Interview thrash d’Hseize Hashtable

Hashtable

Spirale Zone: Qu’est-ce que le libéralisme? En quoi se distingue-t-il du libertariannisme?

En gros, le libéral admet la présence d’un état étendu un peu au delà du régalien (un peu de social, par exemple). Les libertariens cantonnent l’état au régalien. Les anarcho-capitalistes refusent l’état.

SZ: Quels sont ses penseurs phares?

Ça dépend des écoles. En gros, on a Bastiat (1) , Alexis de Toqueville (2) , Montesquieu (3), Raymond Boudon (4), Friedrich Von Hayek (5), Ludwig Von Mises (6), et Friedman (7) ( les trois, Milton, David et Patri, pour différentes raisons). Il y en a encore beaucoup d’autres. Tout dépend de ce qu’on regarde. Il peut y avoir le droit, l’économie, la philosophie au sens large

SZ: Comment y vient-on?

En général, il suffit d’avoir été confronté plus ou moins violemment à l’arbitraire étatique… Mais le parcours des uns et des autres est toujours différent. On a régulièrement des socialistes ou des communistes qui, se rendant compte de l’incohérence des positions tenues, se rangent au libéralisme (l’inverse est extrêmement rare, ce n’est pas un hasard). En général, les gens qui affirment que le libéralisme est « Le Mal » incarné (avec énucléation de chatons et tout le tralala, minimum) sont pour l’écrasante majorité des gens qui n’ont jamais fait le moindre effort de se renseigner vraiment. Et de façon paradoxale, le Français est pour lui-même et sa famille, au calme, assez libéral, mais adore se mêler de la vie des autres. C’est ce qu’il fait quand il vote et c’est ce qui ressort au final. Des années de propagande auront marqué quelques points…

SZ: Existe-t-il des différences entre les vues d’Hayek et de Friedmann?

Oui. Hayek est pour une absence de banque centrale. Pour Hayek, la monnaie est un bien comme un autre, sujet aux lois de l’offre & de la demande. Friedman est  monétariste, donc pour une intervention raisonnée du législateur (via banque centrale) dans la gestion de la monnaie.

SZ: Le laisser-faire serait le principe même du libéralisme.

Non. C’est le respect des droits naturels et l’égalité des hommes devant ces droits là. Le laisser-faire est une simple conséquence.

Or, beaucoup de gens- et pas forcément des gens situables qu’à gauche- ont toujours exprimé des réserves quant au principe même de liberté sans entrâve. Comment comptez-vous faire pour les convaincre?

Nulle part dans la doctrine libérale il n’est indiqué de liberté sans entrave. La liberté, la vraie, est attachée à la responsabilité. Dès lors que les gens sont responsables de leurs actes in fine, ils ont tendances à se comporter différemment que lorsqu’ils peuvent reporter leur responsabilité sur d’autres (à commencer par l’Etat).

SZ: La situation économique de la France, vous en pensez quoi?

Catastrophique. On a passé le point de non retour depuis 10 à 15 ans environ et on vient d’accélérer sur les trois/quatre dernières années. Dans le meilleur des cas, elle va continuer à s’enfoncer dans la médiocrité encore une dizaine d’année et deviendra l’un de ces pays du ventre mou de l’humanité, ni franchement totalitaire, ni franchement libre, où tout sera plus pénible, moins rigolo que dans les pays qui auront conservé la tête hors de l’eau. Dans le pire des cas, c’est plié en quelques années, quelques mois même. Et là, tous les pronostics se valent.

SZ: Et en quoi pour vous autres libéraux le fait de nationaliser pour un état serait primitif et contre-productif?

Si l’entreprise n’est pas rentable, pourquoi y mettre de l’argent public ?Et si l’entreprise est rentable, pourquoi y mettre de l’argent public ? C’est quoi, l’idée, derrière ? Cramer de l’argent public ou … aider les copains du pouvoir ? Oh. Wait.

SZ: Pensez-vous vraiment que des secteurs tels que le médico-social, l’éducation nationale, la culture dans toute sa globalité, voire la sécurité sociale, puissent être entièrement privatisés?

Genre comme dans les autres pays ?Ben oui. Ça marche ailleurs. Pourquoi en France ça devrait merder ?

SZ: Quelle est pour vous la figure illustrant la réussite du principe libéral?

Internet. Son existence prouve tous les jours que les choses régulées à minima font mieux et plus vite que les autres régulées. (Minitel, anyone ?)

SZ: Sur votre site on voit des appels aux citoyens pour favoriser l’émergence du Bitcoin pour couler la Banque Centrale Européenne. La monnaie virtuelle est-elle d’avenir?

Celle-là, je ne sais pas. Sur le long terme, la monnaie électronique (et non virtuelle) est en effet une vraie alternative.

SZ: Existe-t-il d’autres alternatives que le billet de banque?

Vous en utilisez tous les jours  (CB, chèques, tickets resto, troc, SEL, BTC, …) . Donc oui.

SZ: Que pensez-vous de Ron Paul qui propose de revenir à des politiques monétaires basées sur les métaux?

L’idée est surtout d’empêcher les états d’imprimer de l’argent à partir de rien. Que ce soit via un étalon ou via une monnaie électronique, peu importe : le résultat est que la monnaie est une chose bien trop sérieuse et importante pour la laisser dans les mains d’irresponsables et d’inconséquents comme les politiciens.

SZ: Comme vous avez l’air eurosceptique connaissez-vous l’Union Populaire Républicaine de François Asselineau?

C’est la même soupe clairette que ce qu’on trouve partout ailleurs dans le spectre politique.  Rejet du libre échange, monomanie ridicule sur la loi de 1973, relance keynésienne et distributions de poneys. C’est rigolo à discuter un soir de brouillard au coin du feu.

SZ: Les Russes ont un mauvais souvenir de l’ère Gorbatchev qui a ouvert les robinets. Selon ses plus ardents partisans ils  plébiscitent Poutine pour la reprise économique ( qui chancellerait aux dires de certaines voix). Est-ce que cet exemple trouve grâce à vos yeux?

Poutine est un super libéral : incarcération de dissidents, corruption à tous les étages, utilisation de la force, liberté d’expression réduite, et un choix discutable de lunettes de soleil. Bref, merci, mais non merci.

SZ: Peut-on combiner libéralisme et foi religieuse…vu que l’Islam par-exemple interdit le prêt à intérêt, que le judaïsme originel- contrairement à un cliché répandu- parle de  » s’enrichir pour mieux répartir », ou que le christianisme semble divisé entre un catholicisme dédaigneux et un protestantisme plus adapté aux valeurs mercantiles.

Le libéralisme n’a rien à dire sur la religion. Si vous voulez devenir pastafariste, be my guest ; l’important étant que votre pratique n’agresse personne et respecte votre entourage.

Site de H16 Hashtable.

11 réflexions sur “Interview thrash d’Hseize Hashtable

  1. Un peu bof la comparaison avec Internet, ça a beau être décentralisé, il y a tout de même un planisme, sans compter le sacré coup de pouce étatique à la base. http://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernance_d%27Internet

    « L’ICANN a en effet été fondée à la suite d’une directive du département du Commerce des États-Unis, et l’ICANN fonctionne toujours sur la base d’un (en)mémorandum avec ce ministère. »
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Internet_Corporation_for_Assigned_Names_and_Numbers

    Bref…

  2. Ce type est un fou dangereux, doublé d’un sale con, qui n’a rien compris à la vie. En général ceux qui tiennent des propos comme ceux ci (je parle surtout du passage sur le « laisser faire » étatique, sont des gens qui viennent de milieux favorisés, et n ont aucune idée de ce qu’être dans le besoin. Ces fameux « droits naturels », quels sont-ils? Les droits des plus forts, sans doute, ceux qui sont bien nés avec des parents qui peuvent leur payer des études?
    Situation économique catastrophique de la France, dit-il?
    En attendant je crois que par rapport aux états qui nous entourent nous avons réussi à maintenir une qualité de vie bien supérieure. Regardez la situation en Espagne, en Angleterre, en Allemagne (un joli PIB, mais pas de salaire minimum et des gens qui sont obligés de cumuler deux boulots voir trois pour joindre les deux bouts), en Italie.
    Le libéralisme, tout comme le socialisme ou le communisme, n’est qu’un ensemble de théories inapplicables dans la réalité que nous devons tous partager. Comme toute théorie on peut s’inspirer de certains de ses principes, pour prendre certaines décisions dans certains domaines… et pas dans d’autres.

    1. Le laisser-faire m’effraie car il renforce les forts et affaiblit les faibles. Cependant, que l’individu produise des richesses n’a en soi rien de péjoratif et devrait être mis en valeur. Après tout le problème est-là doit-on mettre les productions de richesses en concurrence ou en complémentarité. Sachons d’abord ce que l’on veut.

    2. en revanche, vous avez manifestement tout compris à la vie vous.
      pour répondre à votre question : http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_naturel un texte un peu obscur du 18è siècle mais qu’il vous serait utile de lire.
      et renseignez-vous un peu sur le libéralisme, vous jugez un sujet que vous ne connaissez manifestement pas.

  3. H16 n’est pas dangereux, c’est juste un poseur, le libéralisme il en parle avec un vocabulaire choisi mais très éloigné d’une quelconque réalité.
    Libéral depuis toujours, je me suis un temps pris à lire ses billets, c’est vite lassant, toujours facile, cela lui permet surtout de brosser son petit égo ridicule.
    En fait, lorsqu’on gratte une peu, H16 comme bien d’autres blogueurs ou sites prétendument libéraux, ne sont que des VRP d’une tendance de fond venue des US, les USA n’ayant absolument rien de libéral, l’affaire est entendue, mais, pour tous ces gens, ça reste le modèle, quoique puisse y opposer H16.
    Les grands sujets ? une critique acerbe du pouvoir, en ce moment ce sont les socialistes, avant ce fut la droite, en fait tout n’est que critique, posture bien pratique qui permet de ne jamais être dans le concret et de rester dans le confort de l’opposant éternel, sans responsabilités ni contraintes.
    Bousculez un peu le pitre de service, vous verrez qu’il n’y a rien de libéral chez lui, bien au contraire.

    1. Il y a l’étiquette  » prétentieux » qui colle à de nombreux libéraux. Je pense, sincèrement, connaître un cas largement bien pire que celui d’H16!

      Maintenant, le plus important serait de savoir en quoi le libéralisme pourrait apporter les remèdes à la crise économique de notre temps.

      1. Prétentieux ?
        Il y a toujours pire, H16 brasse du vent, il prend la pose, critique et soulève souvent de vrais problèmes, mais, comme la plupart de ceux se prétendant libéraux, il reste en retrait. Après, si par prétentieux, vous soulignez le fait que H16 espère modifier la société en tenant un blog, la je comprends mieux.
        H16 le dit, le libéralisme attire, notamment, d’anciens communistes, c’est un fait qui ne pourrait s’arrêter qu’au constat, comme semble le faire H16, mais, la vérité du libéralisme c’est que pour une écrasante majorité, c’est une idéologie qui est embrassé avec la même ferveur, pour ne pas dire utopie, que tous les autres « ismes ».
        Les différentes mouvances du libéralisme, dénoncent à elle seules que tout cela n’est qu’idéologie, entre un libéral tel H16, un communiste ou un socialiste, il y a l’épaisseur d’une lame de couteau.
        Le libéralisme se définit très simplement : respect de la liberté individuelle, respect de la propriété, tout le reste n’est que dénonciation d’une idéologie nauséabonde.
        Après tout, une personne se disant libérale, devrait s’accorder du fait que l’homme est un animal social, que la plupart d’entre nous croient aux vertus du socialisme. Pour la plupart, l’état est toujours vu comme la matrice, du reste, quel meilleur exemple que la ville de Paris, tenant compte de son électorat qui n’a rien de populaire, il est néanmoins un fait que le socialisme l’emporte, la Maire s’appelle bien Hidalgo ? en pleine déconfiture socialiste, non ?
        Par ailleurs, le libéralisme est victime de ses propres contradictions, en effet, comment s’imposer mais en ne voulant pas le faire ? le libéralisme est bel est bien une idéologie qui n’a rien de particulier.
        Libéral est un état d’esprit, une philosophie de vie, il y a souvent dans le libéralisme une juste dénonciation des dérives de l’état qui tend au totalitarisme, mais, comme vous le soulignez justement, que peut apporter le libéralisme ?
        Les mouvements libéraux n’ont pas le choix, soit ils s’impliquent politiquement et, dès cet instant il faudra bien qu’ils se mettent à imposer leurs idées, attitude qui contrevient à ce qu’ils prétendent être, cruel dilemme ! Soit ils restent à la marge de la politique via des ONG, activistes afin d’influencer les politiques. Ce que se refusent à faire les libéraux (prétendues tels).
        H16 a raison lorsqu’il dit au sujet du socialisme « une si belle idée, qu’il faut l’imposer… ». Finalement, le libéralisme apportera à la société une contribution par l’exemple. En forçant l’état, peu importe le pouvoir en place, à ce qu’il reconnaisse la liberté de choix de chaque citoyen, une des clés de cette libéralisation étant la mise en concurrence des caisses assurances santé et retraites.

      2. Je n’ai pas dit qu’H16 était prétentieux. Je pensais au cas d’un escroc connu sur la toile qui se dit libéral et qui cumule toutes les tares d’un esprit égocentrique. Après, je me doute bien que le mot libéral ne s’applique pas qu’au champ économique.

  4. Un escroc connu sur la toile se disant libéral ? de quoi parlez vous ? Avez vous été victime d’une escroquerie quelconque ? Vous tenez un blog, cela vous oblige tout de même à plus de rigueur dans vos déclarations, on est chez Voici ici ?
    Les faussaires, sans toutefois qu’il soit possible de traiter quiconque d’escroc, sont ces sites libéraux qui, lorsqu’on gratte un peu, n’ont absolument rien de libéral, ce sont des officines à la solde d’intérêts personnels et, même ça, voyez vous, ne me dérange pas, ce qui est catastrophique c’est de constater que leur auditoire les considèrent comme des « sanctuaires de la pensée libérale », si tant est que cela signifie quelque chose.
    Pour ma part, j’estime que H16 a atteint il y a longtemps ses limites éditoriales, son analyse est réduite à une critique acerbe servie par un vocabulaire choisi, l’entre-soit y est de mise. Comme dit plus avant, placer la barre très haut dans une exigence, c’est le signe dénonciateur d’une volonté de ne pas faire, c’est aussi l’assurance d’être l’éternel opposant avec le confort que cela confère.

    1. Non, j’aurais trahi mon devoir de réserve en mentionnant la personne ( et lui aurais fait de la publicité en plus).

      Pour ce qui est d’H16 ce qui m’intéressais c’était sa plume trash, un peu provoc’ je vous le concède. Mais du moment que ça puisse alimenter les débats tant mieux.

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