Trois raisons de s’opposer à la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024

Le fiasco du 6 Juillet 2005 à Singapour où Londres avait été désignée comme ville organisatrice des J.O en 2012 n’a pas servi de leçon. Plus encore les raisons qui viennent à n’importe quel quidam, sauf chez une bourgmestre bornée qui ferait mieux de placer ses priorités sur une vraie politique du logement qui ôterait à Paris cette étiquette de  » Ville hors de prix ».

Première raison: les organisations de Jeux Olympiques ( à l’instar de celles de Coupe du Monde ou d’Euro) sont de vrais gouffres financiers. Si, respectivement, Los Angeles et plus tard Atlanta ont permis d’engranger des recettes c’est parce que leurs situations économiques s’y prêtaient. Les USA, à l’époque première puissance économique mondiale, n’avaient aucun problème d’amortissement des frais grâce à leur patriotisme économique et à tout le buzz autour ( produits dérivés, sponsors, droits de retransmissions TV). Il y a tout d’abord les frais par athlètes ( le salaire des athlètes, de leurs staffs, plus leurs logements respectifs, plus leurs déplacements, plus leurs repas, et rallongez la note par caprice), les frais autour des installations sportives qui doivent correspondre aux critères établis par le CIO, mais aussi des « aménagements urbains »: les différents travaux effectués sur des réseaux routiers et ferroviaires ( train et métro compris), les rénovations ou les destructions de quartiers laissés à l’abandon qui permettent aussi de mettre à l’écart des populations reflétant le mal-être économique ( Pékin).

Auxquelles s’ajoutent, inéluctablement au vu de l’actualité, les frais sécuritaires: le côté événementiel peut se voir utilisé comme tribune par un mouvement politique ou terroriste (l’organisation Septembre Noir qui a exécuté des athlètes Israéliens pendant les J.O de Munich en 1972, l’attentat du parc du Centenaire pendant les J.O d’Atlanta perpétré par un fondamentaliste chrétien anti-avortement et qui a fait deux morts contre une centaine de blessés.).

Pour une ville telle que Moscou sous l’Union Soviétique, ou Athènes aux abords de sa crise ( 2004), c’est autre chose. L’organisation de Jeux Olympiques requiert d’avoir embrasser des principes économiques libéraux ( voire ultra-libéraux). Pour conséquence Moscou a eu une dette d’environ cent-cinquante millions de roubles et les J.O d’Athènes ont participé de beaucoup à la fameuse dette abyssale à laquelle nous devons ce satané plan d’austérité étouffant.

Souvenons-nous des J.O d’Albertville: contre une quinzaine de jours où cette station savoyarde s’est sentie centre du monde elle en a récolté une dette de 42,7 millions d’€uros. Et quel orgueil ridicule autour des Tremplins de Courchevel ( 134 millions de Francs à l’époque) qui au final sont très peu utilisés.

La dette parisienne, par habitant, se mesure à 1631€ ( 3 711 411 000€!) et on se demande bien pourquoi un rapport de faisabilité n’en tient pas compte.

Deuxième raison: le Comité International Olympique ( C.I.O), institution crée par Pierre de Coubertin ( dont on retient plus le célèbre dicton  » L’important c’est de participer » plutôt que sa misogynie), s’est retrouvé à plusieurs reprises au cœur d’affaires de corruption…dont deux qui concerneraient les attributions des Jeux Olympiques d’hiver de Salt Lake City et des J.O de Londres (où des agents sont soupçonnés d’avoir favorisé le vote en faveur de Londres contre de l’argent).

Le CIO est aussi accusé d’ambiguïté sur la question du dopage. Si officiellement ses têtes prétendent prendre les sanctions qui s’imposent lors d’un scandale de ce type, ses détracteurs, quant à eux, l’accusent de complicité. Comprenons, à la décharge du CIO, que les produits dopants listés et interdits peuvent être distribués en pharmacie selon les législations des pays où l’on se trouve. Ensuite, les enjeux économiques dans le sport sont énormes: pensons qu’un record battu est aux yeux d’un athlète lambda source de gloire et de revenus supplémentaires, et que si celui-ci voit du coin de l’œil le champion de sa discipline prendre un produit prohibé il sera tenté d’en faire de même ( ou bien on le lui conseillera!). Les compétitions sportives sont basées sur la concurrence, étonnant qu’un haut-conseil s’étonne que ces pratiques existent. Donc étonnant que les autorités arrivent à coincer Marco Pantani, Richard Virenque, tandis que Lance Armstrong ( touché d’un cancer des testicules à  26 ans!) ait pu facilement déjouer les contrôles, se faire une image de Machine à Gagner pendant que d’autres arrivant derrière se faisaient attraper…jusqu’au jour où le même Lance Armstrong passe aux aveux chez Oprah Winfrey et là c’est la débandade. Il ne fait pas bon d’être coureur cycliste à la retraite, au vu du nombre de morts précoces. Tout le monde poussa des cris d’orfraies lorsque l’athlète Ben Johnson, le grand Ben Johnson, a été contrôlé positif au Stanozolol lors des J.O de Séoul et dépossédé de son titre. Ben Johnson a eu l’honnêteté d’avouer qu’il a  » fait comme tout le monde ». Or, Ben Johnson avait pour rival l’américain Carl Lewis, qui avait pour équipementier Addidas ( l’ancien équipementier de Johnson, et dont le président Horst Dassler est cité dans des scandales de corruptions), et Carl Lewis ce ne sera pas rien…un mythe, cet athlète…en terme de popularité même Mike Powell, double détenteur du record de saut en longueur (8,44m et 8,95m), ne lui arrive pas à la cheville. Carl Lewis…dopé…impensable…le sportif du siècle…ben si, justement! En 2003, Wade Exum, ancien haut-responsable du programme de détection, a remis des rapports qui font état que Lewis avait été contrôlé positif à des produits dopants lors des mêmes J.O de Séoul…

Le lien entre Armstrong et Lewis? Ils sont tous les deux de nationalités américaines. Lors de la Guerre Froide Américains et Soviétiques ont cherché par tous les moyens de remporter des compétitions de Jeux Olympiques ( que faut-il entendre par tous les moyens?). La fin de la Guerre Froide a vu le déclin de l’URSS et la naissance de l’Hégémonie Américaine. L’avocat de Ben Johnson, Dick Pound, résume joliment la chose: « Nous sommes donc bien en présence de double standard en matière de lutte antidopage à cette époque : des règles pour les Américains et d’autres règles pour le reste de la planète  « .

Soyons sérieux, si le CIO luttait vraiment contre le dopage il aurait émit des doutes sur la moitié des haltérophiles et le cas des Nageuses de l’Est n’auraient jamais vu le jour. Il faut être de mauvaise foi, également, de ne pas remarquer que maints nageurs âgés de vingt printemps présentent des corpulences d’hommes de quarante ans. Mais au lieu de s’en prendre aux athlètes voyons plutôt le fait que le dopage soit une conséquence de plannings surchargés. Ainsi, un joueur de foot en Liga ou en Premier League joue en moyenne un match tous les jours et demi, sachant qu’un arrière-latéral court en moyenne dix kilomètres par match. On s’étonne du dopage au Tour de France…mais quel corps humain est fait pour tenir pendant plus d’un mois des distances de 250km par jour? Non, ni le CIO, ni la FIFA, ni aucune autre fédération de renommée internationale qui organise des compétitions, ne pourrait se permettre de remettre en cause ces calendriers…les enjeux sont trop important…et puis le consommateur ne serait pas content.

Petite pique: je m’étonne que des partisans en faveur des Droits-de-l-Homme, des grands tenants de la lutte contre le Racisme ou l’Antisémitisme, ne se soient pas penchés sur trois des présidents du CIO: Baillet-Latour ce fervent germanophile du temps d’Hitler qui a conseillé Den Führer de ne pas serrer la main à Jesse Owens, Avery Brundage décrit comme suprémaciste blanc qui a joué des pieds et des mains pour contourner le boycott lancé contre la tenue des J.O de Berlin, ou encore Juan-Antonio Saramanch ce pur produit franquiste qui est probablement la clé des nombreuses affaires de corruption ( dont la mémoire est saluée par la même Marie-George Buffet qui s’émeut de la montée du FN).

Troisième raison: le nombre exponentiel de disciplines sportives fait qu’il est impossible de suivre des J.O de près ou de loin. C’est pas compliqué les derniers Jeux Olympiques modernes ont accueilli 47 disciplines. Les Olympiades antiques ne comportaient que des épreuves athlétiques privilégiant l’effort humain ( disque, javelot, pancrace, lutte, pugilat, saut en longueur) et hippiques qu’on peut résumer à des courses de char. D’où l’importance qu’il y aurait de les redéfinir dans l’Esprit Grec, sans non plus être rétrograde. Que font là-dedans le Football, le Rugby, le Tennis de Table, le Handball, l’Aviron, le Volley-Ball de plage ou de salle, en dehors du fait que ce sont des disciplines respectables comme tant d’autres? D’autre part pourquoi ne pas inclure dans l’épreuve de Lutte avec un L majuscule ( ce qui sous-entend un terme général) des sports tels que le Judo, le Grappling, ou le Jiu-Jitsu Brésilien? Pourquoi ne pas faire une épreuve Pancrace ( Pan signifie tout, « Crace » vient de « Kratos » qui veut dire Pouvoir, Pouvoir de Tout) qui concernerait des combattants à haut-niveaux de Karaté, de  Kung-Fu, de Sambo, de Taekwondo, de Kickboxing, de Boxe Thaïe, de Catch, ou carrément de toutes les disciplines comportant pieds-poings-projections-immobilisations…ce serait plus propre que ces compétitions actuelles de type UFC organisés par des lanistes coopérant en étroites collaborations avec des sponsors et des bookmakers…

Concernant les sports hippiques présents aux J.O ça peut relativement encore passer: en effet des courses à deux ou quatre chevaux ne se font plus.

Mais tout ça reste une histoire de fédérations et de fric. L’argent pourrit tout…

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