« Le Jehad en Islam est justifié dans le but d’une libération complète de chaque homme dans le monde de la servitude vis-à-vis d’autres êtres humains de sorte qu’ils ne puissent servir que Dieu l’Unique sans lui accorder aucun associé. C’est en soi une raison suffisante qui existait déjà dans le cœur des musulmans lorsqu’ils entreprirent leurs conquêtes. Toutes les fois où on leur posait la question « pourquoi combattez vous ? » aucun ne répondait « mon pays est en danger et ce combats pour sa défense » ou que « les Persans et le Romains nous ont envahis » ou pour finir « nous voulons instauré notre domination et voulons faire tombé les corrompus ». Sayyid Qutb, Jalons sur la route.
C’est l’histoire d’une campagne de prévention…
C’est l’histoire d’une campagne de prévention qui est tombée dans ce qu’il y a de plus caricatural, et j’ai en mémoire cette scène où Thierry Lhermitte campant le responsable de SOS Détresse Amitié dans le Père Noël est une ordure décroche le standard téléphonique. Bien avant que des jeunes gens aux parcours divers semés d’embûches ou pas- car il n’y a pas de profils type de djihadiste français- se décident à rêver d’exploits guerriers en se donnant des kunyas comme noms de code, bien avant qu’une certaine émission poubelle marqueur d’effondrement civilisationnel n’en finisse plus de déclencher des polémiques, nos services sociaux, médico-sociaux, et éducatifs, auront été vecteurs d’une dérive: celle qui consisterait à réduire X qui présente un problème de comportement, voire un danger pour la société, comme soit la victime d’une injustice lui ayant été faîte ou alors comme une personne malade à prendre en pitié parce qu’elle n’aurait pas conscience de ses actes.
Cela nuit encore à beaucoup de services publics. Et la plupart des individus en ont un peu marre d’être infantilisés.
Naturellement, je serais bien salaud de dire qu’être victime d’abus sexuels ou avoir servi de punching-ball n’occasionne aucune conséquence. Et évidemment, ce problème sociétal devrait plutôt en ce moment mobiliser des personnalités des domaines psychiatriques, judiciaires, scolaires, voire en fait toute une société qui devrait envisager une certaine remise en cause plutôt que de râler après ses politiciens…et de finir par voter en faveur du moins pire d’un système pourri. Une société qui n’a rien de solide à opposer idéologiquement ou philosophiquement, elle veut juste redoubler ou tripler son plaisir à consommer jusqu’à mépriser ceux qui donnent de leurs forces ou y aspirent vraiment.
La force de L’État islamique réside dans sa propagande, du moins dans la première phase de son existence. Ses Wilayas ( groupe armé agissant dans les provinces reconnues par Abou Bakr al-Baghdadi), ses katibas, ou ses cellules, opèrent exactement ce qu’il conviendrait d’appeler une techno-guérilla envers et contre tous puisqu’en recourant à la technologie de pointe, hyperconnecté, il peut ainsi vanter ses attaques éclairs contre ses rivaux ( les rebelles islamistes en Syrie, les Talibans en Afghanistan), contre d’autres groupes armés non islamistes ( YPG), ou contre des armées ennemies comme il le fait en Égypte avec la Wilaya Sinaï, ou bien hélas des attentats perpétrés sur les cinq continents de la planète quand il ne s’agit pas de détailler d’autres actions pouvant paraître annexes mais très significatives en fait: mise en ligne de ses revues numériques ( Dabiq, Rumiyah, An-Naba), vidéo de cours d’Arabe, versets coraniques traduits en plusieurs langues, diffusion de photos où on se livre à la Zakat ( aumône) ou bien lorsqu’on prend position pour la cause animale.
Une guerre oppose deux ou plusieurs nations via leurs forces militaires, et dans ce cas-là les antagonistes sont identifiés ainsi que leurs positions. Dans une guerre chacun sait à peu près, sauf en cas de siège mené chez une des parties belligérantes, où tel ou tel chef de gouvernement se trouve, et surtout dans une guerre l’issue ne consiste pas qu’à aller écraser l’autre. Or, L’EI n’est ni une armée conventionnelle, ni une nation, ni un empire. C’est une entité implantée sur un proto-état. Si il a bien une base établie sur Raqqah- pour l’instant encore- les factions de par le monde qui lui ont fait allégeance sont indépendantes des unes des autres. Lorsqu’un territoire X tombe sous sa croupe, il- L’EI- a l’automatisme d’en déléguer la gestion aux tribus locales ( ce qui complique encore plus la chose, géopolitiquement parlant).
Par tactique, par pragmatisme, les premiers groupes islamistes armés s’en tenaient à des revendications essentiellement territoriales. On pense aux indépendantistes Kashmiris, au GIA, aux Moudjahidins afghans, ou à la Nemesis des gouvernements philippins Abou Sayyaf.
Les développeurs de la Weltschauung islamiste, le pakistanais Mawdudi, Hassan Al-Banna, et Sayyid Qutb, ces deux derniers figures incontournables des Frères Musulmans, n’ont mis que par écrits leurs doctrines. L’idéal des Frères Musulmans est de ré-islamiser l’individu musulman comme il faut, puis la famille, la société, et on peut ainsi faire proclamer la Loi Islamique. Cela ne s’arrête pas là. Les Frères Musulmans ont pour projet final l’élaboration d’un califat mondial, ceci en islamisant des sociétés non-musulmanes au mépris de leurs lois ainsi que de leurs us et coutumes respectives, car « ceci est la vraie nature de cette religion et de sa mission, car c’est une déclaration solennelle de la souveraineté de Dieu sur toute la création et de la libération de l’homme à l’idolâtrie.«
Il s’avère que le frère de Qutb fut aussi le mentor d’Oussama Ben Ladden, comme on sait que Qutb est le maître spirituel d’Ayman al-Zawahiri. Sayyid Qutb, reprenons le contexte, a radicalisé sa position en partie pendant ses périodes d’incarcérations fondées sur des caprices nassériens et s’est dissocié des FM vers la fin de sa vie. L’EI est dans la continuité de cette pensée selon laquelle les lois humaines, dites positives, se sont substituées à celles de Dieu et qu’elles ne sont qu’idolâtries ( Shirk). Rien d’exceptionnel, en fait, la Scientologie, certaines sectes évangéliques, ou les Témoins de Jéhovah, font exactement pareil. » Une civilisation sans folie, sans criminel et sans guerre, dans laquelle les gens capables puissent prospérer et les gens honnêtes puissent avoir des droits, et dans laquelle l’homme soit libre d’atteindre des sommets plus élevés » vaut le slogan » une doctrine qui englobe tous les aspects de la vie! » ou l’idée selon laquelle « l’instauration du Royaume de Dieu annihilerait tous les maux de la Terre« .

Il y a alors plusieurs raisons qui ont fait qu’Abou Bakr al-Baghdadi a taxé d’impie le mouvement des Frères Musulmans.
- Après la proclamation- ou l’auto-proclamation- du califat L’E.I souhaite avoir tout simplement le leadership et ne saurait tolérer la moindre rivalité.
- Certains courants des Frères Musulmans sont en lien avec Al-Qaida, le grand rival…dont il est issu. Tous les moyens sont bons pour s’en dissocier et le dévaloriser.
- Les Frères Musulmans n’hésitent pas à participer à la vie démocratique, là où ils voient en la démocratie un moyen pour mener le combat des idées des djihadistes perçoivent cela comme de la compromission ( et quelque part cette observation est loin d’être fausse puisque même l’une des composantes des Ikhwans est partie intégrante du capitalisme moderne quand une multitude de ses membres, ayant soi-disant » infiltré les systèmes », se retrouvent à devenir des acteurs de premier ou de second plan). Il y a un terme pour cela: Sahawat.
Comme précédents il y eut les Talibans, les Shebabs ( Somalie), ou la curieuse alliance Djihadiste au Mali ayant conduit l’état Français à lancer l’Opération Barkhane ( qui est plutôt un succès en dépit des pertes militaires et civiles). L’EI a pratiqué ce qu’on appelle la Disruption. La Disruption, c’est quoi…lorsqu’un petit nouveau arrive sur le marché, avec l’objectif de le conquérir, il va innover en élaborant des pratiques commerciales- offres de prix, réductions, formules- qui vont mettre dans l’embarras ses concurrents au point que ceux-ci seront bien obligés de s’adapter ( de casser les prix) et si bien que le marché s’en verra redéfini. L’EI a clairement sophistiqué son recrutement en fonction des pays desquels proviennent ses effectifs humains. Ainsi, les Tchétchènes et autres djihadistes provenant du Caucase seraient assez recherchés en raison de leurs aptitudes au combat ( entendez par organiser des guérillas). Les Français et les Belges, qui pour la plupart présentent de faibles niveaux scolaires et ne maitrisent pas la langue Arabe ( parler comme écrit), sont directement envoyés au combat. Les Arabisants peuvent, eux, occuper des postes administratifs ( puisque l’EI établit d’abord ses documents officiels, ou secrets en Arabe). D’après certains témoignages, tout individu arrivant en zone contrôlée par l’EI- en Syrie du moins- serait tenu de se faire recenser et de remplir un formulaire dans lequel il doit notamment préciser ses compétences professionnelles…
Ce qui n’est pas sans rappeler les formulaires ( ou les e-formulaires) de recrutement de certaines entreprises.
Les volontaires féminines à la Hijra, d’où qu’elles viennent, sont placées dans des maisons pour femmes ( maqqar) dans l’attente d’être mariées. Elle ont souvent craqué pour des beaux gosses paradant sur le web, ont engagé des conversations avec eux en vu de contracter des mariages, et lorsqu’elles parviennent à se rendre sur place…il y a neuf chances sur dix que ce soit la désillusion totale qui les accueille. L’EI substiuerait les « princes charmants », morts pendant les combats, par d’autres individus sommés d’épouser une ou plusieurs femme(s) puisque selon l’idéologie djihadiste c’est un devoir pour tout musulman de fonder une famille. Comme le souligne David Thomson cela n’est pas sans rappeler le projet nazi Lebensborn eingetragner verein, qui encourageait la reproduction entre sujets aryens dans le but d’accroître la natalité de la Race Supérieure. Beaucoup de femmes accepteraient d’accoucher sans péridurale. Paradoxalement, L’État islamique connaitrait un très gros taux de divorces ( le mariage le plus long aurait tenu deux ans). Il est prévu que les femmes, une fois mariées, ou mariées, peuvent sortir de chez-elles pour quelques exceptions: 1) recevoir un enseignement religieux; 2) prodiguer des soins ou enseigner à des femmes; 3) combattre, si toutefois une fatwa les y autorise; sur le dernier point David Thomson tient à préciser qu' »un biais de genre sexiste » en Occident laisserait croire qu’elles seraient moins fanatisées que les hommes…les témoignages prouvent le contraire et révèlent un zèle effroyable.
« Elles sont fières de leurs armes, elles soutiennent à fond leurs maris, quand il y a des attentats, c’est les premières à crier, à être heureuses, raconte Lena. Y a une soeur, elle disait » Je rentrerai en France di’idnillah par la Grèce, et je viendrai tous les égorger […]Le soir, se souvient de son côté Safya, certaines » se faisaient carrément le scénario d’un attentat. On rentre en France avec des faux papiers pour le 14 Juillet, on rentre dans la foule, on enlève nos jilbeb et on tire, y en a une qui disait qu’elle allait mettre un faux coussin pour faire croire qu’elle est enceinte et qu’elle allait dissimuler du TNT dedans pour se faire exploser en France au moment où François Hollande allait passer pour saluer une foule« .
Très jeunes, les enfants seront envoyés dans des camps d’entrainements où ils apprendront le maniement des armes et où ils subiront le bourrage de crâne pour prendre la relève. On est plein copiage des Jeunesses Hitlériennes à une note près: les gamins Allemands n’exécutaient pas des prisonniers dans des formats vidéos adaptés pour être diffusés sur le Web. Pareil, l’idée que l’Oumma ferait disparaitre le racisme ce serait du bluff. Selon les témoignages rapportées par Thomson des djihadistes n’en continueraient pas moins à avoir des préjugés raciaux. Comme l’on sait que dans les rangs d’Al-Nosra les « combattants étrangers » ont dû essuyer des attitudes xénophobes. On se souvient que derrière le verni égalitaire soviétique les peuples non-slaves – Juifs, Arméniens, Géorgiens- étaient victimes de mesures discriminatoires, voire faisaient l’objet plus facilement d’accusations de complot ( Blouses blanches), tradition qui semble se perpétuer dans l’actuelle Russie avec les persécutions dont font l’objet des étudiants asiatiques et noirs africains.
Ainsi, si de avant l’émergence de l’EI la nébuleuse Al-Qaida se réclamait d’un djihadisme d’élite, n’obligeait personne à faire allégeance, ni ne songeait à publier des magazines épousant les codes du marketing contemporain, et en restait à des enregistrements de très mauvaise qualité qui faisaient le bonheur des comiques, il suffit de faire un tour sur le Net pour s’apercevoir qu’il recourt aux mêmes procédés pour tenter de ramener à lui un gros nombre d’adhérents en se présentant toutefois comme plus modéré que l’EI ( non, c’est pas bien de mettre en ligne des vidéos d’exécutions…ça pourrait avoir des effets contre-productifs).
Ils maitrisent leurs com’…
L’autre différence étant qu’Al-Qaida, sans calife, se déclare oeuvrer pour l’élaboration d’émirats islamiques régionaux ( Afghanistan, Syrie). En cela, les desseins de Joulani en Syrie s’inscrivent dans une certaine logique. Refusant à ce que la Jabath al-Nosra soit la branche Syrienne de ce qui était alors L’État islamique en Irak et au Levant, il a d’abord fait allégeance à Ayman al-Zawahiri. Puis, en vu de vouloir voir son organisation rayée de la liste des organisations terroristes, et dans le projet de fusionner avec le poids lourds de la rébellion islamiste en Syrie qui est Ahrar al-Sham ( plus respectable selon certains de nos experts 🙂 ), il changera son organisation en Jabath Fath al-Sham ( Front de la Conquête du Sham) et » cassera les lien » avec Al-Qaida. Comme par hasard? le modèle à suivre d’Ahrar al-Sham sont les Talibans afghans…qui avaient crée L’Émirat islamique d’Afghanistan. Si les deux formations détestent viscéralement L »État islamique, à l’instar de Jaysh al-Islam, quelques désaccords stratégiques continuent pour l’instant de les opposer: Ahrar al-Sham pensent qu’il est prématuré d’instaurer un émirat islamique ou des tribunaux de la Charia avant la chute d’Assad, quand JFS condamne toute alliance avec des pays honnis de l’idéologie djihadiste ( USA).
L’EI est dans le tout, tout de suite tandis que AQ insiste aussi sur le djihad de prédication et part du principe que la Sharia ne peut être proclamée si les populations ne sont pas sensibilisées.
Mais là contrairement aux sornettes délivrées par des politiciens en quête de pigeons d’électorats et celles de certains intellectuels, journalistes, ou philosophes, contre lesquelles on ne peut que s’inscrire en porte-à-faux, point d’idéologie nihiliste.
Pas plus qu’il ne s’agirait d’un complot fomenté par une mystérieuse organisation tapie dans l’ombre et dans la nuit, tellement mystérieuse que certains esprits en connaissent les supposés membres (Soros, Rockfeller, les Rothschild, ou Jay-Z accusé d’être un promoteur de l’Ordo Templi Orientis), ou bien carrément fomenté par Israël dans le but bien évident d’élaborer un plan pour dominer le Moyen-Orient. Dans le second cas c’est même carrément idiot d’en venir à croire qu’Israël pourrait profiter de la situation, à l’argument « Ouais, mais ils n’ont jamais attaqué Israël » je ferais juste remarquer que les effectifs de l’E.I sont estimés entre 30 et 200 000 hommes répartis dans les différents endroits du monde, que ceux d’Al-Qaida et de ses alliés ne doit être guère être plus gros, et que si le nombre de soldats actifs dans l’IDF apprivoise les cent quatre-vingt sept mille personnes…en cas de menace imminente on arrive au deux millionième d’hommes et de femmes sensibilisés au maniement des armes, aux techniques de combat , et qui, déployés, pourraient à tout moment bénéficier du soutien d’une coalition internationale en cas d’urgence- je crois que la dernière tentative s’est un peu mal passée pour les états voisins d’Israël…Guerre des Six Jours, remember!
Simplement, ils ne sont pas assez nombreux et pas assez armé. Et le jour où une majeure partie des habitants du M.O seront prêts à suivre les ordres d’un émir ou d’un calife, comme au temps des Croisades, n’est pas prêt d’arriver.
Le problème est qu’en France, depuis bien une trentaine d’années, on se suffit. On se suffit à soi-même. On se suffit à des réponses toutes faites bonnes pour des débats qui prennent des tournures débiles. Le chômage? » Ils n’ont qu’à chercher du boulot » ou bien » Butons ces fumiers de capitalistes! » ou encore » Si on virait tous les immigrés y aurait plus de chômeurs! « . L’insécurité? » Les flics, ce sont tous des fachos! Et les délinquants ce sont des victimes de la société! » ou bien » Les racailles sont les produits du laxisme de la gauchiasserie! « . Le conflit du Proche-Orient? » Ceux qui critiquent Israël sont tous des antisémites [Islamo-gauchistes] » fait face à » Les médias sont islamophobes et sont soumis au lobby sioniste! « . Les polémiques autour du traitement de l’information? » Un journaliste, c’est soit une pute soit un chômeur… » versus » Si vous croyez à cela, vous êtes un conspirationniste! «
Ainsi de suite…
Un grand moment de lynchage à la 21ème minute. Reste à savoir si après plus de 200 morts ces messieurs-dames peuvent se regarder dans leurs miroirs respectifs…
Tout ça est alimenté par l’ensemble des partis politiques, grands, moyens, petits, ou groupusculaires, de EELV au Bloc Identitaire, qui sont en cela parfaitement aidés par des thinks-tanks, des assoces ou des institution diverses ( Poke CRAN, SOS Racisme, Riposte Laïque, Osez le féminisme, CRIF, UOIF, CCIF, LGBT, CIVITAS), par des pseudo-polémistes de droite ou de gauche, puisque même si les idées et les intentions différent le but reste le même: faire parler de son mouvement, de sa cause, et accessoirement de son petit soi. Bref, ils parasitent-trollent- les débats. Or, ça prend des proportions démesurées et ça finit par déteindre sur des domaines qui théoriquement devraient être préservés de ça ( sciences, sports, arts, travail), et justement repensés à long terme.
Et face à l’idéologie djihadiste, ça ne pardonne pas. Oyez Salafistes, Tablighis, ancien maire de Nice, vous qui ne supportez pas la critique!
Elle n’a pas surgi du jour au lendemain. Elle s’est en partie immiscée dans cette brèche initialement crée- concédons-le- par des mouvements anti-impérialistes et pro-palestiniens qui glorifient la lutte armée contre Israël, qui vont jusqu’à qualifier d’acte de résistance tout attentat sanglant commis contre l’état hébreu, au lieu de s’en tenir à une critique rationnelle de la politique israélienne ou des agissements de certains de ses supporters. Il y a aussi ce déni constant suivi de l’anathème islamophobe, et qui s’est posé en carapace pour dissimuler toutes les plaies et les cicatrices dues autant à des frustrations sociales…qu’au vide sidéral dans lequel nous plonge une société consumériste de plus en plus aliénante notamment avec ses Reality Shows qui déteignent sur le niveau scolaire, inégalitaire au possible, et qui encourage les individus à s’en tenir à leurs pulsions plutôt qu’à la morale ou l’éthique devenus du coup de bien vilains mots. » On nous pousse à consommer, consommer, consommer plus. Mais au bout d’un moment, consommer, ça ne donne pas une raison de vivre. Certains ont besoin d’un autre projet. Quand on voit que le seul projet des démocraties occidentales aujourd’hui, c’est d’offrir du pouvoir d’achat aux gens, c’est vide, ça ne donne pas envie de vivre. Consommer, ça génère de l’ennui aussi, on dirait qu’on est morts« , dixit Zoubeir ex-djihadiste devenu ex-muslim et qui reconnait- dans le dernier livre de David Thomson- que » Avec ses parents, passé l’euphorie des retrouvailles, les relations se crispent et deviennent conflictuelles sur la question de la religion. Aujourd’hui, Zoubeir la rejette en bloc. Pour ses parents, comme pour de nombreux musulmans, Daesh n’a rien de religieux. C’est plutôt un complot sioniste. » Ils sont toujours dans le déni. C’est jamais la faute des musulmans, c’est toujours la faute de l’Occident. Toujours la faute des juifs, des sionistes. C’est toujours les juifs qui financent.« »
Également, et on l’oublie, mais les lendemains de la Guerre d’Algérie furent à la fois pénibles pour nos Harkis lâchement abandonnés et considérés encore comme des traîtres de l’autre côté de la mer, pour des français nés en Algérie; pour la communauté juive dudit pays dont la présence remontait à une époque bien antérieure à la venue de l’Islam; ou pour des immigrés algériens qui se verront sommés de s’intégrer, mais dans leurs coins; au sud de la France les traces de cette Guerre d’Algérie continuent pas moins d’opposer des familles ou des générations suivantes. D’où croyez-vous que ça vient pour Robert maire d’une localité dans l’Hérault, pour Jean-Marie, et pour Houria…
Si ma mémoire est bonne les premiers djihadistes Français se revendiquaient bien du GIA Algérien…qui reste- et restera- entouré de zones d’ombres.
Revenons donc sur la campagne de prévention. Face à la version armée d’une idéologie rigoureusement organisée, car il existe d’autres formes de Djihads sur lesquelles je reviendrais dans un article postérieur, notre état a décidé de traiter le phénomène sous l’angle d’un problème social. T’es djihadiste, allez viens mon ami…une tape sur le dos te convaincra de relater autour d’une table ton parcours et tes motivations à des semblables.





Rien que la dernière photo de campagne est un contre-exemple. L’école ne forme plus. Il suffit de constater les nombres de fautes de conjugaison, d’accords, ou de syntaxe ( la loose totale est de confondre l’article possessif avec l’article démonstratif), que font même des étudiants en université. Sans compter les perles* des examens et des contrôles… » Les Américains ont conquisé le monde« , « C’est ainsi que durant l’antiquité romaine eut lieu la célèbre révolution d’esclaves, menées par le général romain Stradivarius.« , « Comme Bonaparte, Jules César pouvait dicter plusieurs lettres à la fois, c’était un dictateur « , » A la fin de sa vie, l’écrivain Hemingway s’est suicidé pour mettre fin à ses jours. « , ou » Un nombre réel est un nombre qu’on peut toucher du doigt. « . On pourrait parler aussi des filières d’apprentissage complètement dévalorisées et par les préjugés de certains enseignants égalitaristes sur les bords et parce qu’on y oriente des gamins dont on ne sait pas quoi faire. Comme disait justement Céline Alvarez l’école a été pensée idéologiquement et non scientifiquement.
Le but n’est pas de démolir les bénévoles de Stop Djihadisme, ni les repentis sincères. Si l’intention est très bonne, la campagne n’atteint pas ses objectifs. Toute contre-propagande peut finir par devenir, hélas, de la propagande. Pourtant, une mise en scène des éléments apportés par Les Revenants pourraient faire réfléchir plus d’un et plus d’une: une scène d’accouchement dans un lieu insalubre entremêlé avec des flash-backs où la principale concernée tombe amoureuse d’un « prince charmant » devant son écran; un djihadiste qui se retrouve dans un mouroir à combattants, sur le point de subir une amputation, pendant qu’il se revoit- et regrette- en train d’adhérer à l’idéologie djihadiste et tenir tête à son entourage; un pauvre bougre qui se retrouve dans un mitard pour avoir simplement osé critiquer une mesure administrative; une embrouille entre Frères qui, à cause d’une blague raciste, va dégénérer en tuerie; des chiens ( ou des rats) qui dévorent les restes d’un kamikaze qui s’est fait exploser…
Plutôt que de chercher absolument à déradicaliser, débat houleux ça, ne devrions-nous pas plutôt chercher à dissuader. Selon si vous écrivez Fumer Tue sur un paquet de cigarettes ou que vous montrez une personne en phase terminale, l’effet ne sera pas le même. C’est peut-être le Juge Trévidic qui avait raison en disant qu’un début de solution consisterait à fournir aux plus jeunes- cibles privilégiées des recruteurs- suffisamment de matières pour qu’ensuite ce soit eux-mêmes qui soient en mesure de se défaire des tentatives d’embrigadements. Car plus une organisation terroriste ou criminelle éprouve des difficultés liées au recrutement, plus elle en sort affaiblie, et plus elle aura du mal à faire face à ses propres objectifs tant idéologiques qu’organisationnels.
En attendant, la France est le premier pays occidental producteur de djihadistes. Le seul EI compterait 1700 Français, ce qui constituerait du coup la quatrième nationalité la plus importante en son sein après la Tunisie ( 6500 individus), l’Arabie Saoudite ( 2500), et la Jordanie ( 2000) qui est le pays de naissance de son fondateur indirect Abou Moussab al-Zarqaoui.
Zoubeir a une solution inédite: donner l’amour du pays! La Katiba des Narvalos est sur le front…en jouant la carte de l’humour.
*P.S: Parlant de perles, il y en a effectivement une à la page 270. En effet, David Thomson cite à l’appui deux imams médiévaux, Sahîh Al-Boukhari et Sahîh Muslim. Ce ne sont pas leurs prénoms. Le Sahîh de Mohammed al-Boukhari et le Sahîh de Muslim Ibn al-Hajjaj sont considérés comme les collections de hadiths les plus authentiques de l’Islam Sunnite. Ne riez pas trop fort, Madame, et pensez qu’on pourrait recueillir l’ensemble de vos tweets immondes afin de constituer un authentique… Allez, reprenez-vous!
Bonjour
Excellent article !
Merci à vous.
Je crois que l’on résumer par :
-La prévention par des interventions « d’anciens du Jihad », tel M. Benchellali est plutôt fructueuse. Moins lorsque ce sont des musulmans pacifique considérés comme des « Sahwat vendus au Taghut ». Encore moins lorsque ce sont des non-musulmans.
-Pour un revenant (ou sympathisant) du Jihad, mettre fin à l’embrigadement dans la spirale de la violence, semble être atteignable par des équipes spécialisées. Etudes canadiennes et Danoises si je ne me trompe pas.
-Faire abandonner l’idéologie islamiste salafiste aux ex-Jihadistes, s’avère quasi impossible. La déradicalisation, à proprement parler, n’existe qu’au cas par cas.
Nous nous retrouvons ainsi dans une impasse: que fait-t-on des « revenants de zones de conflits » et de la dizaine de milliers d’individus pro-EI/AQ qui n’ont pas quitté notre territoire?
Des personnes telles que M. Benchellali et F. Benyettou, sont déjà « mal vues » (pas totalement injustifié concernant F. Benyettou). Il ne saurait être question d’essayer de réintégrer dans notre société quelques milliers d’individus encore plus endoctrinés. Ils seront perçus, à tors ou à raison, comme une cinquième colonne prête à frapper (à raison pour Adel Kermiche).
J’ai lut cette réflexion concernant ceux qui reviennent de Syrie: « La question de leur réintégration se posera un jour. On ne peut prétendre régler le problème en les tuant tous ou interdisant leur retour. »
Ce n’est que mon point de vue, mais je pense que c’est faux.
Certes c’est trahir nos valeurs, que de les « neutraliser » (euphémisme). Il faut sauver et tendre la main à ces jeunes et moins jeunes en perdition, AVANT leur embrigadement. Après c’est malheureusement trop tard. Qui se déclare ennemi de notre société, devra en payer le prix.
Une réconciliation de façade à la manière algérienne n’est pas possible dans sa globalité, mais que pour quelques individus.
Pour faire un parallèle: Il ne serait pas très bien perçu de vouloir réintégrer quelques milliers de partisans du terrorisme d’extrême-droite, Surtout si lesdits partisans gardent presque intact leurs idées suprématistes.*
La prévention et la dissuasion par la parole, par l’écoute, par l’image et par beaucoup d’attention bienveillante, doivent être l’objectif.
La réintégration après « désengagement » doit d’être fait au cas par cas.
Si on souhaite déradicaliser les individus déjà bien embrigadés, le 9mm est, cyniquement, ce qu’il y a de plus efficace (et c’est très triste).**
Merci encore.
Meilleures salutations
Jeb
*Le pire est qu’il y a déjà un paquet de néo-nazi en liberté (un certain nombre fichés S).
**la maxime « Plus on en tue, plus il y en aura » est vraie. Mais ce n’est pas parce que l’on ne tue pas les Jihadistes ou que l’on ne les met pas à l’ombre, que le nombre d’adhérant à cette idéologie sera décroissant. Les raisons de l’attrait pour le Jihad varient tellement qu’elles ne peuvent être réduit à une seule variable. En soi-même, mettre fin à la répression ou la durcir influe peu sur le résultat; ce qui compte ce sont les mesures qui accompagnent la répression.