« Croyants, Ne prenez pas pour amis (awliya’) les Juifs et les Chrétiens ; ils sont amis les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour amis, devient un des leurs. Allah ne guide pas les peuples injustes » Ibn Taimiyya.
Le CCIF doit aimer donner le bâton pour se faire battre, ce n’est pas possible autrement. Pointé déjà du doigt pour « ne défendre que sa vision du musulman », puisque visiblement ni Chiites, ni Soufis,ou bien ni femmes musulmanes non voilées, ne semblent avoir fait l’objet de ses inquiétudes, le Collectif Contre l’Islamophobie en France n’en loupe pas une pour accumuler les provocations minables ( ère Marwan Muhammad) et les gaffes qui pourraient lui ruiner son peu de crédibilité.
À sa décharge, on peut reconnaître qu’une partie de ses adversaires acharnés ne brillent guère par l’esprit ou par honnêteté intellectuelle.
Du Discours Républicain
Le 7 Mai 2020 le site Islamophobie.net relayait une tribune intitulée « Maîtriser le langage politique français- partie ¼ : l’Assimilation » d’un certain AAY, que le » très intelligent » CCIF choisit de relayer le même jour sur son compte Twitter..
Dans cette tribune, l’auteur prétend démontrer point par point le côté néfaste du « discours républicain » avec les notions de Laïcité, d’Égalité, d’Assimilation, et de Liberté. Écrit avec l’intention d’être le parfait contre-discours d’un Éric Zemmour primesautier dans sa prétention de détenir La Vérité, ce texte virulent n’est pas sans rappeler les écrits de Frantz Fanon qui lui avait l’excuse d’intervenir en plein contexte de luttes pour les indépendances : c’est-à-dire à une époque où les populations des colonies étaient effectivement infériorisées en raisons de leurs différences culturelles.
Nul doute qu’on trouve derrière certains mouvements laïcs des relents de racisme ou de paternalisme déplacé, voire même des liens avec des personnalités et des formations d’extrême-droite. Pareillement, certaines personnalités dites ex-musulmanes portées aux nues par des courants d’extrême-droite islamophobe ou pro-israélien vont jusqu’à se livrer à des numéros où on stigmatise la culture Arabe quant il ne s’agit pas tout simplement d’inférioriser tous les pays musulmans dans leur ensemble en les qualifiant d’islamistes- quand bien même les pays concernés sont archi-loin d’être parfaits.
C’est même à croire qu’on ne donnerait que deux alternatives aux Français issus de familles immigrés : soit tu es une caricature de Noir/d’Arabe qui crache sur le pays qui a accueilli les tiens ; soit tu fais ta carpette devant des gens pour lesquels tu es un Noir/Arabe.
La Laïcité est un principe qui repose sur la séparation de L’Église et de L’État. En aucun cas il ne s’agit d’en faire une idéologie ou bien de la confondre comme certains cités plus haut avec de l’anticléricalisme bas du front souvent orienté. La Laïcité n’interdit pas à une personne d’afficher son appartenance religieuse, mais bel et bien de faire du prosélytisme ( relire Loi 1905), soit d’éviter d’emmerder autrui avec son mode de vie lié aux croyances
Néanmoins, il faudrait déconstruire l’idéologie victimaire dont cet auteur et tant d’activistes divers se mettent à rêver d’une Oummah Sunnite qui pèserait culturellement comme économiquement.
Premier point : inversement aux Noirs étasuniens vivant jadis sous la Ségrégation, les musulmans pratiquants ne sont pas sommés de laisser leurs places dans des bus quant un « français de souche » se présente à eux ; ils et elles peuvent bénéficient sur notre sol d’une couverture santé, de la possibilité de suivre ou de reprendre des études, de faire le métier qu’ils-elles souhaitent , d’aller où bon leur chante, de pratiquer des activités physiques, et de l’ouvrir bien fort, contrairement- et justement- à certains pays auxquels ils peuvent être liés par des racines et où- grosso modo- certains activistes ne se permettraient même pas un dixième des attitudes odieuses/abjectes qu’ils ont sur le net comme IRL.
Secundo : à l’instar d’autres activistes Français fantasmant sur un modèle communautaire ( associations Noires ou Juives par exemples), ce modèle d’Oummah est calqué sur le principe de communautés autour duquel s’articule les sociétés anglo-saxonnes ; en France, on reconnaît les individus et non les groupes justement par souci de pouvoir laisser chacun s’exprimer. Or, il suffit de voir les réactions d’arriérés qui circulent dans tous ces courants communautaires politisés pour s’apercevoir que le modèle n’imite en rien celui des sociétés anglo-saxonnes…dans lesquelles on retrouve des patriotismes forts, notamment aux USA où les citoyens peuvent vous dire « Je suis Irlandais/ Noir/ Latino/ Homosexuel/ Musulman/ mais je suis avant tout Américain ».
Troisièmement : Oui, les pères fondateurs de la République n’étaient pas parfaits. Jules Ferry était un odieux raciste et la colonisation française a fait beaucoup de dégâts. Sous prétexte de civiliser des gens- inférieurs dans les propagandes- on a les soumis à un joug, cruel qui pis est ; petite question, n’a-t-on a pas colonisé au nom de L’Islam des pays et des continents ? Les Mourabitounes , les Mongols Ikhanides, ou les hommes d’Usman Dan Fodio, ils étaient gentils peut-être ?
Et si on parlait aussi de ces courants rigoristes qui ont quasiment provoqué des tensions partout où ils se sont implantés, en pays musulmans comme non musulmans ? On en parle des ravages que peuvent faire ces courants qui sont destructeurs de patrimoine ? Parce que c’est drôle, mais dans certaines parties du globe on parle là de colonisation. Tiens, comment on considère déjà les minorités, enfin les Autres, selon cet angle là…Dhimmis, Gens du Livre ( Chrétiens et Juifs), Kouffars, Rafawidh ou Égarés ( Chiite)
La logique binaire de l’auteur doit certainement l’aveugler sur ce qu’on peut entendre à propos des musulmans à l’intérieur de certains pays africains subsahariens, où on n’a visiblement pas oublié la Traite Arabe.
Du Sunnisme [Suprémaciste] Révolutionnaire
Toutefois, le problème réside dans l’auteur relayé.
Référence intellectuelle dans l’association Ana Muslim, qui a eu des petits soucis judiciaires et administratifs, auteur d’un pamphlet où il défend une réislamisation identitaire tout en s’en prenant à la Laïcité ou aux Soufis, cité comme philosophe-jihadiste dans le 6ème numéro de Dar-al-Islam ( ancienne revue de L’État islamique), selon Hugo Micheron « il aspire à la construction de microcosmes « califaux » sur le sol national, où dominerait l’acceptation de l’Islam dans sa pleine dimension « civilisationnelle », vue au prisme salafiste ».
Qu’on se rassure AAY n’a pas appelé à égorger des passants ni à semer des IED dans les villes. Il condamne les exactions de Daesh…mais a semble-t-il oublié celles d’Al-Qaida- Maison Mère de l’autre.
Il en est plutôt à la désobéissance civile, voire à la défiance envers un pouvoir qu’il tient pour corrompu et dégénérescent. Sollicité par des médias alternatifs- Anarchistes, ou d’extrême-droite avec trois articles rédigés sur Boulevard Voltaire– il est aussi en croisade contre toute forme de conspirationnisme et éructe donc contre les pontes de la Dissidence- L’Homme au canapé rouge, LLP, Al-Hindi- parce qu’à ses yeux ils induisent leur public en erreur sur L’Islam en plus de le méconnaître.
Sur ce dernier point on peut aussi ajouter que AAY a une autre raison évidente de s’en prendre aux autres excités du bocal : La Dissidence fait partie des proxys utilisés par les services de renseignements iraniens et d’Assad lors du conflit syrien.
L’approche d’AAY s’apparente à celles d’Abu Hamid al-Ghazali et de Saint Thomas d’Aquin, où l’on conjugue Foi et Raison. Comparé au Chiisme, le Sunnisme est à la base moins perméable à la métaphysique et on pourrait dire qu’au vu de la sphère où il gravite AAY est une des rares exceptions à la règle. En outre, entremêlant de l’anti-colonialisme et de « l’Islam authentique » AAY cherche à opposer une anti-pensée [Islamiquement conforme] à une pensée [Occidentale et maléfique] à même que l’on opposerait l’Anti-Matière à la Matière et lorsque les deux derniers se rencontrent ils créent de l’énergie pure.
Sunnisme est le préfixe de Sunna (Tradition [Prophétique]). Les Sunnites prennent référence sur le Prophète et les quatre califes quant les Chiites- qui affirment aussi suivre la Sunna- s’appuient sur le Prophète, son gendre Ali, puis sur les Douze Imams dont le dernier serait encore en vie et caché. « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Dieu. Si les gens du Livre croyaient, ce serait meilleur pour eux, il y en a qui ont la foi, mais la plupart d’entre eux sont des pervers. », prise au pied de la lettre ce verset 110 – Sourate 3, Al-Imrane- peut être interprété comme attestant de la suprématie du Musulman sur tout le reste des êtres humains.
C’est le cas notamment avec les islamistes Turcs qui y mêlent des ingrédients de nationalisme ethnique teinté de complotisme ( complot « Guleniste »), pour ne pas dire du racisme ( envers les activistes favorables aux causes arménienne et Kurdes, lesquels le leur rendent bien).
À contrario, les jihadistes tiennent toute forme de nationalisme pour contraire à L’Islam. Abdullah Azzam, l’un des fondateurs d’Al-Qaida, s’était justement distancé de la Cause Palestinienne pour cette raison. L’État islamique qualifie le nationalisme de déchet de l’Occident, ce pour quoi il n’est pas rare de lire ses partisans vilipender des internautes fier d’afficher des bannières de pays musulmans.
La démarche intellectuelle d’AAY trouve vite sa limite puisqu’elle s’adresse à un nombre restreints d’individus ( qui sont pas tous en mesure de comprendre l’intégralité) et qu’elle laisse très vite cours à des imprécations grotesques d’une autre époque qui lui laissent penser qu’il est dans le sillage d’Ibn Taimiyya ( et peut-être de Joseph De Maistre).
L’exemple des enclaves présenté par Hugo Micheron rappelle un précédent égyptien. L’intellectuel égyptien Sayyid Qutb est passé du Marxisme-Léninisme à l’Islamisme grâce aux Frères Musulmans. Puis, embastillé dans les geôles nasseriennes, Qutb finira par rompre avec les Frères Musulmans- que Nasser avait instrumentalisé- qu’il jugea comme trop soumis. Pis encore, Qutb radicalisera sa pensée en assimilant Nasser à la figure du Taghout ( L’Homme [Le Tyran] qui s’assimile à Dieu) et prétendra que la société égyptienne était sortie de L’Islam, donc revenue au temps de la Jahilya ( ére de l’ignorance). Arrêté une seconde fois, Qutb finira par être jugé et condamné à la pendaison. Sayyid Qutb est l’influence majeure d’Oussama Ben Laden ( formé par son frère), d’Ayman al-Zawahiri, et d’Abdullah Azzam. Qutb combinait des ingrédients révolutionnaires hérités de ses périodes communistes et ikhwans avec une lecture littérale du Coran, ce qui aux yeux des théoriciens du Salafisme Quiétiste passait pour une innovation.
AAY a justement écrit un livre dithyrambique sur Sayyid Qutb.
Appliqué à la lettre le Qutbisme donnera la Jamat al-Muslimin ( Groupe des Musulmans) que les autorités égyptiennes, ainsi que les habitants, surnommeront « Takfir wal-Hijra » ( Anathème et Exil) tant le zèle de ce mouvement leur paraissait poussé à l’extrême. Takfir Wal-Hijra jugeait que la société égyptienne était sortie de l’Islam. Les adhérents de Takfir Wal-Hijra prononçaient l’anathème de cette dernière, s’en désavouaient , coupaient leurs liens ( y compris avec leurs proches), et « s’exilaient » en restant qu’entre eux. Al-Wala’ Wal-Bara’ [Alliance et Désaveu] ou « Croyants, Ne prenez pas pour amis (awliya’) les Juifs et les Chrétiens ; ils sont amis les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour amis, devient un des leurs. Allah ne guide pas les peuples injustes ». Le « leader » de Takfir wal-Hijra, Shukri Mustafa, était lecteur assidu des écrits de Sayyid Qutb. Inévitablement, son mouvement se militarisera. Le 3 Juillet 1977, Takfir Wal Hijra kidnappera puis assassinera le clerc et ministre des affaires religieuses Al-Dahahabi. Shukri Mustafa finira exécuté par un tribunal militaire un an plus tard.
Le cas de Takfir Wal-Hijra n’est pas propre qu’à l’Islam ( ou à l’Islamisme), il est aussi et avant tout similaire à la trajectoire de ces sectes qui ont exercées des manipulations mentales sur leurs adeptes afin de leur faire commettre des actes irréparables : Aüm Shinrikyō ( attentats), Ordre du Temple Solaire et le Temple du Peuple ( suicide collectif), Les Davidiens ( Siège de Waco) .
Car le grand danger qui réside, occulté ici par des polémiques hystériques autour du voile qui opposent musulmans identitaires de mauvaises fois à des extrémistes laïcs et des partisans d’extrême-droite qui valent guère mieux, est que des individus décident de couper leurs liens- familiaux, environnementaux, sociétaux- pour rejoindre des communautés de gens repliés sur eux-mêmes, hostiles au monde extérieur, et qui, à force de grossir leurs rangs, sans parler forcément de terrorisme, parviendraient à provoquer des changements de comportements au sein d’une partie de la population de façon à engendrer des troubles avec tout le reste [de la société].
CCIF : efficacité ? Brillance ?
Gageons que ce soit une mauvaise manip du stagiaire au CCIF !
Plaisanterie à part, bien évidemment que non le CCIF n’est pas sur une ligne jihadiste ou « sunnite révolutionnaire ».
Le communautarisme musulman n’est pas né de lui-même. Il ne fait que se développer en concurrence des autres. À trop vouloir entretenir les non-dit, on finira vraiment par se prendre des fous dangereux.
Le gros souci avec toutes ces entités représentatives et ces courants victimaires, CRAN, CRIF, CCIF, collectifs LGBT, féministes intersectionnelles, et Chrétiens Tradis dans une moindre mesure, est que les médias et des politiques- électoralisme oblige- en viennent à leur dérouler le tapis rouge quant, par moment, ou très souvent, il faudrait les renvoyer sur les roses.
Le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, l’homophobie, et le sexisme, constituent assurément des problèmes majeurs…néanmoins, un problème d’éthique paraît évident lorsque des entités ayant des liens avec des personnages et des collectifs plus controversés, ou qui comportent en leurs seins des éléments extrémistes, se mettent à donner des leçons de morale.
Quand le singe veut monter au cocotier, il faut qu’il ait le cul propre. Proverbe Africain.
Lors de la mise sous contrôle et du gel des avoirs d’Ana Muslim, l’ancien porte-parole controversé du CCIF s’était cru dans son bon droit de se fendre dans un communiqué freestyle où il s’en prenait à la décision des autorités françaises. Avant toute chose, précisons que nous étions alors en 2014, soi une année avant les attentats que l’on sait. En plein contexte de montée en puissance de L’Organisation État islamique les théories du complot avaient fusé. Un an plus tard, l’histoire se chargera de donner tort à ce personnage charismatique qui masque mal ses ambitions.
On notera la contradiction du raisonnement. D’un côté on s’indigne d’une mesure arbitraire en invoquant » L’Islamophobie d’état » et on soutient alors que celui qui est anti-démocratique- et qui combat l’islamophobie- est un opprimé.
Mais ceux qui seraient islamophobes, eux, n’auraient pas le droit à la liberté d’expression?!
Et surtout, la référence religieuse d’Ana Muslim était un certain Adrien G…connu sous la kunya d’Abou Oussama, et qui sera le Français ayant atteint le plus haut rang au sein de l’État islamique!
Dans cette galaxie-là on aime bien se victimiser. C’est ainsi que des tenants de l’Islamophobie font sans arrêt un parallèle entre leurs situations en France avec le sort des populations Ouïghours en Chine, des Rohingyas en Birmanie, ou bien des Palestiniens dans le conflit qui les opposent à l’état d’Israël.
Certes, les Français qui sont de confessions musulmanes, en général, peuvent faire l’objet de préjugés, sont la cibles d’actes malveillants, mais en comparaison de la Birmanie où on génocide des Rohingyas et de la Chine où on parque les Ouïghours et pour des raisons ethno-religieuses ( car le pouvoir Chinois les considère comme étrangers) et pour des objectifs politiques à la fois géostratégiques, économiques, et énergétiques, c’est déplacé.
En retour, on observe chez ces militants-là- qui dénoncent la Chine comme islamophobe- non seulement une méconnaissance de l’Islam en Chine ( les Huis sont considérés comme cousins des Hans, l’ethnie dominante en Chine) mais aussi une absence totale d’empathie sur le sort des autres catégories d’individus persécutés par le régime de Pékin : les adeptes de Falun-Gong, les opposants démocrates, les Tibétains, les Chrétiens, et tout ce qui ne correspond pas à la ligne du Parti Communiste Chinois.
Ils n’en ont tout simplement rien à foutre.
Peu importe, pour eux, si le reste de L’Humanité crève. Nous sommes bien en présence d’une forme, non assumée, de suprémacisme. Le narratif victimaire fait du Musulman- » la vision qu’on défend du Musulman »- La Victime au détriment de toutes les autres possibles. Nous voyons des militants féministes, LGBT, ou de gauche en général, prêts à défendre aux prix de leurs vies l’intégrité de leurs concitoyens musulmans face aux calomnies des Identitaires.
Mais en retour seront-ils prêts à les soutenir en cas d’injustice?
Car au-delà de leurs cas- minoritaires- le contre-coup de cette mauvaise foi c’est celui de faire le jeu de figures identitaires, et eux, en général, à partir du moment où ils cataloguent quelqu’un de musulman, ne font pas l’effort de séparer le bon grain de l’ivraie. Ils mettent tout le monde dans le même sac.
Une réflexion sur “Quand le CCIF relaie un auteur sulfureux.”