Hubris: dépassement de la limite, de la mesure, outrage confinant à la folie dont la Némésis sera la juste contribution.
Le deuxième roman de Phénix se passe quelques années après où il nous avait laissé, c’est-à-dire dans le mystère après la frappe qui coûta la vie- dans le roman du moins- à un cadre francophone de L’EI. C’est toujours du contre la montre mais la tonalité est différente cette fois-ci avec une sensation de flou.
Quand c’est flou, il y a un loup.
Dans Code Nemesis un père ancien commando partait au Sham pour arracher coûte que coûte son fils enrôlé dans les rangs de Daesh. Quelques années plus tard, un mystérieux Imam afghan est soupçonné d’être à l’origine de la création d’une drogue de synthèse qui désinhibe les gens au point de les rendre fous et violents. Cette drogue fictive surnommée Tom&Jerry, en référence au cartoon du même nom, est un condensé de Fentanyl, de Carfentanil, d’opiacés, de Cocaïne, ou d’Héroïne.
Le compte à rebours est lancé car plus elle se répandra plus la France sera en proie au chaos…et donc vers la Guerre Civile.
Comme dans le Citoyens clandestins de DOA, dans L’Espion Français de Cédric Bannel où on est aussi dans l’Afghanistan d’avant le retour des Taliban, ou le Je suis Pilgrim de Terry Hayes, tous les espoirs sont tournés vers un homme de l’ombre qui n’existe pas officiellement. Cependant, n’étant plus entravé par la chronologie relative au califat en zone irako-syrienne, par rapport au volet précédent, Phénix permet plus de libertés propres aux romans d’espionnage. Notamment au travers de cette scène d’interrogatoire dans l’hôtel Pakistanais.
La partie intérieure n’est pas non plus négligée avec la policière alerte de la brigade criminelle se prenant dans la gueule, aux sens propre et figuré, toutes les turpitudes administratives et sociétales.
La présence de personnes réelles- Macron, Darmanin, ou Le Drian- a de quoi décontenancer- et d’alourdir l’atmosphère. On laissera au lecteur le soin d’apprécier ou non le procédé qu’on retrouve chez Benjamin Dierstein avec ses deux polars sous acides. Les précisions sur les fonctionnements internes des services de renseignement ne manqueront pas de faire cligner certains yeux.
Hubris, aux editions La Tengo. 21€