Je ne sais pas si c’est l’analyse classique ou profonde d’un monde qui part en couille, d’un monde qui étouffe les plus faibles, d’un monde de plus en plus anthropophage, qui ne voit pas qu’il est bien ridicule à côté de tous les êtres qu’on abandonne chaque jour aux quatre coins de la planète… Car il n’y a pas d’argent et l’ARGENT est roi de nos jours. Je suis au chômage et je ne comprends rien à Marx, rien de très original… Je suis diplômée… Rien encore de très original… Mais ce chômage réveille en moi de vieilles blessures narcissiques. Et je me suis sentie obligée de me positionner en observatrice de ce monde si ingrat avec cette masse d’êtres grouillant par milliers. De nos jours, on ne peut plus dire non au risque d’être ingrat avec ceux qui nous donnerait l’opportunité de pouvoir nous acheté à manger. Oui, si ne nous mangeons pas, nous pouvons mourir mais si nous disons oui à n’importe quoi, nous pouvons aussi mourir. Donc est-il préférable de mourir de faim ou de mourir intérieurement. Tout n’est que système. Même le simple besoin de manger est intégré à cette idée nécessaire qu’est la mise en place d’un système. Nous sommes pris dans un engrenage où tout n’est qu’un enchaînement et cette idée de cause à effet n’est pas un simple concept mais bien une réalité qu’il ne faut pas négliger. D’où j’ai à culpabiliser de refuser un emploi qui va raviver en moi la névrosée que je suis… Nous sommes libres. A priori pas assez pour ce système patronal qui nous empoisonne l’esprit au point que nous ne pouvons plus nous détacher des mailles de leur filet. Ce système est une belle araignée qui nous dicte comment penser ou comment agir. Mais je suis sûre que je ne suis pas la seule à le fustiger. Ils sont là. Tous ces hommes prêts à se venger de toutes ces années de souffrance, à trimer comme des chiens pour ne récolter que du mépris. Il y a de quoi vouloir tuer. La honte et la colère pourraient bien rester ancrées en nous à moins qu’on ait plus rien à perdre. On ne pèse plus rien. Il n’y a plus de justice. On ne réfléchit plus. On préfère vociférer contre tous ces « indigènes » dont on a pillé les pays. L’individualisme nous gouverne. On préfère regarder TF1 et aller voter Le Pen plutôt que d’essayer de nous faire sortir la tête de l’eau. La noyade est une de nos activités favorites. A la noyade, je préfère la nage comme beaucoup de pauvres petits étudiants enchaînant boulots précaires, mangeant dans les magasins pour devoir rembourser un prêt faute d’avoir des parents riches ou lucides… J’écris ceci non sans une certaine rage. Mais à charge de revanche, certains deviennent de brillants professeurs. Ouf !!! Le travail serait-il payant? Oui mais à quel prix? Celui d’avoir failli perdre sa dignité. Tu es contrôlé de partout même pour faire du ménage. Il te faut des références de partout. Tu dois avoir une certaine image, un certain standing comme dirait une certaine Béatrice Dalle. Tu dois tout le temps prouver !!! Tu ne peux pas simplement être toi-même. Tu dois être un produit de la société car tu dois manger. Quel paradoxe !!! Tu dois devenir une espèce de robot pour pouvoir assouvir des besoins primaires. Cela fonctionne à l’envers. On est censé évoluer mais j’ai la sensation qu’avec ce système, tout nous pousse à régresser, à devenir des animaux carnivores toujours prêts à bondir sur leur proie. La réussite est compatible avec l’animalité propre aux rapports de force dans le monde du travail. Encore un paradoxe !!! Doit-on être un robot ou un animal pour être bien intégré ? Cela dépend de quel genre de robot ou de quel genre d’animal. Il est consternant de voir que ce système nous pousse à nous complaire dans une sorte de schizophrénie ambiante. En quelque sorte, nous nous faisons manger pour devoir manger. Nous assisterions à une sorte de cannibalisme civilisé. Le primitif serait donc partout et même dans ce qui nous semble le plus développé. On ne peut même plus se poser la question, qui suis-je, au risque de passer pour un aliéné. Mais c’est le fait de ne pas se poser la question qui nous aliène. Constamment, nous jouons un rôle au point de nous déshumaniser pour pouvoir manger. Nous nous fourvoyons par le simple désir de manger. Et plus nous mangeons, plus nous jetons car nous ne savons pas ce que nous mangeons. Nous croyons manger mais ce que nous mangeons, nous le jetons car ce qui est dévoré est vite rejeté par les antres les plus obscures de notre corps. Il faut dire que les pressions quotidiennes ou les traumatismes de l’enfance peuvent nous pousser à dévorer ce que nous ne voulons pas voir. Donc avons-nous vraiment les yeux plus gros que le ventre ? Nous ne savons pas non plus qui nous sommes et pourquoi nous sommes acteurs de ce monde en déclin. Il est en déclin pour beaucoup de raisons et je n’aurai pas la place ici pour toutes les évoquer. Mais j’ai la place pour écrire que la société est de plus en plus malade. Elle nous contamine avec le simple fait qu’on l’ait un jour appelée société de consommation et que cela nous a plu car nous avons tout fait pour que celle-ci soit maintenue. La question est de savoir qui sont les vrais schizophrènes, ceux qui nous poussent à rentrer dans ces cases ou nous qui obéissons telles des marionnettes toujours prêtes à nous soumettre pour assouvir ces fameux besoins primaires. La télé-réalité est un bel exemple de cette animalité propre à cette putain de société de consommation. Comment peux-tu te regarder dans une glace après fait la greluche devant des millions de téléspectateurs et prétendre que tu fais partie d’une société en évolution grâce à toutes ces nouveautés si captivantes aux yeux des futures générations ??!!!
Au final, ce n’est pas nous qui voulons manger mais le monde qui nous mange.