Les récents propos de l’actrice Scarlett Johansson au Late show with David Letterman sur les Parisiens ne vont pas arranger l’image de ces derniers, déjà égratignée par kyrielles de récits cocasses et grivois dont nous autres provinciaux sommes assez friands.
» Quand je suis arrivée, je me suis dit que toutes ces histoires comme quoi les Parisiens étaient grossiers étaient fausses : les habitants étaient merveilleux. Mais quand ils ont compris que je ne rentrais pas aux États-Unis, ils sont devenus malpolis ! « . Un dicton dit bien » Paris c’est mieux sans les Parisiens!« . Conseillons à notre nouvelle arrivante de parcourir notre capitale au mois d’Août ( et d’éviter alors la Côte d’Azur!).
Pourtant, il n’y pas que sur les Parisiens que ça jacasse!
Ainsi, pour caricaturer les clichés, nous décrivons volontiers les Chtis à des chômeurs alcooliques descendants d’ envahisseurs barbares. Nous sommes tentés parfois, non sans crainte, de dire que nos Alsaciens et Lorrains sont nos « Fritz » ( je ne dis pas ce vilain mot car j’ai toujours l’envie de visiter le Marché de Noël à Strasbourg…et en ressortir vivant, en un seul morceau, si possible), ceci en raison des traits de caractère rigoureux que présenteraient les habitants des deux contrées ( et ceux avec lesquels j’ai pu partager un repas sont de très bonne compagnie). Les Corses traités de fainéants. Les Niçois souvent vus comme des vieilles dames passant leurs journées aux salons de coiffure. Les Bretons en prennent aussi pour leurs grades car vite assimilés aux temps de pluie régnant, et en plus ils doivent batailler avec les Normands. Les rivalités régionales parlons-en. Les Béarnais et les Gascons, les Landais et les Basques, les Savoyards et les Hauts-Savoyards, acrimonies ancestrales qui perdurent dans certains esprits.
Les français d’origines étrangères venant d’ailleurs en prennent aussi pour leurs grades: qui n’a pas entendu parler de la pilosité des Ibères ou des Portugais? Des noirs bons enfants pourvus d’attributs défiant la norme et grands amateurs de poulet? Des juifs séfarades vendeurs de jean’s au Sentier et des ashkénazes forcément intellectuels? Des Maghrébins qui vous saluent en disant « bijour » et qui vendent des légumes sur le marché? Des Italiens mangeurs de pattes et de pizzas?
Tous ces clichés sont, hélas, encore en cours. Alors, on se calme. La France c’est pas une question de couleur d’épiderme ou de religion, mais plutôt de tempérament. Ces dames: si vous êtes précieuses, petites princesses, exigeantes donc difficiles par moment, médisantes avec un soupçon de narcissisme, vous êtes françaises! Pour les hommes: si vous êtes cyniques, désabusés, râleurs, défaitistes dans l’âme, séducteurs, et individualistes aux plus haut points, vous êtes Français!
Comprenons une chose: nous sommes dans un pays de climat tempéré qui pis est configuré par des rivières, des fleuves, de volcans ,et des chaines montagneuses, lesquels ont inspiré le nom des départements actuels, pour être ensuite encadré par trois mers et un océan. Mettons nous bien dans la tête que les éléments de ce patrimoine géographique dense ont servis de frontières naturelles pour les habitants ( de barrières mentales aussi, hélas). De Clovis à aujourd’hui il y a toujours cette dualité Paris-Province qui pesait, malgré que De Gaulle eut tenté vainement de décentraliser notre état Jacobin. C’est donc qu’il subsiste des cultures régionales, départementales, ou locales tout simplement, qui se sont toujours vues méprisées par les classes dominantes parisianistes.
Existe-t-il une gastronomie parisienne? Existe-t-il de purs parisiens? De Paris nous avons juste la littérature, quelques monuments, les administrations, et le centre du pouvoir politique source d’intrigues. Jamais Paris n’aura le Pont du Gard, les Salers, le Mont Blanc, le Figatelli, la Dune du Pilat, les bananes plantins, le Château de Chambord, l’Abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert, le cassoulet, la basilique de Fourvière, le foie de volailles, le Château d’If, ou que sais-je d’amphithéâtres romains ( la Provence peut se targuer d’être le centre de la romanité en France)
Identités qui ont toujours fait semblant de se tolérer pour mieux s’épier et se défier.
Aujourd’hui, en raison de nombreux facteurs comme les délocalisations, les eurorégions, les transferts de compétences aux conseils régionaux et départementaux, ou la montée de courants régionalistes, ajouté au ras-le-bol global, sont en train d’infliger de sacrés revers au parisianisme snob. Nonobstant, qu’en plus d’être aigris devant la puissance américaine, nous négligeons notre Francophonie qui nous assurerait un certain rayonnement- ce que fait très bien le Royaume-Uni avec le Commonwealth ( notre langue compte plus de mots que celle de la Perfide Albion).
Maintenant, est-ce que nous sommes seuls au monde? Non, faut pas exagérer. La Planète Terre c’est quand même 194 nations riches en diversités humaines ( et la France dispose d’échantillons).
Attention a ne pas tomber dans le déterminisme géographique 🙂
Sans oublier la composante social et culturel. La ville de st-denis a un des plus fort taux de diversité ethnique au km2 !
Même si effectivement les français sont des « champions » de l’organisation du territoire…
« Attention a ne pas tomber dans le déterminisme géographique » Je ne le suis pas, étant même pas à un kilomètre d’une autre région.
Malheureusement, je ne peux pas en dire autant pour certaines personnes chez qui c’est ainsi ( ou qui ne vont jamais au village en face parce que antécédents familiaux!).