Depuis qu’il inonde nos écrans avec sa verve de tribun, reconnaissons-lui au moins cette qualité, Jean-Luc Mélenchon fascine autant qu’il horripile. Cabotin tombé en disgrâce dans les sondages, provocateurs omniprésent et agité sans cesse comme un des épouvantails dont le système se dit effrayé. Pourtant…

Qui ne se rappelle pas du soir du premier tour de l’élection présidentielle où le Front de Gauche n’atteignait que 10% des votes, ou bien encore la campagne d’Hénin-Beaumont qui s’est terminée sur un fiasco complet? Quelques jours auparavant ça été sur une polémique tournant autour du nombre de personnes à sa dernière manifestation en faveur d’une révolution fiscale.

Premier point, Jean-Luc Mélenchon se dit Chaviste. Or, la résistance contre l’impérialisme n’est pas son crédo, tout comme certaines personnes aux vues racialisantes qui se réclament d’Hugo Chavez oublient que ce dernier s’est toujours défendu de classifier les vénézuéliens en ethnies et hormis quelques saillies sur Israël qui tiennent plus de l’imprécation que de l’appel au meurtre ( ou ses fameux liens avec Céresole ressorti par le très politisé centre Simon Wiesenthal qui ont été eux-mêmes mis en doûte par des spécialistes du même bord, dont Jean-Yves Camus) personne n’a eu à craindre cette figure de l’anti-impérialisme sur ce sujet-là, c’eut été même contraire à la logique bolivarienne. On constate le manque d’un point de vue géostratégique qui, somme toute, devrait le placer en héraut de l’anticolonialisme ( qui a bien du mal aujourd’hui à trouver une vraie figure qui ne tombe pas dans l’anti-occidentalisme primaire ou dans le bobolchèvisme post-hippie)…car l’a-t-on vraiment entendu sur les interventions au Mali, en Afghanistan, ou sur la prochaine en Centrafrique? L’a-t-on entendu prendre à la fois la défense des soldats français et des peuples opprimés pris entre plusieurs feux, lesquels ne sont qu’aux yeux de certaines multinationales des pions qui se font tôt ou tard bouffés dans la partie.

Ensuite, sur son rapport au Parti Socialiste. Aucune indépendance. Cet ancien sénateur nous la joue révolté-rassembleur comme le bourgeois qui fait mine de s’apercevoir des réalités…et appelle à voter  » utile » au second tour des élections présidentielles, c’est-à-dire Parti Socialiste. Comme il sera certainement aux ordres du PS pour aller saboter la campagne de son alter-égo représentante de la flamme tricolore. De même qu’il a manqué cruellement à sa fonction de rassembleur au-delà des clivages, et ce ne seront certainement pas les formations d’Antifas qui l’aideront pour ce faire- un front des mécontents serait pourtant la plus belle des alternatives à ce système reposant sur des antagonismes idiots, ce qui eut été logique pour quelqu’un traitant de larbin des parvenus figures clés du journalisme mainstream, certains mouvements allant du communisme pur ( PRCF, POI) au souverainisme modéré ( UPR, S&P) ne sont pas si éloignés que ça du FDG, quitte à passer pour le pire des Rouges-Bruns depuis Milosevic au lieu de conclure des alliances avec des charlots qui ont troqué le rouge pour du vert.

Jean-Luc Mélenchon pense à une autre Europe, mais en reprenant bien les calculs de François Asselineau il faudrait un trillion d’années pour qu’elle voit ses chances de naître. De plus ses propositions monétaires à la crise de l’euro sont floues. Sa difficulté à maîtriser les appareils technologiques a fait que son vote a été favorable à la réintroduction des farines animales. Sur les banques, sur les désastres écologiques, le leader du Front de Gauche ne fera que confirmer lesdites frayeurs que l’oligarchie exploite pour mieux imposer son système, tandis que d’autres sur le terrain ou derrière leur écrans informatiques prennent beaucoup plus de risques en plus d’avoir des échos plus faibles.

Si on est vraiment rassembleur on franchit le Rubicon.