamique s’apprête à frapper un endroit fréquenté par des foules, celui-ci se fiche bien de savoir si il s’y trouve des individus soutenant la cause LGBT, la cause Noire, Israël ou la Palestine, ou bien de faire un recensement ethnique qui affirmerait ou infirmerait la théorie du Grand Remplacement.

Le frair, l’a réalisé son rêve en devenant enfin un petit zoiseau vaire…

Le premier épisode va servir aux personnages, et au spectateur, d’initiation au petit monde de la Dawla. Bienvenue à la Dawla Islamiyya, et ne croyez pas tout ce qu’on vous raconte sur Internet. Les deux hommes et les deux femmes seront remis à des « institutions » spécialement conçues pour accueillir les nouveaux arrivants. Souvent, des nouveaux arrivants non mariés. Comme dans toutes les sectes, l’EI insiste pour que les nouveaux arrivants se sentent bien accueillis. La fameuse première phase où on voit tout en rose. À l’instar de certains états démocratiques ayant accepté d’accueillir non sans contrepartie des immigrés, L’EI exige aussi qu’ils se sensibilisent à l’idéologie qui les accompagnera dans chaque des acte de leurs vies désormais dévouées au projet califal. Très tôt, les habitudes acquises par les petits nouveaux vont se heurter aux mesures drastiques décrétées par ce proto-état en guerre ( ne l’oublions pas), car même si ces jeunes gens de confessions musulmanes se sont orientés vers des pratiques rigoristes il n’en demeure pas moins qu’ils ont grandi en terre occidentale où ils pouvaient bénéficier d’un certain confort eu égard aux syriens démunis par la guerre civile qui, paradoxalement, essayent de survivre entre plusieurs feux, ou bien migrent désespérément vers des terres où certains habitants crient à l’invasion planifiée. À priori, L’État islamique fait de son refus de non-mixité le point de départ de sa doctrine, aux hommes le combat, aux femmes le foyer, sauf que si on analyse bien tout est paramétré dans le sens de servir le Djihad contre les Kuffars. Ainsi, lorsqu’une mère met au monde un enfant celle-ci contribue à la cause, car l’enfant sera amené à prendre les armes et mourir pour le Califat, ou idée d’accomplir son devoir pour le bien d’un projet, et si jamais  » un kuffar s’introduit chez-elle pour s’en prendre à son foyer pendant que les hommes combattent, son devoir sera alors de combattre ».

Mais il est toujours possible pour les femmes d’intégrer les rangs féministes de la Hisba, boulot ingrat consistant à vérifier que les Soeurs soient voilées intégralement des pieds à la tête et malheur à celle qui n’a pas mis correctement son sitar ou qui sort sans son mari…amies féministes, vous qui aviez protesté contre la parodie Real Housewives of ISIS, votre raisonnement selon lequel elles seraient victimes d’une idéologie masculine risque de prendre un coup dans l’aile.

D’où l’intelligence de Kosminsky d’avoir insisté sur le conditionnement qui, petit à petit, transforme les individus et les amène à leur faire faire des choses qu’ils ne se seraient jamais soupçonnés d’être capable de faire et les met à rude épreuve. C’est vieux comme le monde, on casse les individus pour mieux les remodeler. Les Marines font ça, mais aussi certains psychiatres, psychologues, ou gourous de sectes usent de ces méthodes.

Tu nous verras à l’antenne, Déraciner ton chêne, On va changer les programmes sur ta première chaîne…

L’idéologie de l’EI tire ses racines du Coran, des Hadiths, ou de textes d’érudits hanbalites comme Ibn Taimiyya, et juxtaposée par exemple à l’actualité climatique on obtient une vision apocalyptique semblable à celles de sectes millénaristes. En Islam, précisément dans les propos rapportés par Sahih et Muslim, certains phénomènes climatiques constitueraient des signes annonciateurs de la Fin des Temps. Dans les milieux salafistes il est courant de croire que les tremblements de terres sont dus aux pêchés. On pourrait trouver suffisamment de quoi  faire signifier à Luc Ferry son ignorance, lequel, du haut de sa suffisance, s’est cru dans son bon droit de toiser Emmanuel Macron lorsque celui-ci établît une corrélation entre le Djihadisme et le réchauffement climatique. L’ouragan Irma a été acclamé par les supporteurs de la Dawla. À un moment, le personnage d’Oum Walid fait savoir que nous sommes dans cette phase-là…

À l’instar des sectes, ou de courants politiques sectaires tels que celui de Monsieur Soral ainsi que de ses adversaires acharnés situés dans l’extrême-droite pro-Israël, nous retrouvons parmi ses membres le sentiment d’avoir été choisi pour faire partie d’un groupe exceptionnel qui détiendrait La Vérité.

L’épisode numéro deux sera celui de la désillusion ( l’un d’eux va apprendre la vérité pour son frère tombé lors de la Bataille de Kobané). Le troisième et quatrième se concluront dans la folie collective que les épisodes précédents nous réservaient en prémices.

Avec ça, mes fraires, vous allez toutes les fers tomber comme des mouches…

 

Maintenant, qu’on tienne l’idéologie de l’EI pour irrationnelle, sanguinaire, et mise en application par des fous, il faut organiser la chose matériellement parlant. Une scène assez criante est celle du recruteur demandant à Jallal de définir qu’elles sont ses compétences, ce que le jeune homme ne comprendra pas vraiment. C’est pourtant simple à comprendre, pour s’assurer de mener à bien sa politique expansionniste, ou pour survivre en tant qu’état, l’EI est contraint d’oeuvrer en pragmatisme et de répartir les rôles selon des besoins économiques. Le personnage joué par Ony Uhiara, médecin de formation, pourra trouver un emploi au sein de l’hôpital de Raqqa sous condition de s’occuper uniquement des femmes ( ce qui va lui poser un problème éthique, et ce qui va se révéler impossible à faire passer de la théorie à la pratique) sauf si on lui demande de prélever des organes sur des  corps ennemis tombés au combat. Dans le livre de David Thomson nous apprenions que la plupart des Faransis partis rejoindre l’EI ne parlaient juste qu’un sabir d’Arabe, et qu’en conséquence on les faisait intégrer des formations de combat dans des muaskars…pour servir plus tard de chairs à canon, là où les arabisants- qui parlent et écrivent l’Arabe- sont assurés d’avoir des postes administratifs. Les détracteurs islamistes de l’EI traitent cette organisation de Takfirie ou de Khawarij ( du nom d’une secte médiévale peu tolérante), mais en réalité si elle applique ce principe du Takfir consistant anathémiser les sociétés islamistes soi-disant tombées dans la mécréance, ou les sociétés occidentales mécréantes à ses yeux, ou bien les leaders de mouvements rivaux tels que les Ikhwans qu’elle affuble du joli sobriquet d’Apostats dans ses communiqués, il lui faut aussi conquérir les esprits et en priorité parmi les populations sunnites de ce monde. Ceci pour sa pérennité. Alors qu’Aboubacar Shekau, qui a fait allégeance puis scission avec l’EI, lui, considère que les populations musulmanes continuant de vivre sous des sociétés non-conformes à son idéal…sont mécréantes et que verser leur sang est licite.

Tu songes à casser? Ou elle t’as fait porter des cornes? Alors envoie son numéro au 8 12 12 et elle recevra Salil as-Sawarim…

 

C’est la rentrée pour les oukhties. Avec uniformes et tout. Eh wah, chez Dawla c’est pas chez Meetic…

Y a tout de même une tendance comme ça à l’EI, les exagérateurs du Takfir dit-on. Parait que leurs positionnements sont sujets à des polémiques en interne…

On me souffle à l’oreille que sous le vrai EI un djihadiste n’aurait pas idée de se présenter ainsi  » Salut, Abu Anas de Hollande » ou qu’il est formellement interdit à une femme dans le rite salafiste de s’épiler les sourcils. Toujours est-il qu’en quatre épisodes il est impossible de traiter la totalité des actus tournant autour de l’EI, comme par exemple sa rivalité avec la Jahabat An-Nusra devenu successivement Jabath Fath al-Sham puis Hayat Tahrir al-Sham en incorporant d’autres éléments extérieurs, ou alors la haine viscérale qui l’oppose aux rebelles néo-salafistes d’Ahrar al-Sham ou à Jaish al-Islam. L’EI s’est nettement plus frité avec d’autres islamistes, ou avec les Kurdes, qu’avec les troupes d’Assad. Mais c’est très réaliste dans l’ensemble. Les scènes d’exécutions, suggérées par-moment, parfois pas, s’entremêlent avec tout ce déferlement de violence en provenance de Syrie qui trouve refuge sur le Net ( et des idiots d’extrême-droite, croyant les instrumentaliser pour leurs propagandes, s’avèrent être leurs meilleurs ambassadeurs). Takbirs préfigurant des scènes de combats face à un ennemi à l’opposé du champ de bataille ( ici Deir ez-Zor) dont on n’entend que les projectiles, Inghimasis, SVBIED, snipers embusqués, cérémonies d’épouses ravies que leurs maris tombés pendant les combats accèdent aux statuts de martyrs, cadavres d’individus tués à l’arme chimiques qui vont être utilisés à des fins de propagande, homosexuels obligés de se fondre parmi la population, aluminium sur les téléphones portables pour ne pas se faire géolocaliser…

On touche aussi la corde sensible avec le personnage d’Isaac, le fils de la doctoresse qui va passer d’être chouchouté dans un milieu féminin à lionceaux du califat.

Autant de mises en situation autour desquelles on pourrait débattre. Ça nous changerait un peu de toutes ces niaiseries de droite, de gauche, ou d’extrême-ceci ou d’extrême-cela, qui n’apportent que du néant. À aucun moment on est prit de sympathie pour les djihadistes, on est désolé pour les personnages principaux dans le sens où on sait que de toute façon ils vont se faire avoir.

Ça s’appelle juste une leçon de morale…

 

6 réflexions sur “The State

  1. Bonjour,

    Merci pour votre analyse, cela donne envie devoir ce film !

    Peut-être permet-il de donner un aspect plus « humain » à l’EI ?
    On nous présente celui-ci que sous les traits:
    -D’une organisation ultra compétente socialement, militairement et même dogmatiquement.
    -D’une bande de « looser » avec Kalachnikov, issus des bas fonds de nos société occidentales ou de « nomades/bédouins, issus du désert d’Al-Anbar » (sobriquet donné à l’EI par un membre de ….Ahrar Al Sham)

    Il serait intéressant d’avoir un jour un article sur les réels ratés de Daesh:
    -La nouvelle monnaie du Califat qui a fait Flop.
    -Avoir accepté (momentanément) Shekau dans ses rangs, malgré l’abondante quantité d’information comme quoi il se comportait tel un cinglé (même s’il ne l’est sans doute pas)
    -N’avoir pas réussi a comprendre que les Kurdes du PKK / PYD étaient aussi des idéologues jusqu’au-boutistes et que les Américains pouvaient soutenir un groupe Marxiste ennemi d’un de leurs allié.
    etc….

    Au plaisir de continuer à vous lire

    Meilleures salutations

    Jeb

    1. Non, il ne donne pas du tout un aspect plus humain à l’EI. Bien au contraire. La mini-série montre au contraire à quel point une idéologie peut déshumaniser des gens et dévaster autant les esprits que les territoires.

      Shekau n’est pas, apparemment, la seul personne qui leur présenterait un problème. Il y a un courant nommé les Ghûlat at-Takfir, exagérateurs du Takfirs, enfin les fameux takfiris, pour lesquels les populations musulmanes acceptant de vivre sous des sociétés non-conformes à leurs critières sont tombés dans la mécréance et donc, pour eux, il faut aussi les massacrer. L’un des leaders du GIA, Zitouni, a traîné ses guêtres dans un mouvement nommé Takfir wal-Hijra ( Anathème et Exil) et vers la fin de ses agissements il menaçait les épouses de terroristes non inféodés à son camp de divorcer car, se considérant comme seule autorité islamique,  » leurs mariages devenaient nuls ». En fait, même à Ben Laden ou à l’EI cette mise en application takfiriste pose un problème. Car le déferlement de violence est tel que ça rend leurs causes impopulaires même au sein des populations musulmanes dont les pratiques tendent vers le rigorisme.

      L’expression Takfir wal-Hijra, et c’est d’autant curieux, désignait à la base une secte égyptienne nommée Jamat al-Muslimin ( Parti des Musulmans) qui faisait la lecture suivante: la société n’étant plus islamique, il faut la maudire ( l’anathème) et s’en exiler ( la hijra). C’est ainsi que, déjà, des gens allaient jusqu’à rompre leurs liens familiaux ( démarche qu’on retrouve dans toutes les sectes millénaristes). C’est du Qutb appliqué à la lettre. Bon pour la Jamat al-Muslimin ça s’est mal terminé, le leader a été exécuté après l’assassinat d’un ancien ministre égyptiens de l’époque.

      Avant Shekau et son mentor Yusuf sévissait au Nigéria un leader extrémiste nommé Maitatsine qui considérait, tenez-vous bien, que lire un autre livre que le Coran était un acte de paganisme. Donc même les Hadiths ne valaient rien pour lui. Vers la fin de sa vie, avant de se faire buter lui aussi, ben il a été jusqu’à vouloir déchoir Mohammed de son statut de prophète.

      Oui, on nous présente l’EI sous une façon très caricaturale: des loosers, des débiles du désert, qui ont décidé de prendre les armes. C’est nettement plus compliqué que ça. Dîtes-vous aussi que les autres formations islamistes dites radicales- qui prônent ou non la lutte armée- ont compris que ses exactions pouvaient mettre du plomb dans l’aîle à leur cause. Un peu comme les trotskistes qui préfèrent parler de stalinisme concernant les purges en URSS plutôt que de communisme ( même chose pour la Chine et le Cambodge).

      Pour la monnaie, j’avoue que j’ai pas encore cherché…

      Je pense que l’EI a tout de suite compris qu’il allait avoir tout le monde contre lui, donc même des gens d’AQ, les Kurdes, les troupes d’Assad, l’Iran, la Coalition. C’est même son argument de poids dans toute la propagande qu’il délivre sur Internet. Ceci pour vouloir prouver ce fameux raisonnement  » on est les plus purs, les plus durs ». Sauf que d’avoir tout le monde contre soi, ça a ses limites. AQ, par exemple, a des groupes qui lui sont incorporés et d’autres qui lui sont liés au sens que les seconds sont respectés dans leurs souhaits de préserver leurs indépendances ( bon, AQ penche plutôt pour des émirats islamiques régionaux dirigés par des gens du crû et qui ne soient pas forcément estampillés Al-Qaida), et que pour l’organisation mère le djihad c’est le plus important…même si il se poursuit sous un autre nom. Pour être franc, je pense que AQ est nettement plus dangereuse et insidieuse car elle est capable de s’immiscer dans des débats purement intellectuels ( ce qui fait qu’actuellement on retrouve un peu des éléments de sa pensée chez des pro-palestiniens pro-Hamas).

      Merci de m’avoir lu.

  2. Bonjour,

    C’est moi qui vous remercie.

    En simplifiant (beaucoup).
    1) l’EI se voit comme Le Califat, c’est à dire un Etat (comme vous précisez dans votre titre)
    2) AQ se voit comme une ONG du Jihad avec différents modes d’actions suivant les zones:
    -Seul représentant de la cause Jihadiste et n’admettant pas d’autres groupes. (en Somalie ou au Maghreb)
    -En alliés indépendant de groupes locaux (exemple en Libye, Syrie et d’une certaine manière au Sahel)
    -En retrait et en appui des Jihadistes locaux (Pakistan, Afghanistan)

    Résultat, AQ ‘est un serpent bien plus insidieux et dangereux que l’EI et une menace à long terme, notamment si il parvient à s’infiltrer dans les sociétés et à prendre le pouvoir à long terme. Certains états son donc (relativement) ménagé car ils peuvent tomber d’eux mêmes.
    Un exemple, Zawahiri avait appelé Omar El Beshir à se convertir en 2009.(http://www.lapresse.ca/international/200903/24/01-839708-le-no-2-dal-qaeda-appelle-bechir-au-repentir-.php).
    -> Si je ne m’abuse pas, jusqu’à vers l’année 2011, AQ et le gouvernement soudanais évitèrent de s’affronter (ce qui n’est plus le cas aujourd’hui). Les passerelles idéologiques et pragmatiques étaient trop fortes pour que la « guerre » soit déclaré.

    Voir l’émergence d’un Etat réellement favorable à Al Quaida serait la pire chose qui pourrait nous arriver. Ceci peut expliquer la réticence à soutenir l’opposition armée Syrienne. Cette dernière n’est/était pas en large majorité djihadiste mais a/avait pour alliés incontournable, sur le terrain quelques mouvements plus que suspect (autres qu’ex-Al Nosra).

    Bien à vous

    Jeb

    1. Pour donner un exemple du pragmatisme d’AQ. Zawahiri, c’est passé inaperçu, a appelé les Noirs US de se révolter en utilisant des paroles et des images de Malcolm X. Ceci, l’EI serait incapable de le faire ( car il ne pourrait pas s’empêcher de souligner que Malcolm X est un déviant à leurs yeux). AQ a même des liens avec l’Iran, même si bon ils ne s’aiment pas du tout.

      Maintenant, et faut le savoir, je pense à plusieurs reportages qui ont confirmé l’allégeance de Zawahiri aux Talibans Afghans qui, eux, sont Déobandis ( c’est-à-dire qu’ils accordent aussi une place très importante aux coutumes Pachtounes). Et d’ailleurs, en terme de popularité, les Talibans Afghans sont nettement plus populaires que la Wilayat Khorassan ( EI) eu égard justement au respect des coutumes dont les Afghans sont attachés. Au Pakistan, ça semble un peu plus compliqué. C’est pourquoi Poutine est intéressé de s’allier avec eux ( les Talibans) pour défaire l’EI…quand on pense qu’il y a trente ans, en Afghanistan, c’était impensable.

      Et je ne parle pas du Sahel, où une partie des habitants- au nom des Traditions- sont plus tentés de faire cause commune avec le rebelle qu’avec le soldat français assimilé à la Puissance Coloniale…

      Bien à vous.

      1. Comme vous parlez du Sahel :
        http://www.rfi.fr/afrique/20130216-mali-document-inedit-sur-strategie-aqmi-sahel-tombouctou

        Le grand problème c’est qu’AQ et d’autres groupes Djihadistes, ont bien des liens familiaux/tribaux/culturels, avec une partie des populations locales partout dans le monde.

        Les pays occidentaux s’en trouvent coïncés:
        -Certaines personnes parmi nous, préconisent d’en faire le moins possible car on a va s’aliéner la population, si on bombarde. Mais elles ne fournissent aucunes piste pour endiguer la montée des idées extrémistes/jihadistes dans la population, si ce n’est une « négociation » pour assurer une stabilisation fort précaire
        -Des va-t-en-guerre, veulent faire la guerre jusqu’à destruction des groupes, ce qui est militairement et politiquement infaisable.

        A mes yeux, la seule solution est:

        1) A faire par nous-même (l’Occident)
        -un jeu de « Whack a Mole » pour affaiblir militairement les mouvements rebelles liés aux jihadistes et les empêcher de prendre le pouvoir par la force. Il n’est pas questions de les laisser en paix.
        -une précaution avec le choix de nos alliés sur place pour ne pas tomber dans le soutien aux pire despotes sanguinolents, ou au contraire à fricoter avec des islamistes qui resteront toujours plus proche idéologiquement des Takfiris que de nous
        -Une aide réelle aux populations, notamment les déplacés.

        2) Le plus gros du travail sera fait en interne des pays concernés par les populations concernées:
        -Etablissement d’un régime ne persécutant pas son peuple mais répondant aux besoins des populations locales (par exemple en termes de niveau de vie et/ou de libertés),
        -Mise à l’index du discours de supériorité de la « civilisation islamique » sur le reste du monde.

        Le souci reste que nous sommes incapable d’influer sur le point 2.
        La situation actuelle peut perdurer presque indéfiniment, et nous devrons faire du « Hit and Run militaire » jusqu’à ce que le soleil avale la terre (en exagérant beaucoup).

        Bien à vous.

        Jeb

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