Avichay [effondré de sa bavure qui a couté la vie à un soldat israélien]: J’ai tué un homme!
Eli: Alors je suis désolé de te dire que tu en as tué beaucoup!
Une série de propagande?
Les Israéliens, qu’on ne peut réduire à leur Premier Ministre d’arrogance joufflue, ont décidé de passer à l’offensive et de manière plus intelligentes que tous ce ramassis d’idiots qu’on trouve parmi les supporteurs du Likoud, d’Israel Beteinu, ou au Lehava. Il est certain aussi qu’en France cette série n’aurait jamais pu voir le jour, car entre les militants hystériques du BDS qui vont jusqu’à vouloir qu’on efface d’une compétition des cyclistes israéliens (!!!), les indigènistes à la con qui se font les télégraphistes du Hamas, les connards qui vouent un culte à L’Homme au Canapé Rouge, ou inversement cette galaxie d’abrutis fascistoïdes pro-israël dont la haine exacerbée des Arabes sur fond de nationalisme identitaire ressemble étrangement comme deux gouttes d’eau à celle de ceux qui raflaient naguère leurs aïeux, c’est déjà à peine si on peut se risquer à formuler une opinion.
C’est une série assez unique en son genre. L’acteur principal et co-créateur de la série- Lior Raz- fît un passage au sein de la Duvdeevan, une unité de renseignement militaire qui intervient dans les territoires occupés. Filatures, écoutes, recrutement de sources, mais aussi kidnappings et assassinats ciblés sont au programme. Il en est de même pour l’autre créateur de la série, le journaliste Avi Issacharoff, ou bien pour Tzahi Halevy qui fit les frais d’une campagne calomnieuse pour avoir épousé une femme d’origine Arabe. D’autres acteurs sont aussi passés par les rangs de Tsahal, Tomer Kappon a été incorporé dans une unité de parachutistes, ou l’acteur-chanteur Idan Amedi. Les acteurs principaux- ainsi que leurs personnages- viennent de familles juives Mizrahim arabophones qui ont cotôyé les populations des pays environnants, voire même qui ont des ancêtres communs.
Donc déjà, ils savent de quoi ils parlent.
Quant aux acteurs incarnant les personnages Palestiniens il s’agit- on s’en doute bien- d’artistes arabes israéliens, notamment Salim Dau et Jamel Khoury qu’on a pu appercevoir dans le Bureau des Légendes ( saison 3 pour le premier, saison 5 pour le second), à l’exception de Laetita Eido qui est française. Le ressenti côté Palestinien est pris en compte.
Une série de propagande? Oui…et non! On ne peut pas nier que ce soit une série qui fasse la gloire des petites unités qui sont sur le feu et sans lesquelles l’état d’Israël aurait eu plus de morts à pleurer, si ce n’est pas sa survie en elle-même.
Oui, Fauda valorise ces israéliens qui restent sur leurs gardes, qui peuvent parfois se comporter en sales cons, tout en étant prêts à se sacrifier. Cela ne fait pas dans l’objectivation de conscience comme les 43 refuzniks de l’Unité 8200 qui ont bravement refusé d’exécuter de se plier aux obectifs de colonisation menés sous couverts de lutte contre le terrorisme. Quoique les états d’âme ne sont pas exclus…sauf que ces derniers sous-entendent que la faute revient principalement au Hamas ( ce qui est loin d’être faux, mais depuis les années Sharon et l’émergence de personnalités israéliennes ultranationalistes assez haineuses on ne peut pas non plus absoudre les israéliens de leurs responsabilités). Et il y a aussi ce message subliminal selon lequel » C’est toujours Israël qui fait le premier pas vers la désescalade ou vers un éventuel accord de paix.« …
L’art de s’arranger avec sa conscience.
Telle quelle, redisons-le, Fauda ne peut ni plaire à celui qui souhaite la destruction de l’état d’Israël par tous les moyens possibles et qui assimile l’Israélien/ Le Juif/ Le Sioniste au pire des démons de l’univers, ni à l’idolâtre de Netanyahu qui véhicule le cliché du barbare Arabe tueur de Juifs. Tout simplement parce que tous les personnages sont avant tout dépeints comme des êtres humains: protagonistes, antagonistes, personnages secondaires, figurants. Ainsi la série prend le cran de montrer des membres du Hamas capables d’avoir de l’empathie pour des adolescents israéliens qu’ils ont pris en otage.
Fauda: le Chaos!
Fauda, ou lorsqu’une étincelle peut créer un incendie. Fauda signifie en Arabe » chaos ».
La série se concentre à partir de Doron Kavillio, personnage brut de décoffrage certes mais pas insensible aux autres ( israéliens comme palestiniens) ainsi qu’il arrive souvent à ceux qui se sont infiltrés dans les rangs ennemis et qui sont les premiers à devoir évaluer une situation délétère. Et évidemment ça déteint sur son couple, sur ses relations avec sa famille. La chose impacte aussi ses co-équipiers, que ce soit vis-à-vis de lui ou de ses méthodes peu orthodoxes, d’un des leurs qui peut péter un boulon à tout moment et déclencher toutes les emmerdes avec la hiérarchie qui est à cran- bon en général ça s’arrange toujours, après est-ce que dans la réalité les autorités israéliennes accepteraient qu’un de leurs éléments la joue cow-boy alors que tout peut péter à la figure…rien n’est moins sûr!
Dans la saison 1, Doron coule des jours heureux aux côtés de sa femme et de leur production viticole. Jusqu’au jour où se pointe son ancien supérieur hiérarchique. Les retrouvailles se font sur fond de convivialité, mais sa femme se doute bien que ce dernier ne soit pas venu pour prendre un verre et discuter. En gros, il souhaite réactiver Doron le temps d’une mission où il devra identifier un terroriste qu’il pensait avoir abattu.
Saison 2, c’est un fils désireux de venger son père tué par Doron qui revient de Syrie, et, problème…c’est aussi un » combattant » de l’État islamique.
La troisième saison, la plus tragique de toutes, décrit la mutation d’un Palestinien plein d’espoir qui deviendra un monstre emplit de haine.
Dans les scénarios revient souvent en boucle la Loi du Talion. « Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » ( Exode 21,23-25). Les scènes sont assez intenses. On est entre la novela à l’orientale pour ce qui est des scènes normales- où ils en font des tonnes- et l’action à haute intensité sans effet démonstratif pour les scènes de combat.
On peut regretter que les personnages féminins israéliens soient un peu stéréotypés et peu mises en valeurs, tandis que les femmes palestiniennes sont valorisées par un subtil mélange de fragilité et de stoïcisme.
On peut aussi un peu tiquer vu le nombre de fois où les membres de l’unité se sont retrouvés face à de véritables scènes de révolte de la population locale qui donnent lieu à des scènes de folie collective, ou même à des soirées où ils doivent se rapprocher de leurs cibles. Nous sommes quand même à une ère où votre tronche peut-être numérisée par un appareil téléphonique, que vous le vouliez ou non, et être convertie en donnée transmissible de membre en membre d’adhérent d’un groupe et finir exposée sur les réseaux sociaux.
Autre incohérence pointée est la représentation de l’EI mis là comme un simple concurrent du Hamas et que souvent des partisans d’Israël ont la paresse de ne pas distinguer en plus de vouloir à tout prix nous en convaincre. Or, déjà pour un jihadiste la cause Palestinienne est en soi « trop nationaliste » ( Abdullah Azzam). Ensuite, et surtout le Hamas commet aux yeux de l’EI la pire des traîtrises en s’alliant avec le Hezbollah qui est un groupe Chiite. Les deux organisations sont en guerre. Alors c’est vrai qu’on ne doit pas non plus trop se formaliser, c’est une série après tout. Juste que ça parait peu crédible qu’un gars parti en Syrie rejoindre les rangs d’une organisation détestée par une autre- qui est pro-Iran- puisse revenir comme ça, tranquille, accueilli comme un frère parce que son père était aimé. À l’instar de cette scène où les miliciens du Hamas chassent gentiment un colleur d’affiches de Daesh en lui souhaitant bon vent… pas dit qu’en vrai ce serait passé de cette manière.
Le sujet brûlant des colonies n’est traité que succinctement. Alors que le torchon continue de toujours de brûler entre toutes les organisations internationales et Israël, par les voix de son Premier Ministre et d’une partie de la droite dure israélienne, qui se replie sur sa position autistique légendaire en lançant des accusations d’antisémitisme grotesques.
L’intérêt est de voir les moyens mobilisés par l’unité: Le ROHUM ( HUMINT) ou Renseignement d’Origine HUMaine où sont utilisés et combinés les 4 leviers de recrutement ( Argent, Idéologie, Égo, Coercition) de façon asymétrique. Le ROEM- Renseignement d’Origine Electro-Magnétique ( SIGINT) qui sert là à localiser et mettre sur écoute des élements hostiles en plus de pratiquer une surveillance quasi-totale de toutes les communications possibles. Le ROIM ou plus précisément le Renseignement d’Origine Image (IMINT), qui requiert l’utilisation de satellites de reconnaissance. Puis, aussi, le ROSO ( OSINT)- Renseignement d’Origine Source Ouverte- qui consiste à collecter et analyser des informations trouvées sur des » sources d’information publiques » ( Internet, Médias, Littérature dite grise, données gouvernementales).
La Saison 4 semble confirmée. Si les scénaristes pouvaient introduire un traître ou des ultranationalistes israéliens ça ajouterait en réalisme.