Au regard de la Psychologie Sociale la Rumeur doit sa propagation à une défaillance des canaux officiels. Dans une société comme la notre, hyperconnectée, où les flux d’informations se succèdent à la vitesse de la lumière, elles peuvent revêtir plusieurs formes: 1) ça peut être une rumeur autour du transfert d’un joueur de football mondialement connu; 2) le torchon à scandales qui met en une le potin selon lequel X a trompé Y avec Z; 3) la rumeur d’un attentat; 4) une rumeur tournant autour du décès d’une personne notoire qui a marqué son temps; 6) la rumeur sur l’ixième transformation du protagoniste principal d’un dessin animé plus si Super que ça…
L’information est tombée le 23 Septembre au soir. Sur Pantin, une femme a été abattue de cinq balles par un homme en scooter. Il a suffi que sur le site de BFMTV on détaille que la femme était voilée et tout un panel d’activistes notoires ou non prétendant lutter contre l’Islamophobie a cédé à la psychose ainsi que les tweets ci-desssous le démontrent.

Ceci, évidemment, sans tenir compte qu’une enquête était- et est toujours- en cours et que les enquêteurs privilégient la piste du règlement de compte.
Résultat, Rachid Kassim, commanditaire de l’E.I très présent sur les réseaux sociaux, n’a pas tardé à réagir via des « communiqués » explicites. Quelques semaines auparavant, en écho à la polémique kafkaïenne autour du Burkini, c’était Al-Qaida qui menaçait la France de représailles après l’arrestation de trois femmes liées à l’EI, façon de s’immiscer aussi dans la campagne et de faire une pierre deux coups en narguant son rival.
La mise en garde du veilleur-analyste est on ne plus pertinente. Car déjà des comptes Facebook et Twitter plutôt hostiles au CCIF, si ce n’est à l’Islam et aux musulmans en général, font comprendre qu’ils n’ont pas vraiment goûté à la face et qu’ils ne l’oublieront pas de sitôt…
En ce contexte où la moindre petite étincelle peut tout faire péter, ça mériterait un coup de gueule en bonne et due forme- ce que l’auteur de ces lignes n’a pas hésité de faire via deux ou trois tweets polissant tout de même son coup de sang. Maintenant, parce qu’on est tous humain, il faut aussi comprendre ce sentiment d’inquiétude qui sévit aussi chez une partie de nos concitoyens de confessions musulmanes- assimilé, pas vraiment assimilé, pas voilée, voilée, non niqabée, niqabée, porteur de Ghûtas ou pas, joueur de Pokemon GO ou pas, amateurs ou pas de la pachole d’Afida Turner. Sentiment d’inquiétude qui a tôt fait de muter en psychose dès lors que c’est amplifié en réseau. Et honnêtement, qu’on arrête un peu l’hypocrisie, mais ce que font à l’heure actuelle le CCIF, Al-Kanz, le PIR, certaines journalistes de Médiapart et du Bondy Blog, les très très stupides pro-Erdogan (!!!), d’autres en font autant et sont par conséquent très mal placés pour donner des leçons de morale . Pensée donc à Europe Israël, à la LDJ qui n’a rien à envier à ses ennemis Soralo-Dieudonnistes question comportements, à JSS, ou aux adeptes croyant à l’Eurabia. Pensée aux adeptes de Renaud Camus qui psychotent sur des invasions manigancées par Juncker et les oligarques européens afin de grand remplacer les populations de souche; pensée à cet ancien cadre du FN qui a dérapé lors des attentats commis par Breivik et qui nous recycle en version écolo-racialo-responsable les théories Völkish pré-hitlériennes via son concept de Remigration; pensée à ce qui gravite autour de Civitas et qui jure que l’incompétente ministre de l’éducation nationale a pour projet d’homosexualiser les enfants avec la Théorie du Genre ( Genders Studies does exist! The Gender Theory…sorry, but no!).
Pensée, en dernier, à ces pâles imitateurs de Malcolm X qui confondent l’histoire des Noirs aux US avec celles des citoyens française d’origine issus des populations afro-carïbéennes ( et non pas de la Communauté Noire, parce que Communauté Noire ça veut rien dire!)
Qu’on arrête avec le Ouais mais c’est pas nous qui posons des bombes, nul n’échappe à la critique. T’as deux bras, deux jambes, et une tête? Alors, prends tes critiques!
Pour en revenir à la rumeur le même article identifie quatre facettes complémentaires ainsi que quatre points ( ingrédients), voir ci-dessous
L’assimilation sociale: Elle contribue à rendre les gens semblables entre eux. La rumeur va servir à rappeler aux gens qu’ils ont les mêmes conditions de vie, les mêmes pratiques ou qu’ils appartiennent aux mêmes catégories sociales. On peut prendre comme exemple les rumeurs sur les parkings souterrains, tout le monde peut s’y retrouver. On va raconter la rumeur à quelqu’un pour qui elle va être pertinente à un moment donné. Les rumeurs se rapportent d’une façon ou d’une autre à l’actualité.
La différentiation sociale: Avec la différentiation Nous/Eux, « Ils sont plus nombreux, plus agressifs », on renforce l’assimilation sociale. La plupart des rumeurs imputent quelque chose de très négatif au groupe différent ou à certain individus de ce groupe.
Théorie naïve: Elle réfère aux deux points précédents.
La valeur pragmatique: La fable prend des allures de morale. Cela renvoie à une conclusion pratique, un conseil.
L’Attribution: Une rumeur va manifester de l’attribution. On va attribuer quelque chose à quelqu’un. Il existe deux grandes formes d’attribution avec un phénomène commun: L’attribution de compétences versus anonyme. Ces deux formes ont en commun que la compétence en question doit être reconnue par les partenaires de la situation. Le « On » doit être identifié comme partenaire de la situation donc fiable, dont on peut s’estimer proche (référence à l’assimilation sociale). Dans les deux cas, le contact avec la source est toujours médiatisé: « c’est l’ami d’un ami qui m’a dit que… ». Les auteurs parlent « d’évanouissement de la source ».
La négativité: Souvent les rumeurs ont un contenu aversif. En procédant à une analyse de contenu des rumeurs, les auteurs ont pu établir différentes catégories de rumeurs (Rumeurs de craintes, d’angoisse, de corruption et d’espoir). On peut dire que les rumeurs sont presque toujours négatives, on a très peu de rumeurs d’espoir. Les plus fréquentes sont les rumeurs d’agression qui ciblent un groupe social.
L’implication: La rumeur concerne les gens qui la propagent. Ça les touche.
L’instabilité: Au fur et à mesure de la chaîne de propagation de la rumeur, elle va se transformer. On a toujours le noyau de la rumeur.
La rumeur, dont il est question plus haut, est donc une théorie naïve ( fusion des facettes assimilations et différentiations sociales) qui s’appuie sur trois ingrédients: négativité car rumeurs de craintes et d’agressivité envers un groupe social ( en l’occurrence les Musulmans tel que le définit ce tissu d’activistes, c’est-à-dire pratiquants ou identitaires), implication parce que cette rumeur a concerné ceux qui l’ont propagé, et instabilité parce que comme dit plus haut de meurtre islamophobe on est passé de crime organisé islamophobe…sans once de preuves irréfutables.
Voila où je veux en venir. Sur Marseille, en 2008, avait sévi une rumeur odieuse sur les Roms. Des milliers d’individus habitant Marseille et ses environs ont reçu des SMS comme quoi des Roms enlevaient des individus dans une camionnette blanche afin de les dépecer et de contribuer à un mystérieux trafic d’organe ( jamais mis-à-jour, au fait). Rumeur faisant écho à la disparition- toujours non élucidée- de la jeune Fatima Saïah vue en dernier au quartier de Malpassé. En conséquence, des jeunes Roms se virent lynchés, caillassés, et pour vous dire j’ai moi-même été surpris de la provenance du sentiment d’hostilité envers les Roms. Elle n’était pas le fait de sympathisants du FN lecteurs de FdeSouche, mais celle de Français issus de familles originaires du Maghreb. Ce que des Lepénistes pouvaient dire de mal sur eux, comme » Ils sont là pour nous envahir », » C’est notre pays et il faut les en bouter », eux en faisaient de même avec les populations Roms et observaient à leur égard les mêmes attitudes discriminatoires.
On n’a jamais pu identifier qui était à l’origine de cette rumeur malveillante, ou qui a amplifié par textos ce qui ressemblait aux accusations de meurtres rituels imputés aux Juifs.
Chez un individu la psychose est déterminée via plusieurs symptômes: hallucinations, délires ( de culpabilité, de persécution, paranoïa, mégalomanie), troubles du langage, actes n’ayant ni queue ni tête ( ranger une boîte de feutres dans un frigo ), sauts d’humeur ou attitudes changeantes. Les spécialistes parlent alors de sphère psychotique pour qualifier alors la personnalité d’un tiers souffrant d’un ou de plusieurs trouble(s) inclut dans le Diagnostic and Statiscal Manual of Mental Disorder 4TH edition ( Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux 4e édition a.k.a DSM-IV). Les deux autres sphères sont appelées Névrotique et Intermédiaire. La Sphère Névrotique concerne les personnes ayant pris conscience des interdits, des normes en vigueur, et, contrairement à une idée reçue, elles n’ont pas toutes fait leur complexe d’Oedipe pour la bonne et simple raison que la figure d’autorité varie d’une civilisation à une autre pour des raisons culturelles- si dans les civilisations dites judéo-chrétiennes le Père faisait effectivement figure d’autorité, du moins jusqu’à la venue d’un certain égalitarisme féminisant, chez certaines tribus océaniennes la figure d’autorité est l’Oncle Maternel….et ces dernières n’avaient pas dans leur patrimoine culturel la pièce de Sophocle au temps où Freud écrivait Totem et Tabou.
Gustave Le Bon disait: « En étudiant l’imagination des foules, nous avons vu qu’elle est impressionnée surtout par des images. Ces images, on n’en dispose pas toujours, mais il est possible de les évoquer par l’emploi judicieux des mots et des formules. Maniés avec art, ils possèdent vraiment la puissance mystérieuse que leur attribuaient jadis les adeptes de la magie. Ils font naître dans l’âme des foules les plus formidables tempêtes, et savent aussi les calmer. On élèverait une pyramide beaucoup plus haute que celle du vieux Khéops avec les seuls ossements des hommes victimes de la puissance des mots et des formules […] La puissance des mots est liée aux images qu’ils évoquent et tout à fait indépendante de leur signification réelle. Ce sont parfois ceux dont le sens est le plus mal défini qui possèdent le plus d’action. Tels par exemple. les termes : démocratie, socialisme égalité, liberté, etc., dont le sens est si vague que de gros volumes ne suffisent pas à le préciser. Et pourtant il est certain qu’une puissance vraiment magique s’attache leurs brèves syllabes, comme si elles contenaient la solution de tous les problèmes. Ils synthétisent les aspirations inconscientes les plus diverses et l’espoir de leur réalisation. »
Remplaçons les termes employés par Le Bon, » démocratie », » socialisme », » égalité », « liberté », qui résonnent encore au jour d’aujourd’hui, par » Islamophobie », » Antisémitisme », » Négrophobie », » Racisme antiblanc », ou » Homophobie », renvoient chacun à des faits divers, à des massacres, à des persécutions, donc à des images qui ont qu’on le veuille ou non soudé des liens entre des individus n’ayant que pour caractéristiques communes des appartenances ethno-confessionnelles ou bien des orientations sexuelles. Le propos n’est pas de discuter de qui subit le plus grand des préjudices, quand bien même j’ose laisser penser que toute atteinte faite à l’intégrité d’un tiers- morale, physique, et physiologique- devrait être sanctionnée avec obligations de réparations. La chose est qu’en conséquence des phénomènes de groupalités ( communauté) qu’on favorise par des politiques électoralistes, en lieu et place de rappeler la responsabilité de chacun, en réprimant l’esprit critique, c’est tout le contraire qu’on provoque. Ainsi, il est totalement absurde de vouloir intégrer ou assimiler des groupes, car l’assimilation ou l’intégration résulte d’un choix personnel. Tout groupe qu’il soit se solidifie autour d’un leader ( d’un chef) entouré de quelques-uns qui vont se montrer plus ou moins » modéré », le reste c’est la meute et la meute elle suit.
« Il y a Nous et il y a les Autres« . L’intérêt de certains leaders est de justement maintenir les masses dans la crainte, dans l’ignorance, en dévoilant des versions de faits partielles ou voire totalement tronquées. Le contrôle d’un groupe permet aussi d’exercer son emprise, donc de rentabiliser son petit business, et de jeter l’anathème sur ceux qui dans le groupe ( la communauté) ne pensent pas comme il faudrait penser.
Or, en plein contexte d’état d’urgence où la moindre étincelle peut tout faire péter, c’est très très problématique. Le Djihadisme- Salafisme Révolutionnaire- n’est pas une idéologie nihiliste, elle est au contraire structurée par des écrits. L’E.I et A.Q divergent stratégiquement sur l’établissement d’un califat mondial, le premier veut le tout tout de suite et l’autre désire implanter des émirats islamiques tout en « rééduquant » étape par étape les populations alors administrées. Mais leurs politiques attentistes s’accordent sur un même point, créer le Chaos.
Ceux qui voient le mal de partout en psychotant sans cesse sont leurs meilleurs alliés.
Et c’est un aveu de faiblesse bien silencieux que nous fait notre état: sans que ça prenne la forme d’un coup de gueule médiatico-hitlérien de notre Premier Ministre psychorigide, il eut été utile de rappeler à tout-un-chacun qu’il faut respecter le travail des enquêteurs. Le Procureur de la République de Paris, François Molins, s’était prêté à cet exercice avec classe lorsqu’il a recadré certains candidats de droite.