En une dizaine de jours, le tournage au Cambodge de l’émission dite de « télé-réalité » Koh Lanta – émission phare de la chaîne privée française TF1 – a été le théâtre de deux morts sordides. Ces deux tragédies successives permettent soudain au grand public de découvrir la réalité scandaleuse de ce type d’émission, qui pousse des candidats jusqu’aux limites extrêmes de leur organisme, dans le seul but de « faire de l’audimat », donc de pouvoir vendre plus cher ses espaces publicitaires.
Il y a un peu moins de quatre ans, en avril 2013, L’UPR déplorait effectivement sur son site officiel deux morts lors d’une saison du très abêtissant Koh-Lanta- où des personnes en quête de sensations fortes vont surtout voir leurs images dégradées après des montages odieux: un candidat décédé des suites d’une attaque cardiaque et le même médecin-urgentiste- qui a vu les derniers instants du premier- qui mettra fin à ses jours car tellement dévasté qu’il n’a pas supporté la pression médiatique survenue ensuite. Expliquant ensuite que la production et l’animateur n’ont en fait pas été du tout à la hauteur, l’article entend ensuite montrer les manigances des créateurs du jeu: » Le concept de cette émission grandiose a été repris de l’émission britannique « Survivor », qui a d’ailleurs déjà été adaptée dans de nombreux pays. Koh-Lanta procède à un mélange de réflexion stratégique pour gogos, avec des épreuves de survie et des épreuves sportives, le tout dans des cadres dignes de catalogues de tour-operateur, où alternent eaux turquoises, sable blanc, monuments anciens et jungle.Les conditions précaires de survie dans lesquelles évoluent les candidats font partie du concept et du succès de l’émission. La faim, l’épuisement et le manque d’hygiène sont paraît-il des clés décisives pour faire grimper l’audimat, ce qui témoigne du caractère grossièrement sensationnaliste de l’émission, et flattant les instincts sadiques…« .
Et de dénoncer l’objectif mercantile du concept qui permet aux publicitaires de diffuser leurs annonces, d’où on reprend la célèbre formule du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola: « Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ‘business’, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. […] Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».
Le jour où la variété française retrouvera un tel niveau est encore loin…
L’occasion était trop belle pour L’UPR, parti eurosceptique et anti-régionaliste, de rappeler les idées de Patrick Le Lay en le définissant comme anti-républicain. « On vit dans des mensonges, par exemple celui de la République française belle, unique et indivisible portant la liberté au monde avec cette devise: liberté, égalité, fraternité. La République française n’est ni libérale, ni égalitaire, ni fraternelle. Si elle l’était, il n’y aurait pas besoin d’écrire ça sur tous les frontons publics. Je ne dis pas que ce n’est pas un joli principe, mais ça n’a jamais été appliqué et surtout pas en Bretagne On détruit le corpus des langues régionales en France comme le breton et le basque. Ce sont des langues très anciennes. Le français est une langue magnifique mais elle est artificielle. Elle date de l’édit de Villers-Cotterêts en 1539. Comme il fallait unifier un pays, il fallait unifier une langue. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut tuer des langues qui ont deux mille ans d’existence derrière elles. Mais la faute à qui ? Aux Bretons. Ils n’avaient qu’à la défendre. […] Je suis profondément indépendantiste. Je pense que la France est un pays qui ne fonctionne pas. Dans le cadre européen, je pense que nous devons aller vers des régions et pas des nations. La nation française est un concept qui est faux, c’est un mythe auquel se raccroche un pouvoir centralisé. C’est aux hommes et aux femmes de prendre conscience qu’ils vivent dans des schémas qui ne sont pas les bons, que le système jacobin centralisateur est un système dépassé », dixit celui qui aura dirigé la grande française considérée comme la plus à droite du PAF.
Il convient de rappeler que l’UPR- et fut un moment les Forces Françaises de l’Intérieur (!!!) réactivé par l’ex-numéro 2 de l’UPR ( aujourd’hui disparu) Erick Bozz Mary- entend lutter contre les Eurorégions, structure administrative sous forme de zones de coopérations transfrontalières. » L’eurorégion est une entité territoriale transfrontalière qui réunit les partenaires de deux ou plusieurs régions1 frontalières de différents Etats européens. Elles ont pour objectif de créer un espace cohérent, qui se développe de concert, pour faire de la frontière non plus un obstacle mais une ressource et une opportunité de développement. Pour ce faire, elle constitue un cadre à la coopération permettant de réunir les différents acteurs et de mettre en place des politiques et projets communs dans des domaines comme l’aménagement du territoire, les transports, l’économie locale, les activités culturelles, l’environnement, etc. toujours selon les spécifités de chaque frontières. « , qu’on nous explique avant de révéler que le terme tire racine d’Euroregio qui s’avère être la première d’entre-toutes composée des régions du Gueldre, de l’Overissjel, et de Drenthe pour les Pays-Bas, puis de la Basse-Saxe et de la Rhénanie du Nord en ce qui concernait l’Allemagne de L’Ouest.
Réunifiée aujourd’hui L’Allemagne, par sa situation géographique, est cernée respectivement des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg, de la France, de l’Autriche, de la Pologne, de la République Tchèque, ainsi que du Danemark. En tout huit pays.
Les Néerlandais, qu’on peut louer pour leur génie commerçant et leur sens d’organisation, sont aussi des pionniers en matière de réseau logistique. Si les Pays-Bas n’ont que la Belgique et le Luxembourg pour voisins, leur proximité avec l’Angleterre par voie maritime est une aubaine ( en soi la langue Néerlandaise un mix d’Allemand et d’Anglais) pour le commerce de marchandises et les flux de passagers . La superficie réduite des P.B est aussi une des raisons pour lesquelles ont été mis-en-place des transports combinés, là où nous autres Français en sommes toujours à encombrer nos autoroutes avec un surnombre de camions contre peu de transports ferroviaires ( ceci parait-il à cause d’une grève dure pendant les années 80). Dans leur histoire les Pays-Bas ont une période de leur histoire nommée Siècle d’Or, où fut produites des cartographies extraordinaires.
Pour clore la parenthèse il s’avère que les Pays-Bas sont un royaume constitué de provinces dotées de compétences administratives et que l’Allemagne est un état fédéral composé de Länders ( qui peuvent légiférer sur tout ce que la Loi Fondamentale ne prévoit pas de gérer). Là, où la France a toujours connu une succession de pouvoirs centralisés ( royauté, empire, république). Or, les politiques français n’ont que récemment transféré certaines compétences à nos régions pour en fait opérer un désengagement de l’état ( ou une déresponsabilisation tout court). Parallèlement, nous avons effectivement des mouvements régionalistes ou indépendantistes qui, outre leurs griefs contre différents états, ont vis-à-vis de l’Union Européenne des attitudes plus ambivalentes, disons que c’est plus l’entité en soi qui leur pose problème que l’idée d’une Europe des Nations, et certains sont évidemment ouvertement racistes, antisémites, homophobes, et tout le panel.
L’UPR voit dans les Eurorégions un risque de résurgence de réclamations indépendantistes qui mettraient à mal la souveraineté. Les perspectives d’un élargissement des compétences de l’Eurorégion Aquitaine-Euskadi ou d’un lobbying Catalan à l’intérieur de l’Eurorégion Pyrénées-Méditérranée prouvent que la crainte est fondée.
Revenons au sujet de l’article, si vous le voulez bien: savoir si il faut ou non re-nationaliser TF1.
Plus que jamais les débats autour de la télévision, des contenus de reportages ainsi que ceux des courts et longs métrages cinématographiques doivent être. L’article écrit en 2013 n’a pas anticipé sur une émission encore plus débile, TPMP, qui à ce compte-là pourrait nous faire rattraper les longueurs d’avance qu’ont nos cousins néerlandais dans cette piscine remplie de fosse sceptique. Car n’allez pas croire que nous ayons la pire télévision au monde. Les TV Shows néerlandais, US, ou Japonais, font passer ceux diffusés sur TF1 et NRJ12 pour intellectuels.
» Et que dire de ce que doivent penser, en leur for intérieur, les Cambodgiens qui assistent à ce spectacle de notre déchéance ? « …hmm, si on s’adresse aux Cambodgiens qui sont allergiques à les leurs de TV Shows ça risque d’en mettre un coup sur l’image de la France.
L’UPR n’est pas la première à proposer la renationalisation de TF1. En 2008, Emmanuel Todd se disait favorable au micro de France-Inter à la renationalisation de TF1, arguant que depuis la privatisation de la chaîne la promesse du » mieux-culturel »n’avait pas été respectée ( et avec la quantité de conneries diffusées par cette chaîne on ne peut que reconnaître cet état de fait). Dans un article datant de 2007, le blogueur d’Action Républicaine écrivait que « 20 ans plus tard, il ne faut pas être expert pour constater que les acquéreurs de la chaîne n’ont pas respecté leurs engagements. La seule chose qui a animé les patrons de cette chaîne pendant 20 ans, c’est le profit, rien que le profit . Et cela a marché puisqu’en 20 ans, TF1 a multiplié par 6 son chiffre d’affaires et est devenue la première chaîne de télévision d’Europe ! « . Or, dix ans plus tard, soi trente années après sa privatisation, effectivement la nullité des programmes a empiré et j’y inclus dans le lot les adaptations low cost de certains comics qui méritaient mieux. De série entre guillemets atypiques mais convenues nous avons eu la première saison de Lost ( spoilers: si c’est parti en vrille après, c’est parce que les scénaristes n’avaient pas prévu de continuer) ou le CSI Las Vegas…à l’extrême rigueur Zoo, les Law and Order ( qui renseigne le spectateur sur le Droit Américain), ou quelques originalités comme The Blacklist, Person of Interest, ou anciennement Heroes.
Le sentiment nationaliste, chez TF1, c’est dire, nous le retrouvons avec des matches de l’équipe de France de Football et…cette méta-horreur post-industrielle plus connue sous le nom d’élection de Miss France, où des mannequins- loin d’être toutes cruches comme beaucoup l’affirment- sont dégradées dans ce genre de mise en scène cucul qui tendrait à faire croire qu’être sexy inclurait de ressembler à une planche à pain en sous-vêtements et talons hauts.
Ce sujet n’a pas été à l’ordre du jour comme le constatera Acrimed en 2012, à l’occasion des présidentielles, sauf chez Eva Joly, Poutou, et Mélenchon, qui évoquaient aussi cette promesse non-tenue et aussi – anticapitalisme oblige- la présence de Martin Bouygues aux commandes ( PDG du groupe éponyme connu aussi pour être le témoin de mariage et parrain d’un des enfants d’un certain ancien président débouté lors de la primaire de son propre parti).
Sur ce point ça devient nettement problématique, reconnaissons-le. Une pensée » ironique » aussi à ces journalistes d’I-Télé qui ont compris que dorénavant une information de qualité ne saurait être garantie si on trouve un Bouygues, un Drahi, ou un Bolloré ( qui ne supporte pas la critique!), au sommet.
Maintenant, prenons un peu la chose à contre-courant. Si la renationalisation de TF1 n’a jamais été au coeur des faux-débats et des fausses-polémiques orchestrées par trois partis aussi irritants les uns que les autres, LRPSFN, il y a deux autres explications plausibles.
La première est que tout simplement d’autres thèmes médiatiques l’ont éclipsé, comme les désarrois des agriculteurs, le chômage, la précarité, ou le phénomène djihadiste sur lequel Mr Asselineau- pourtant bien supérieur intellectuellement à la moyenne des politiciens- parait light…voire même hors-sujet lorsque ce dernier nous ressasse le plan initial de Brzinski d’utiliser des Moudjahidines avec certains services secrets de la Muslim Belt ( Saoudiens et Pakistanais) contre l’URSS, ou l’hypothèse que l’OTAN aurait crée L’État Islamique qui est issu quant à lui de la résistance islamiste irakienne fédérée par Zarqaoui ( dont les relations avec Ben Laden, Zawahiri, et même Al-Maqdissi vers la fin, furent houleuses). On se doute bien que Mr Asselineau cherche aussi, et sincèrement, à protéger nos concitoyens de confessions musulmanes cibles préférées des groupuscules d’extrême-droite qui veulent provoquer le Choc des Civilisations, ou une Guerre Raciale. Cependant, la présence sur le territoire Français et bien ailleurs de véritables mouvements anti-nationaux au possible, totalement incompatibles avec n’importe quelle culture au monde, même nord-africaine ou orientale, Frères Musulmans, Tablighi Jamat, Salafisme, pose à ces derniers une question cruciale à laquelle il ne peuvent pas se dérober: les lois du pays ou la Oumma…
Question aussi qui se pose pour d’autres, j’entends bien…
La seconde, et elle ne plaira pas à celui qui charge tout sur les multinationales tapies dans l’ombre, ou bien à je ne sais quelle société tellement secrète qu’on trouve même ses rituels sur le Net, c’est que la masse des gens aiment la merde.
Le problème des chapelles souverainistes, nationalistes, voire plus à droite encore, c’est qu’elles sont restées souvent à une époque antérieure à Mai 68 ( pour certaines même le modèle est carrément Pétain). C’est ainsi qu’on a vu le très rétrograde Jean-Frédéric Poisson ( ou Robert Ménard) s’indigner qu’on puisse voir des affiches publicitaires pour un site de rencontres extra-conjugales, et parmi les arguments crétins de chez crétins on a droit au sempiternel » La fidélité ne se vend pas » ou bien encore » On incite les gens à l’infidélité ». Si de telles affiches existent c’est parce qu’il y a eu des études de faites, donc un marché à prendre ( aucun jeu de mot, hein). De plus, si un quelconque individu a envie de faire pousser des cornes à sa seconde moitié, cette personne ne va pas attendre qu’une affiche le lui suggère. Mais bon pour instaurer une police des braguettes mieux vaut tabler sur l’irrationnel.
De Villiers qui corrèle l’IVG au fondamentalisme islamique, voyez comme c’est du n’importe quoi…qui peut séduire ses ouailles, faut l’admettre. Passons.
Monsieur Asselineau, loin de toute bigoterie, revendique un anti-américanisme culturel contrebalancé d’une russophilie politique. Dans le livre de Nicolas Hénin, la France Russe, cela lui vaut d’être épinglé avec d’autres formations nettement plus radicales ( le genre cité au-dessus, ou du genre avoir le bras droit monté sur ressort). Comme eut l’honnêteté de le reconnaître Arthur il y a très longtemps lors d’une session du Fou du Roi, face à un Guy Carlier qui retrouvait un peu de son mordant, » Si la ménagère aimerait entendre parler de Goethe, je parlerais de la ménagère. Mais je suis là pour que la ménagère ne se prenne pas la tête après une journée de travail » ou quelque chose dans ce genre-là. Car ceux qui nous assènent que le particulier chez-lui enclenche son téléviseur en appuyant sur le chiffre un, ce qui justifieraient à leurs yeux la renationalistation de la chaîne, il faudrait leur signaler que depuis les années 2000 existent ce qu’on appelle des chaines d’informations continue ( BFMTV, I-Télé devenue CNews, LCI), que les chaines sportives comme musicales se sont multipliées, et que hormis certaines séries citées plus haut, certains shows télévisés débiles ( Miss France, Secret Story), et le fameux JT du midi animé par un présentateur pas vraiment connu pour être à gauche, l’audimat n’est plus déterminé par la fainéantise du consommateur d’images qui veut pas aller au-dessus du chiffre 6. D’autant qu’à titre personnel je ne suis pas vraiment certain que la masse de consommateurs apprécieraient de voir leurs programmes substitués par des discours de Monsieur Asselineau qui ont des durées moyennes de quatre heures, quand bien même- qu’on soit d’accord ou non avec Mr Asselineau- ceux-ci haussent le niveau des débats laminés par des têtes-à-claques gauche et droite confondues ( et je serais pas surpris de voir des centaines de gens descendre dans la rue, hurlant à la dictature, afin de réclamer qu’on leur rende leurs programmes abrutissants favoris).
Ensuite, on en fait quoi du groupe France Télévision? France2 ( généraliste), France3 ( terroirs, départements), France 4 ( consacrée à la jeunesse et aux nouvelles générations), France 5 ( éducation et savoir), France Ô ( Outre-Mer), et puis la chaine censée promouvoir la France de par le monde elle existe déjà…France24! France24 diffuse en Français, en Anglais, en Arabe aussi, et on aurait tout intérêt de l’optimiser en y introduisant l’Allemand, l’Hébreu, le Japonais, le Mandarin, l’Espagnol, ou le Russe. Car nous pêchons beaucoup en langues étrangères. Et en profiter aussi pour changer de ton de bleu ( simple suggestion).
Si monsieur Asselineau pense à vouloir monter un équivalent français de Sputnik, peut-être devrait-il lorgner aussi sur RFI!
Qu’un état ait intérêt de promouvoir sa culture, ses produits, son mode de vie, c’est un fait. Mais honnêtement, dans le cas présent, ce dont on aurait besoin c’est avant tout de changer nos mentalités, première étape pour réformer en profondeur et non en surface. Et puis la télé on peut s’en passer, surtout à l’ère d’Internet…