L’Aube Rouge

It’s kinda strange, isn’t it? How the mountains pay us no attention at all. You laugh or you cry, the just keeps on blowing.

Parmi les plus cocasses des nanars vient en mémoire le troisième- et le plus mauvais- opus des Rambo incarné par un Sylvester Stallone fervent républicain. En effet, s’en allant chercher son mentor capturé par de vils soldats soviétiques serviteurs zélés de L’Empire du Mal, l’URSS, le vétéran du Vietnam protéiné va devoir s’allier avec des braves moujahidines Combattants de la Liberté. Cela fait rire nerveusement puisque on sait qu’une partie de ces combattants ont obéi à un  » saigneur de guerre » comme Gulbuddin Hekmatyar, marionnette sanguinaire de l’ISI qui chercha à tuer Massoud, et dont les hommes attaquaient des convois humanitaires en plus d’avoir abattu Andy Skrzypkowiak ( le caméraman britannnique à l’origine de la popularité de Massoud en Occident), l’humanitaire français Thierry Niquet, le coordinateur de celui-ci, et probablement deux journalistes américains dont les meutres ont été imputés à l’armée soviétique. Hekmatyar, en ordure intégrale, revendiquera d’avoir aidé Ben Laden et Zawahiri à s’enfuir de Tora-Bora, puis l’embuscade d’Uzbin où dix soldats français trouveront la mort.

D’autres œuvreront chez les Taliban qu’on ne présente plus.

Au rayon bullshit, il y a aussi le personnage de Kamran Shah dans Tuer n’est pas jouer qui parait inspiré d’Oussama Ben Laden, jouissant alors d’une aura d’héros du monde libre face aux Soviétiques.

On aurait peine à concevoir à quel point les Américains ont  » matrixé » leur population avec l’anticommunisme. Les agitations des anti-islam ou des tenants de l’islamophobie d’état à côté c’est du pipi de chat. Pour se faire une idée, il suffit de prendre l’exemple des univers de superhéros Marvel et DC basés sur de la Mythologie.

Anatoli Kzyanev a.k.a KGBeast, supervillain de chez DC amené à croiser la route de Batman et de Nightwing. Le grand public a pu notamment le voir dans l’irrégulier Batman vs Superman: dawn of justice sous les traits de l’acteur australien Callan Mullvey.

Tiens, Batman tue des gens…

Aracady Rossovitch, alias Omega Red. L’un des ennemis jurés des superhéros de chez Marvel: Wolverine, Spider-Man ( Parker&Morales), Iron Man, ou les X-Men. Outre un caméo dans Deadpool 2, et un film en projet ( annulé), il est notamment apparu comme antagoniste principal dans un épisode la série animée X-Men (1992)- ironie du sort celui-ci est intitulé  » Red Dawn » ( aube rouge) et dans les deux versions les jeunes résistants baptiseront eux-mêmes le réseau  » Wolverines ». Pour l’anecdote, l’armée US montera en 2003 l’opération Red Dawn qui visera à capturer Saddam Hussein planqué dans le village d’Ad-Dawr, et les sites sur lesquelles ont eu lieu l’opération furent baptisés Wolverine 1 et Wolverine 2 en référence au film de Milius.

L’épisode ci-dessous s’intitule Red Dawn, cependant il a pour cadre la Russie et la menace du retour du communisme via Omega Red.

En France, pour le moment du moins, nous n’avons pas été jusqu’à mettre comme méchants des islamistes, ou des cocos, dans des dessins animés pour enfants. La machination Voronov ( Blake&Mortimer), ou Tintin aux pays des Soviets, n’ont jamais été adaptés en version animées. La Bordurie imaginée par Hergé, d’abord caricature du IIIème Reich, reprendra quelques allusions à l’URSS, notamment dans l’Affaire Tournesol.

Les OSS117- portés à l’écran par André Hunebelle, que Michel Hazanavicius parodiera avec Jean Dujardin- surfent sur la Guerre Froide.

Politiquement parlant, ce fut plus insidieux qu’aux USA où eut lieu la chasse aux sorcières basée sur les délires d’un sénateur alcoolique, antisémte, et au demeurant sympathisant du nazisme. On eut bien des Goldnadel obsessionels anticommunistes de l’époque qui affichaient leur haine viscérale, sans complexe. De crainte que l’Europe après occupation nazie ne basculât du coté soviétique, L’OTAN décidât d’implanter des réseaux clandestins. En France, ces cellules composées d’anciens résistants- non communistes, faut-il préciser- étaient encadrés par la CIA, le MI6, et la branche extérieure du SDECE ( ancêtre de la DGSE), elles furent nettement mieux cadrées que leurs fameuses consœurs italiennes plus connues sous le nom de Gladio. La mission originelle des Stay-Behind était d’exfiltrer des personnalités importantes en cas d’invasion soviétique et de  » rester derrière » en menant des actes de guerrilla. En Italie, sous les Années de Plomb, avec la loge maçonnique P2 et le MSI néofasciste, le réseau Gladio joua la Stratégie de la Tension qui consistait à l’instauration d’un régime autoritaire par des attentats attribués à l’extrême-gauche. Celle-ci commit également des attentats, en assassinant notamment Aldo Moro. Gladio comportait des éléments carabinieris et néofascistes ouvertement hostiles au communisme représenté alors par le PCI. La CIA a été accusée de les avoir appuyé. Pier Paolo Pasolini est peut-être une victime de la stratégie de la tension. Gladio a permis à Steffano Delle Chiae, un des pionniers des réseaux actuels de l’extrême-droite européenne néonazie et identitaire, de faire tremplin vers d’autres saloperies menées au nom de la guerre contre le Communisme ( L’opération Condor gentiment appuyée par notre DST, Chili de Pinochet, ou le Cocaine Coup de Klaus Barbie en Bolivie avec l’apport financier des Narcos).

Néanmoins, nous ne sommes pas vraiment propres de ce côté-là. Le sinistre Paul Aussaresses a eu l’amabilité d’enseigner des techniques contre-insurrectionnelles et de Guerre Psychologique ( Fort-Bragg, Fort Brenning, et le Brésil sous la junte militaire) qui se retrouvèrent utilisées contre des populations ( Brésil, Chili, Vietnam). Mais il y a eu aussi les saloperies commises par le tristement célèbre Service d’Action Civique, dont le programme- tabassage des gauchistes, intimidations, manipulations, et des assassinats- sont encore aux programmes officieux de nos actuelles formations d’extrême-droite rêvant du Grand Soir.

John Milius est connu pour avoir réalisé Conan le Barbare et avoir scénarisé le jeu vidéo Homefront…où vous faîtes partie de la résistance face à l’occupation nord-coréenne. Il est également très impliqué au sein de la National Rifle Association, déjà qu’il se considère blacklisté à Hollywood en raison de ses opinions.

Dans le genre film de propagande con le premier Aube Rouge remplit toutes les cases. D’abord Milius s’est aidé du très droitier Alexander Haig pour écrire son script. Haig n’est pas n’importe qui: collaborateur sous Nixon et Reagan, il évoluait au cœur des cercles intellectuels très droitiers et a fortiori anticommunistes. Donc ça donne le scénario suivant:  » Les USA sont envahis par une alliance formée par le Bloc de l’Est, Cuba, le Nicaragua ( époque Sandiniste présume-t-on), ainsi que le Mexique. La population est parquée en masse dans des camps de ré-éducation. Des jeunes américains sincères décident alors de se battre, là où d’autres ont capitulé! ». Le ton alarmiste est donné. On valorise la figure du héros américain qui ne peut compter que sur lui-même, retranché sur ses terres natales . Et avec le temps on lui trouverait quand même un petit soupçon de survivalisme ( des gamins qui pratiquent la guerrilla) et, faut le dire, des relents xénophobes ( Ah ces Ruskofs, ces chicanos, ces étrangers barbares qui viennent envahir notre si belle contrée).

Ce qui est intéressant est de voir comment des jeunes gens, dormant jusqu’à présent chez leurs darons, vont quasiment se dépasser au nom d’un objectif mutuel: déstabiliser l’ennemi autant que possible, sachant que le rapport de force est celui d’une mouche face à un éléphant. Face à des milliers d’hommes outillés comme toute bonne armée conventionnelle, ils ne sont qu’une poignée et sont novices. S’illustrant d’abord assez maladroitement, les jeunes résistants deviendront plus aguéris, endurcis.. Attaques, embuscades, replis, observations, collectes de renseignements locaux, frictions, adaptations aux conditions météorologiques,

L’accueil sera mitigé. Sans surprise, ceux qui ont adoré le film sont généralement des personnalités très à droite ou du milieu pro-armes. D’autres le jugeront trop  » Right-Wing » à leurs goûts et ils n’ont pas vraiment tort. Aujourd’hui, on pourrait aisément faire un parallèle entre les scènes où les protagonistes montent sur des chevaux avec une certaine propagande.

Via le maire Bates, père de l’un des insurgés qui va collaborer avec l’ennemi, ce film véhicule aussi l’anti-étatisme commun à tous ces courants très à droite de la politique américaine: libertariens, miliciens, suprémacistes Blancs, néonazis, conspirationnistes, évangélistes.L’acteur jouant le rôle du maire Bates, Lane Smith, jouât également le rôle d’un autre collaborateur dans la série V…qui s’appelait Nathan Bates. Un frère? Un cousin?

L’Aube Rouge de 1984 comporte un panel d’acteurs populaires des années 80: Charlie Sheen ( qui n’avait pas encore vrillé), Lea Thompson, Power Boothe, C.Thomas Howell au premier plan dans The Outsiders de Francis Ford Coppola et Hitcher, ainsi que …Quoi, vous ne les reconnaissez pas, mais enfin: Jennifer Grey et Patrick Swayze, le couple mythique du très nunuche Dirty Dancing!

 » Now I’ve had the time of my life/ No, I never felt like this before/ Yes, I swear it’s the truth/ Yes, I swear it’s the truth/ Cause I’ve had the time of my life/And I owe it all to you/ I’ve been waiting for so long/ Now I’ve finally found someone to stand by me/ We saw the writing on the wall/ As we felt this magical fantasy« .

Le remake de 2012 réussit l’exploit d’être encore plus con. Initialement, il était prévu que le rôle du pays envahisseur revienne à la Chine. Toutefois, parce qu’il ne faudrait quand même pas trop se fâcher avec le pays qui non seulement permet à votre balance commerciale d’être excédente, mais qui en plus rachète vos dettes, l’époque où les USA pouvaient tout se permettre est révolue, les scénaristes préférèrent changer par une alliance entre la « maléfique » République Populaire Démocratique de Corée also known as Corée du Nord et la Russie ultranationaliste.

Chris Hemsworth reprend le rôle de Patrick Swayze, Jeffrey Dean Morgan celui joué par Power Boothe, Connor Cruise ( le fils adoptif de Tom Cruise et de Nicole Kidman) incarne un autre Daryl que celui de Darren Dalton (qui finissait exécuté pour trahison dans l’original de 1984), et le personnage joué par Jennifer Grey disparaît au profit de celui de Jennifer Goodyear interprêtée par Alyssa Diaz. Comme nouveaux personnages sont ajoutés Greg Goodyear ( frère de la précédente) et Danny Jackson. Un peu plus de diversité par rapport au casting initial emblématique des années Reagan, qui faut le dire étaient quand même étaient assez houleuses sur la question raciale, car on est en 2012 où le chef d’état est Barack Obama et sociologiquement ça compte dans un pays qui pratiquait la ségragation encore un siècle en arrière. À ce sujet, où le cinéma français passait outre les origines des couples mis en scène, il aura fallu attendre le milieu des années 90 ou le début des années 2000 pour voir les productions Hollywoodiennes prendre en compte l’existence de couples mixtes!

La version de 1984 suivait une logique précise, pour ne pas dire un agenda politique. Reagan voulait battre définitivement l’URSS et il aura la peau de l’ours grace au programme d’Initiative de défense stratégique plus connu sous le nom de Guerre des étoiles. La version de 2012 est un film pop-corn à destination des teens qui boivent des quantités de soda devant une partie de Call of Duty. Où le premier s’imprégnait un minimum de la nature, la seconde version n’est qu’une succession de plan-séquence rythmée par une musique digne d’un ersatz de Metal Gear. Qu’on sâche l’administration Obama ne cherchait pas à couler la Chine ou la Russie.

Plus en mouvements, ça part dans tous les sens. C’est pétomane à mort même et tout ce qu’on comprend c’est  » Il faut leur rentrer dans la gueule, à ces putains de Ruskofs et de Niakoués qui veulent détruire notre démocratie!« . La belle qualité d’image arrivera à distraire le spectateur qui verra ça comme un film d’action basé sur un scenario uchronique.

Sans qu’il ne s’agisse à proprement parler d’un chef-d’œuvre Tomorrow, When The War Began a le mérite de ni se laisser aller dans les poncifs et l’hystérie comme le premier Red Dawn, ni de s’emporter dans des fusillades et effets spéciaux lourdingues qu’on retrouve dans le Red Dawn de 2012. Ce film australien, tourné en 2010, insiste plus sur la dimension initiatique d’une bande de jeunes, via leurs propres codes, qui prendront la décision de combattre l’armée d’un pays non identifié qui a envahi leur contrée- la Chine, mais faut pas le dire. Le film se base sur une série littéraire pour la jeunesse écrite par l’écrivain australien John Marsden.

Car au fond, si on évacue les raisonnements idéologiques douteux ou la moraline facile, tout n’est pas à jeter dans cette catégorie de film uchronique. Sans chercher à cibler une catégorie de gens, jeunes, moins jeunes, etc, cela peut permettre de se projeter, de prévoir, ou d’anticiper.

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