SMP: le marché bientôt ouvert en France?

La proposition d’armer des vigiles dans un cadre de protection des sites sensibles n’a laissé personne indifférent, et recueille dans l’ensemble des avis partagés au sein de la population.

La France post-13 Novembre 2015 n’est vivable pour personne. Pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour faire le constat. Il suffit non pas que de faire un tour sur les réseaux sociaux inondés d’abrutis, mais de regarder la réalité en face comme nous l’incite à le faire Michel Onfray dans ses bons moments: face à un adversaire en pleine forme- le Djihadisme, en l’occurrence- qu’avons nous vraiment à défendre? Les supermarchés? Notre mode de scrutin qui consiste à élire des opportunistes et des marionnettes? Notre modèle social qui part à vau l’eau? Ce Droit du Travail constamment attaqué par des libéraux qui nous prennent de haut, qui est de cesse réformé pour complaire aux carnassiers du MEDEF et ankylosé par certains syndicats qui défendent leurs intérêts…pendant que des salariés et des petits entrepreneurs étouffent?

Défendre encore notre Laïcité alors qu’elle est attaquée par certains esprits arriérés quand d’autres, ultra-laïcards, la dévoient au travers de leurs postures ridicules de gardiens du temple? Défendre cette Education Nationale qui sous le signe de l’Egalité des Chances, appuyées par des réformes orthographiques à la con, n’est ni plus ni moins qu’une fabrique d’analphabètes?

Il y a bien nos libertés publiques garanties par notre Constitution. Mais là j’ai bien peur que les Djihadistes ne soient pas les seuls adversaires. Leur nom est Légion, car ils sont nombreux. Grosso modo: tout cet UMPSFN ainsi que l’ensemble des partis ou collectifs satellitaires, plus ces formations communautaristes qui ne pensent qu’à avoir leurs petites lois spécifiques ( CRAN, CRIF, UOIF, LGBT, CIVITAS), et sans oublier ces lobbys qui arrivent à faire primer leurs intérêts ou encore la Commission Européenne…

Le phénomène autour de cet ex-agent de la DGSE omniprésent sur la toile et sur les plateaux des chaines d’information continue, résume à merveille ce courant ultra-sécuritaire qui gonfle du poitrail et bande des muscles. Si il ne dit pas des choses fausses comme le fait que c’est l’Islamisme politique dans sa globalité qui pose problème ( donc pas que les Djihadistes, mais aussi le Salafisme quiétiste, les Frères Musulmans et autres obscurantismes style Tabligh ou confréries turcophones combinant ultranationalisme racialiste et islamisme panturquiste), sa phraséologie digne de John Mclane héros principal de Die Hard, certains de ses followers qui s’inscrivent dans une hystérie casse-bougnoul supportrice du Monde Blanc Civilisé  face aux hordes de Barbares qui veulent instaurer L’Eurabia ( ce discours est le jumeau de l’hystérie antisémite de type Soralienne où Israël et les Juifs- en général- sont érigés en figure de proue d’un « complot mondial satanique »…) peuvent plaider en sa défaveur. Mais l’homme est aussi, faut le savoir, cadre dans une société de renseignement privé nommée Corpguard, sur le site de laquelle nous est expliqué que :  » Les activités de CORPGUARD s’articulent autour de trois métiers : le renseignement et l’investigation à des fins d’administration de la preuve, la cyber sécurité et la protection du secret des affaires, la prévention et la gestion du risque.« .

L’homme semble aussi fasciné par un patriotisme à l’américaine

 Ci-dessous un autre expert nous livre une expertise dont il a lui seul le secret. Nous apprenons ainsi qu’un défenseur des valeurs républicaines ( égalitaires, démocratiques) peut se prononcer en faveur de la lapidation…sort réservé aux femmes adultères dans les contrées pachtounes, en Iran…ou au cœur de cette péninsule arabique depuis laquelle ont émergé le Wahabisme ainsi que le Djihadisme. Sinon, d’avis amateur, je pense que même le plus médiocre des avocats- représentant la partie plaignante, par exemple- arriverait sans mal à démontrer le  » côté appel au lynchage » du com’ facebookien. En même temps que certains esprits communautarisés ne s’étonnent pas des retours de bâton quant à leurs attitudes…

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Après c’est comme dans tout il y a du bon, du mitigé, du mauvais, et du très mauvais. Comme l’a très bien soulevé le reporter David Thomson la surenchère de mauvaises analyses trompent le grand public, voire déteint sur les décisions politiques.

Si on entend bien que le monde change, que le monde évolue, cette configuration révèle un fait de haute importance: cela signifie clairement que sauf à de rares exceptions près ( sauf les hauts-gradés militaires, les syndicalistes policiers, ou les magistrats) notre état est incapable de dépêcher autant d’experts pouvant livrer des analyses de qualité. Au pays où une ministre du Travail ne sait pas qu’un CDD est renouvelable deux fois ( sous certaines conditions), où avant les attentats de Janvier 2015 nous entendions un ministre asséner que promouvoir le Djihad n’est pas un délit, notre Premier Sinistre montre toute la gravité de cette carence lorsqu’il se rend à une soirée événementiel du CRIF et ceci par deux fois ( lors de la commémoration autour du drame de l’Hypercasher et lors du Dîner annuel du Crif). Que ce Monsieur Valls ait quelconque sympathie pour l’un des camps ne serait pas problématique si le principal concerné, lorsqu’il s’exprime sur des sujets sensibles, n’en venait pas à faire des amalgames foireux alors qu’il devrait avoir cette posture charismatique propre à nos hommes politiques de jadis ( et nos compatriotes Juifs feraient mieux de prendre exemple sur Georges Mandel ou Pierre Mendès-France).  Car ce qui séparait notre démocratie du régime des Khmers Rouges c’était justement le droit à la nuance, or en avançant que toute forme de nuance équivaudrait à de la complaisance voire à de la sympathie cet homme commet une faute impardonnable…

Bref, tout ce qu’on aura entendu sur la Syrie par la bouche de Mr Fabius, qui n’est pas un imbécile, qui a comme tout le monde des problèmes de famille, c’est:  » Bachar Al-Assad et Vladimir Poutine, c’est mal! « 

C’est consternant, comparé aux analyses que pouvaient nous faire un Védrine ou un Villepin.

Ces expertises glissent insidieusement vers une autre problématique: la carence de la sécurité publique.

Maintenant, venons au sujet des vigiles armés. Personne ne doute que les attentats tragiques de 2015, ainsi que la menace terroriste réelle que laisse planer cet état d’urgence, serve d’opportunité pour certains. Life is crual. En réalité, la proposition de palier aux manque de policiers et de gendarmes par des vigiles armés date de bien avant cela. Deux ans auparavant un vigile de supermarché me confiait que ses pairs exerçaient du lobbying afin que certains de leurs employés puissent bénéficier du port d’arme.

L’argument principal des compagnies de sécurités est à prendre en compte: face aux nouvelles formes de criminalité qui génèrent un climat d’ultraviolence il vaut mieux être armé. En parlant avec quelques vigiles, sans les juger, vous pouvez lire leur désarroi lorsqu’ils vous disent qu’en cas de Hold-Up  » On a pour consigne de laisser-faire« . Cela s’inscrivant dans cette logique- tout ce qu’il y a de plus normale- privilégiant les personnes aux biens. Implicitement, leur aveu d’impuissance signifie «  Finalement, on sert à pas grand chose…« . C’est compréhensible. Le problème est que certains vigiles, ou agents de sécurité, montrent en contrepartie de sérieux problèmes de comportements- genre je me prends pour Rambo – et que la perspective de les voir armés ne fait sourire personne.

Donc pour nous rassurer nos responsables parlent d’agents armés pour protéger des sites sensibles. Un agent de sécurité peut être aussi amené à travailler sur des usines nucléaires ou industriels classés sites sensibles, et dans le cadre d’une formation il demeure possible de le sensibiliser à des opérations de piratage, d’espionnage, ou de sécurité ( incendie, normes en vigueur, etc).

 » Les syndicats de police veulent se décharger. Pour eux c’est tout bénef. Ils en ont marre de tout ce qui est surveillance statique: synagogue, station métro, musée. Ils sont ok mais veulent former« , dixit un agent de sécurité travaillant sur un site touristique parisien.

Toutefois:

  1. Anticiper des actions relevant du piratage et de l’espionnage visant des sites sensibles demeure le fait de la Direction de Protection et de la Sécurité de la Défense, qui est d’ailleurs le seul service de renseignement habilité à délivrer les niveaux d’accès aux informations classées secrètes: jusqu’à ce jour elles sont réparties en trois mentions: Confidentiel-Défense, Secret-Défense, Très Secret-Défense. Outre la lutte contre toute forme d’ingérence la DPSD a, il faut le savoir, capacité de dégrader ou de radier tout membre des forces armées si un niveau de dangerosité est avéré ou que l’entourage de celui-ci présente des failles trop importantes.
  2. L’arrestation des membres d’un hypothétique groupe terroriste revient à la Direction Générale de Surveillance Intérieure , ou à l’Unité de Coordination de Lutte Anti-Terroriste, lesquelles se livrent une concurrence terrible, et lorsque les prémices de l’interpellation font sentir un danger ils peuvent compter sur les effectifs du RAID, de la BRI, du GIPN, ou du PI2G. Enfin, théoriquement. Car tout dépend d’un tas de facteurs liés au contexte: environnement, disponibilité des effectifs…
  3. Toutefois, s’agissant des interventions au cœur des sites sensibles, seuls le GIGN et le PI2G ( qui appartiennent à la Gendarmerie) sont habilités.

Les projets de toucher les sites sensibles reviennent souvent dans les conversations de Djihadistes. Prenons autre un cas de figure, plus simple. Les partisans pro-arme nous bassinent avec l’argument « trumpien » selon lequel si la foule au Bataclan avait été armée les membres du commando aurait trouvé la mort. De une, le profil type des djihadistes interpellés ou tués décrit la trajectoire d’une personne connue des services de police pour grand banditisme qui s’est radicalisée en milieu pénitentiaire…donc ça comprend un maniement des armes nettement plus expérimenté que le quidam moyen qui fait deux ou trois séances en club de tirs sur des cibles immobiles. Deux, ceux ( et celles) qui vont faire le Djihad en Syrie vont être « formés » par des anciens soldats de Saddam, de Kadhafi, d’Assad père et fils, voire d’éléments qui ont déserté des forces armées occidentales, et, sans compter que ce savoir-faire est en partie dû à des instructeurs en provenance de l’ex-URSS, vont apprendre comment se faire discret, comment ne pas se faire remarquer, quelles attitudes il faut avoir ou non quand pendant ce temps une grosse partie de nos concitoyens croient aveuglément aux clichés délivrés par une extrême-droite de pacotille, ils vont être formés à quelques techniques de combat, et s’entrainer à des simulations d’attaque. Trois, si vous avez fait une partie de laser, de paintball, ou d’airsoft, vous savez pertinemment qu’une arme de poing ne sera pas suffisante pour faire face à une arme lourde. Quatre, mettons qu’une foule d’individus armée jusqu’aux dents assistent au concert d’un groupe mythique…vous croyez que ça va vraiment arrêter des individus conditionnés pour être sacrifiés? Avec cent décibels dans les tympans vous croyez que vous allez pouvoir apercevoir un commando ayant appris à s’approcher silencieusement de leurs cibles?

Ces délires fruits de conneries survivalistes extrêmes- où via des sous-cultures paramilitaires du pauvre se mélangent ou se confrontent relents de racismes, Close Combat du pauvre, héroïsme fantasy pour loosers sur fond d’Hans Zimmer, paranoïa exacerbée, bombages de torses, marketings grossiers- ne répondront jamais aux attentes qui sont d’ordre civilisationnels et institutionnels. Autant vraiment sensibiliser la population à des techniques de combats d’instructeurs sérieux, voire de faire un stage militaire par année, et parallèlement d’estimer les carences…

Comment ne pas voir, là, également, la faillite même du projet de super-police à l’américaine mené par un hyperprésident mégalo atlantiste puis remanié plus tard par son ersatz psychorigide et sécuritaire de gauche: la DGSI ex-DCRI née de la fusion entre la DST et les RG…de deux services de renseignement qui ne s’appréciaient guère. Et à l’instar du Pôle Emploi où des clans se sont formés entre anciens employés de l’ANPE et des ASSEDIC, la DGSI connaît le même problème. Lorsqu’une fusion de service survient il y en a toujours un qui tire le plus gros morceau de la couette. Les R.G, abréviation de de Direction Centrale des Renseignements Généraux, sont nés sous la très instable Troisième République et avait pour mission de surveiller l’opinion ( filature de groupes dit à risques, de personnalités sulfureuses, ou de syndicalistes), de regrouper des faits pour monter des dossiers, ainsi que de surveiller ce qui s’apparentait aux jeux d’argent. La DST, Direction de la Surveillance du Territoire, opérait à un niveau plus élevé puisque elle supervisait les opérations de contre-espionnage, en plus de pouvoir procéder à des interpellations et d’intervenir sur des opérations de type militaires.

Sans l’appui de policiers ou d’ex-policiers trainant dans les sphères politiques Nicolas Sarkozy n’aurait jamais réussi sa prétendue réforme qui, avec l’affaire Merah, est devenue un fiasco.

« Un gendarme vaut un policier et demi, voire deux« , et tout laisse à penser que c’était le cas avec la défunte et très efficace EPIGN ( Escadron Parachûtiste d’Intervention de la Gendarmerie Nationale) dissoute pour restructurer l’actuel GIGN. Les missions de l’EPIGN incluaient les surveillances de sites sensibles comme celles de personnalités sulfureuses, et aussi des protections rapprochées de personnalités politiques. La Gendarmerie a été la grande perdante dans la réforme du renseignement, dixit François Heisbourg:  » Il faudra aussi qu’elle se pose la question du rôle des gendarmes, qui couvrent 95% du territoire mais sont exclus de la communauté nationale du renseignement (CNR). Dans un processus typiquement français, la gendarmerie a créé, dans son coin, une sous-direction de l’anticipation opérationnelle, qui est une unité de renseignement hyper moderne dont tout le monde ignore l’existence. C’est absurde de laisser cet outil détaché de tout le reste du dispositif de renseignement! Et ainsi de suite… La commission pourrait aussi s’interroger sur les recrutements et les budgets des services de renseignement, poser les questions d’ensemble, avoir une vue globale, pas seulement les points de vue de chacun des services de renseignement. « .

Il existe des sociétés qui proposent, en France, des services de protection rapprochée. Pour les recrutements les profils privilégiés concerne des anciens flics ou gendarmes, mais certaines proposent aussi à des individus des formations souvent onéreuses: tirs, self-defense ( Kick Boxing, Krav Maga, Lockup), chauffeur VTC, sécurité Maritime armée ( transport de containers)…ou, très curieusement, des formations pour être opérationnel sur des sites industriels situés en plein cœur d’ex-républiques soviétiques très instables.

Chez le quatrième pays vendeur d’arme au niveau mondial il est très culturel de cumuler les contradictions ( comme d’avoir des forces de l’ordre sous-armées)…ou les hypocrisies: ainsi la Loi n°2003-340 du 14 Avril 2003 punit de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000€ d’amende toute forme de mercenariat.

Ils doivent bien rigoler, en Afrique Noire.

Les Américains ont poussé le bouchon nettement plus loin avec Blackwater. Il faut savoir qu’aux USA la sécurité est une affaire privée déjà introduite par le deuxième amendement:  » A well regulated militia, being necessary of a free state, the right of the people to keep and bear arms, shall not be infringed« . Traduction: « Une milice organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’à le Peuple à détenir et à porter des armes ne sera jamais remis en cause« . En invoquant ce deuxième amendement il est possible de garantir sa propre sécurité, ou celle d’un tiers, au moyen d’arme à feu. Ce qui explique pourquoi des dingos ( KKK, suprématistes paramilitaires, néo-nazis, milices noires, JDL, Pro-Life, NRA) peuvent détenir des armes de poing ou de guerre en fonction des législations fédérales.

 En superficie et en culture les USA se différencient de la France. L’approche économique n’est pas la même, nous le savons. L’Oncle Sam dispose d’un territoire plus vaste, donc plus favorable à la libre-circulation des capitaux, contrairement à notre petit hexagone qui préférait- jusqu’au transfert de souveraineté- ce bon vieux principe keynésien de l’intervention de l’état en dernier recours. Car le problème n’est pas, en soi, l’existence d’entreprises privées mais bien cette perspective de privatisation de la sécurité. Pourquoi? Songeons aux hôpitaux et aux cliniques dont les tarifs laissent entendre que la santé est une question de moyens. La privatisation des services de sécurité aura, quant à elle, la première conséquence d’instaurer une police de pointe pour les plus argentés et une autre, « low cost », à bas coût, qui assurera le service minimum. Pire, on peut déjà anticiper que des législations floues conforteront les plus puissantes et à même de défendre les intérêts des Puissants, et on peut présager des dérives bien effroyables…

Le fossé entre riches et pauvres s’élargira…

On en n’est pas encore aux SMP, loin de là, mais voici un aperçu… de ce que présage la Loi du plus Fort.

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