Interview de Sophie-Alexandra Aiachi

Sophie Alexandra Aïachi

Consultante en communication politique, chroniqueuse et auteure de différents rapports sur plusieurs pays de la région MENA, je me suis spécialisée sur la situation politique, économique et sociale des pays du Maghreb et du Moyen Orient. Directrice du programme MENA (Middle East North Africa) de Youth Diplomacy, je suis souvent amenée à m’exprimer sur l’évolution des situations des pays de la région.

Spirale Zone: Qu’est-ce qui vous a amené à faire du journalisme?

La situation politique au lendemain du départ du Président Ben Ali, le 14 Janvier 2011, m’a amenée a écrire. Je voulais aider mon pays a y voir plus clair dans cet ensemble de partis politiques, programmes divers et variés et personnalités politiques toujours plus intrigantes les unes que les autres.

SZ: Parlez-nous de votre projet MENA avec Youth Diplomacy?

Je suis la Directrice du Programme MENA (Middle East North Africa) de Youth Diplomacy. Ma fonction est d’organiser des conférences afin de mieux faire connaitre les enjeux et les instabilités de la région a une population désirant en savoir davantage. Le programme est ouvert a tous donc n’hésitez pas a devenir membre (rires…).

SZ: Vous couvrez donc l’actualité du Maghreb, pour ne pas dire le monde oriental dans sa diversité, et étant donné que vous faîtes du terrain vous devez être en connaissance de faits cruciaux…que les médias mainstreams déforment ou parfois passent sous silence?

On a souvent tendance et c’est malheureux d’ailleurs, à lire dans les médias français et occidentaux plus généralement, des articles orientés qui ne se rapproche que très rarement de la réalité des sociétés de la région. Ces articles aux titres chocs font vendre, je conçois parfaitement qu’il faille trouver un titre accrocheur a son papier pour qu’il soit lu, étant ancienne journaliste, j’ai moi même eu recours a cette « technique ». Néanmoins, je trouve qu’il y a aujourd’hui de gros abus, qui a force, déforment la réalité.

La Tunisie par exemple connait un défi sécuritaire mais de la a couvrir chacune des Unes par des mots tels que « attentats » ou « salafisme en Tunisie » etc c’est vraiment de la manipulation médiatique.

SZ: Les journalistes des pays que vous couvrez ont-ils champ libre ou sont-ils sujets à des pressions, à des intimidations?

Le champ que je couvre en temps normal est très large et soumis a de nombreuses variantes. Je ne suis pas en mesure de faire une généralité. Néanmoins, ce que je peux vous dire c’est que les journalistes essayent et se battent pour acquérir une liberté d’expression totale dans chacun des pays. Après évidemment, certains y arrivent, d’autres subissent des répressions, mais nous devons les soutenir.

SZ: Soutenez-vous qu’on empêcherait les pays en question d’accéder à leur souveraineté au nom du principe démocratique?

Le cas de la Libye où la France a ouvert un véritable chaos, est le plus parlant. Le système sécuritaire international est a deux vitesses. Dans le cas de la Libye, Kadhafi était certes un dictateur, mais c’était surtout et avant tout un dictateur qui n’était pas en accord avec les différents chefs d’Etats occidentaux. Ajouter a cela que La Libye regorge de richesses naturelles et on comprend pourquoi et comment la communauté internationale a défendu un pseudo « Droit/devoir d’ingérence » et ont, en fait, eu le droit de briser une puissance régionale.

L’intervention de l’OTAN initiée par la France est aujourd’hui un désastre (je vous renvoie a mon rapport ). Les conséquences de cette opération militaire sont inquantifiables. Aujourd’hui la Libye est en grande partie détruite, un grand nombre d’infrastructures ont été touchées. Suite a cette opération : « Empreinte légère » jugée intelligente, la Libye connait aujourd’hui un véritable défi sécuritaire. Le semblant de sécurité passe par le rattachement aux bandes armées, quartier par quartier. Il faut lire d’ailleurs le livre de  Samuel Laurent a ce sujet (Sahelistan) ou il explique bien que la Libye est aujourd’hui disloquée et ou la violence règne en maitre !

SZ: Comment perçoit-on Israël?

La plupart des pays arabes criminalisent la normalisation des relations avec l’Etat hébreu. Cette situation s’est transformée en legs politique et culturel aux jeunes générations. Pour la plupart des peuples arabes, l’Etat israélien est un oppresseur qui bafoue tous les traités internationaux. En sacrifiant les droits du peuple palestinien victime de cette colonisation, Israël est devenu le symbole d’un massacre à grande échelle, au vu et au su de tous.

SZ: Les médias occidentaux nous desservent continuellement l’image du monde islamique qui rabaissent constamment la femme…qu’en est-il à l’heure actuelle?

Il est vrai qu’il existe certaines situations dans les pays concernés qui encouragent ces points de vue, on peut penser à l’Arabie Saoudite où clairement la femme n’est pas l’égale de l’homme. Cependant chaque pays arabe, malgré une union dans la langue et la religion, a une histoire qui lui est propre et qui a contribué à forger les sociétés d’aujourd’hui où les femmes jouissent dans certains pays comme la Tunisie des mêmes droits que les hommes. On peut citer l’exemple des élections tunisiennes de 2011 ou pour la première fois la parité hommes/femmes était obligatoire. Bien entendu, les droits de la femme ne sont pas un acquis, et comme dans les pays occidentaux, les femmes doivent se battre pour préserver leurs droits chèrement obtenu au fil du temps.

SZ: Et vous êtes en même temps pigiste pour le Huffpost!

Je collabore en tant que chroniqueuse dans plusieurs médias internationaux dont effectivement le Huffpost. Néanmoins ma situation professionnelle actuelle ne me laisse plus beaucoup de temps pour l’écriture.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s