12 Years a Slave: la critique

12 years

Difficile de passer à côté de ce film. Les craintes que l’on éprouve est de tomber soi sur un film au travers duquel des personnalités déglinguées communautaires y verraient une apologie de L’Oncle Tom, ou bien inversement une production qui donnerait dans le pathos pour soutenir une idéologie victimaire parfois teintée d’un nationalisme racial revanchard. Il n’en est rien et au moins on évite la bouse ( Amistad de Spielberg) ou la mauvaise adaptation ( Beloved de Toni Morrison).

On a en tête les nombreuses scènes des romans Faulknériens où les personnages Noirs étaient aussi bien témoins qu’acteurs clés de la maudissure sévissant au sud. 12 Years a Slave n’en est pas loin. Le ton est grave. Le personnage, malgré toutes les horreurs subies, reste stoïque- il y aura toujours un esprit de mauvaise foi pour vous dire:  » oui, mais bro’ tu vois que c’est en se soumettant aux bons blancs qu’il peut combattre de méchants blancs! « . Adapter les Confessions de Nat Turner serait pas mal non plus.

Yeah Nigger.

L’approche n’est pas larmoyante, mais stoïque et narrée avec la sensibilité d’un cinéaste prometteur: Steve McQueen.

 » Bah, elle mettra pas longtemps à les oublier! ». dixit le personnage d’une femme de négrier à propos d’une esclave à laquelle on enlève ses enfants pour les revendre.

L’histoire est basée sur l’expérience du personnage principal, Solomon Northup ( Chiwetel Ejiofor), qui vivait en tant qu’homme libre dans l’état de New-York avant de tomber dans un traquenard et d’être revendu comme esclave à la Nouvelle-Orléans. Pendant douze années Northup sera traité- à l’instar de tous ses pairs- au même degré qu’une bête sauvage qu’il faut domestiquer- il est renommé Platt, tel un chien qu’un maître juge bon de récupérer. Baisser la tête en prononçant Maître, obéir, subir des humiliations psychologiques comme physiques ( dont une tentative de pendaison). Ramasser quotidiennement du coton sous peine d’être fouetté.

Divertir ses maîtres en improvisant des danses, des chants. Craindre un maître cruel ( convaincant Michael Fassbender) convaincu que l’Esclavage est autorisée par la Bible et que ça l’autorise à violer quotidiennement une esclave. La même esclave qui sera flagellée (insoutenable!) parce qu’elle avait quittée la plantation sans autorisation du Maître.

Les notes musicales d’Hans Zimmer, aux antipodes de la musique martiale optée pour un opus précedent, s’accordent avec des images saisissantes de tableaux réalistes et laissent place à des chants entonnés dans la douleur.

Quand on regarde bien les maîtres regardent leurs esclaves comme leurs propriétés. Le raisonnement est le suivant: j’ai investi tant donc il m’appartient d’en faire ce que je veux. On est en plein raisonnement sadien. Là où le bât blesse est que la Traite Négrière n’est qu’une forme d’esclavage et que si aujourd’hui l’Occident ne cesse de vouloir faire repentance ( sauf quelques voix très radicales) d’autres formes subsistent et lorsqu’on les met en évidence devant des tenants de la lutte mémorielle autour de l’esclavage les réponses sont parfois choquantes. Serait-ce parce que les victimes ne seraient pas toutes noires?

Aujourd’hui les Solomon Northup vous les trouvez sur un chantier au Qatar pour préparer la coupe du monde de 2022 et les Patsey peuvent être les jeunes thaïlandaises ( ou les petites Roms) qu’on force à tapiner le jour de leurs règles.

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