Avant on avait Jacques Chirac, Philippe Séguin, Charles Pasqua, Edouard Balladur, Alain Madelin, et dans un pays qui déjà se préparait à la Révolution sous Louis XV ils en prenaient plein la figure. Mais sympathiques ou non ils avaient de la prestance. Ils étaient charismatiques. Leurs discours étaient structurés et on savait à quoi s’attendre. Et si François Hollande est devenu le président le plus catastrophique devant Valéry Giscard d’Estaing, compte tenu des temps actuels, même le dernier ( VGE précisons) apparaît comme une lanterne comparé aux tenants du grand parti de droite actuel ( c’est dire!).
Fondé au lendemain des événements du 21 Avril 2002 l’entreprise initiale de ce parti était de rassembler toutes les tendances de droite pour faire un axe fort: centrisme, libéralisme, souverainisme, gaullisme, et conservatisme. Il sera composé principalement d’Écologie Bleue, du RPR, du Parti Radical, et de Démocratie Libérale. Ce mouvement a été d’abord fondé en soutien à Jacques Chirac réélu avec un score de dictateur chef d’état Africain. Le souci est que Chirac, impopulaire, d’un âge avancé, ne pouvait pas être l’éternelle figure d’une droite aspirant à devenir forte. Il fallait du sang neuf. Déjà en 2002 Nicolas Dupont-Aignan s’était proposé face à Alain Juppé ( que les électeurs dudit parti éliront en pensant que celui-ci avait la carrure nécessaire pour mener à bien la barque).
Hélas, c’était oublier les guéguerres claniques. Durant les dernières années de Mitterrandie deux clans rivaux ( de la même tendance) s’affrontaient pour les présidentielles de 1995: les Balladuriens et les Chiraquiens. Pasqua ne s’en remettra jamais. Mais dans ces années-là il y eut bien un destin singulier, celui du dernier homme que le présentateur Jacques Martin aurait voulu embrasser: le maire de Neuilly. Nicolas Sarkozy. Déjà haï par Charles Pasqua pour lui avoir ravi la mairie, il est passé aux yeux de Chirac de fils prodigue à traître cause à son allégeance au clan Balladurien et à une histoire privée sur laquelle Spirale Zone ne s’épanchera pas ( d’autres sites poubelles sont à votre disposition). La traversée du désert s’arrêtera donc en 2002, où Chirac, pour montrer au Français le visage d’une droite unie, nommera Nicolas Sarkozy au poste de Ministre de l’Intérieur. De manière communicationnelle tout s’y prête. Libéral pro-atlantiste admirateur des services de police américains, adeptes des discours musclés, voila de quoi tenir à distance un Jean-Marie Le Pen vieillissant. Et puis si jamais il fallait une tête en cas de ratage Nicolas Sarkozy aurait fait l’affaire. Malheureusement, pour Chirac la baisse dans les sondages de Jean-Pierre Raffarin, son Premier Ministre, plus la popularité médiatique dont jouit son ennemi, mettra à mal ses plans. Justement si Chirac avait voulu bien s’y prendre il aurait nommé son meilleur ennemi à Matignon et lui aurait laissé les pleins pouvoirs ( et on imagine qu’un Francis Mer » sauveur de l’industrie sidérurgique » aurait eu l’occasion d’utiliser toute sa verve pour le descendre en flèche!) . Avec le revers de 2005 concernant le vote sur la Constitution Européenne, Jacques Chirac mettra le séduisant Dominique de Villepin qui est l’autre personnage populaire dans les sondages ( Poète, grand, séduisant). Mauvais calcul. Villepin, prétendant à la présidentielle, se prendra les pieds avec le CPE et l’Affaire Clearstream.
En fait Sarkozy n’a fait que profiter des erreurs de frappes chiraquiennes.
Oui, l’ascension de Nicolas Sarkozy n’est pas sans rappeler celle d’Heathcliff dans les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. En soi la conquête de l’UMP par Nicolas Sarkozy est admirable. Ami des grands industriels, de stars populaires qu’on voit bien plus l’été sur St Tropez qu’au Lubéron, il a été le premier à faire une campagne à l’Américaine dans un pays où la communication pêchait faut l’admettre. Plus loin encore Sarkozy marche sur les terres du FN avec son concept de » droite décomplexée » mais séduit également une grande partie des citoyens franco-israéliens en parlant de normaliser les rapports avec Israël ( Chirac étant aux yeux du CRIF antenne d’Israël « trop pro-Arabe ») et une majorité de gens sincères croyant au changement. Le Figaro et Valeurs Actuelles se feront les propagateurs du culte pendant que Marianne ou Libération se tiendront en embuscade.
L’ambition d’un homme n’est bénéfique à tous que si elle est suivie d’un projet visionnaire. Ce fut le cas de Napoléon. Par-contre, les Français apprécieront très peu de voir leur chef d’état – censé être au-dessus de tout- de se tenir debout sur le yacht de Vincent Bolloré…ou bien encore de le voir faire les premières pages de la presse de caniveau. Nicolas Sarkozy a donc introduit ce principe Américain qui veut que pour un homme,public le principe de vie privée/vie publique ça n’existe pas, alors que les Français- latins avant tout- y sont justement attachés. Alors le premier divorce présidentiel ou les annonces de fiançailles à Disneyland, artifices du Bling-Bling, ou encore les » Casse-toi pauv’con » et » Allez viens descends!« , les Français y goûteront très peu. Surtout, on efface pas plus de mille ans de royauté ainsi. Qui dit pouvoir centralisé à Paris dit petite cour qui se livre à de petites intrigues. Mais à la différence de Napoléon cet hyperprésident ne nommera personne capable de lui tenir la dragée haute, ainsi au lieu d’un Hubert Védrine tenant d’une vision diplomatique traditionnelle on a Bernard Kouchner, au lieu d’un connaisseur de l’Industrie nous aurons Christian Estrosi, ou encore des catastrophes pour reprendre Patrick Buisson telles que Brice Hortefeux ( Intérieur), Roselyne Bachelot et Xavier Bertrand ( Santé), Rachida Dati à la Justice, ou la très irritante Nadine Morano pour laquelle Nicolas Sarkozy est l’équivalent d’un dieu au savoir infaillible. François Fillon est, au yeux des Français, le seul qui sorte du lot!
Bref, cette » droite décomplexée » n’est ni plus ni moins qu’un tas d’individus teigneux et arrogants…qui se bouffent entre eux.
En 2012, les Français éliront une catastrophe ambulante pour en dégager une autre. Beaucoup de voix ont souhaité l’implosion de l’UMP après ces présidentielles. Nicolas Sarkozy avait eu don d’assembler des tendances opposées. Ainsi les centristes pro-Borloo fonderont l’UDI histoire de ne plus être confondu avec les petits esprits de la Droite Populaire aussi terrifiants que des caniches nains. Mieux encore le combat de coq Fillon-Copé, via polémiques autour d’accusations de truanderies que les deux camps se renvoient, montrera aux yeux des Français à quel point l’UMP n’est plus crédible ( et que François Fillon s’est du coup décrédibilisé…lui qui pouvait encore se présenter comme un homme fort!).
Honnêtement, si on prend le bilan de l’UMP on arrive au niveau zéro ( itou pour le PS!). Rien de concret sur les plans culturels, économiques, médicaux, sociétaux, éducatifs, artistiques. L’une des seules raison qui fait que l’UMP existe encore sont toute l’actualité autour de la Manif Pour Tous et des polémiques ( Mariage Homosexuel, Théorie du Genre). Là encore c’est flou. On ne sait pas qui finira par tirer la couverture ( L’UMP, le FN, le Printemps Français…).