Je me souviens qu’un soir de déboires estudiantin où, maudissant le monde de ne pas déclarer ma flamme à une camarade, je m’étais rué sur le dialogue entre Luther et Erasme, époque pendant laquelle je considérais le premier comme un véritable génie à part entière et en venait à penser que quelque part le protestantisme était supérieur au catholicisme. Erasme me désillusionna. Certes, Luther m’apparaissait toujours comme talentueux, mais je n’avais pas saisi l’étendue de sa facette sombre, notamment sa vanité, ses certitudes absolues. La comparaison s’arrête-là. Eric Naulleau n’est pas Erasme, et Alain Soral n’a rien à voir avec Luther hormis l’antisémitisme virulent.
Si on exclut que le rôle du pigeon reviendra inlassablement au lecteur qu’il sera très difficile de répertorier en catégories ( soralien? pro-naulleau? amateur de joutes?) et qui déboursera un prix équivalent à un peu plus de dix litres d’essence, ce livre qui indigne la grande seigneurie du PAF n’a rien d’étonnant, n’innove en rien puisque le résultat est connu de tous.
Naulleau, tueur d’échevelés lalaniens, a décidé de s’attaquer à celui qui se proclame l’héritier de Proudhon, Sorel, et Barrès ( rien que ça!). Karl Marx, on le sait, aurait le choix entre les soirées branchées du Tout Paris où on s’en met plein le pif et les séances psychanalytiques de Mireille Dumas où il pourrait expliquer le pourquoi de son vote FN- à savoir que les deux peuvent très bien se compléter.
» L’un baise comme l’autre bouffe, en obèse » Soral, ( à propos de DSK et d’Alexandre Adler)
« Mais tu devrais chaque matin rendre grâce à Jean-Claude Gayssot de t’avoir élevé, ainsi que quelques autres penseurs qui exhalent une odeur de fagot sur Internet, à la dignité de martyr de la liberté d’expression ! » Naulleau à Soral.
Inévitablement, le sujet primordial du livre est…la Question Juive, même si l’art, la littérature, le foot business, Cahuzac, s’imposent en sujets orbitaux. Le raisonnement lacanoïde de Soral a vite fait de tomber lorsque Naulleau le poussera à s’avouer » Proche du FN« , » National-Socialiste« , » adepte des théories négationnistes« , c’était plus qu’il n’en fallait pour révéler le vrai visage de la Bête et du Mal qui émane d’elle. Ajoutons la jolie expression » invertie » qui donnera du grain à moudre aux associations LGBT et à leur agit-prop aussi tolérante que celle d’un excité de Civitas. Honnêtement, si il fallait désigner un vainqueur ce serait Naulleau car l’autre, bouffi d’orgueil, a vite fait de tomber dans le piège gros comme une maison en nous faisant montre de son raisonnement arriéré, lequel est une caution de l’extrême-droite racialiste pro-israélienne et qui au vu de ses « réflexions » est très mal placée pour donner des leçons de morale. Ainsi, le raisonnement grotesque du soi-disant nationaliste consiste à corréler les pires faits avec les Juifs, peu importe si dans l’effondrement de la banque X il y avait un Malgache ou un Hindou dans le coup ce qui intéresse notre gaillard et ses ouailles c’est le premier nom à consonance Juive qui apparaît ( car forcément relié à l’empire americano-sioniste). Sa démarche ne consiste pas vraiment à dénoncer cette forme de racialisme inhérente au révisionnisme de Jabotinsky- qui va même jusqu’à considérer les juifs de la Diaspora comme des sous-merdes, laquelle est propagandée non seulement par des petits miliciens au rabais qui vont jusqu’à placer des bombinettes en toute impunité ( et menacer accessoirement des jeunes militantes de viol!) et par des institutions ultra-minoritaires qui ne supportent pas la moindre critique. Si il la dénonce c’est pour justifier son approche qui oppose Aryens ( Celtes) et Juifs, ceci en appliquant les méthodes de Le Bon quant il lui faut magnétiser les foules ( et de préférence des petits jeunes enragés de confessions musulmanes, vis-à-vis desquels Soral n’aura jamais la virulence qu’il peut avoir vis-à-vis du communautarisme juif). Les Juifs, les Juifs fruits de son obsession. Ce qui l’empêche nullement de faire aussi du racialisme, ou d’introduire cette idée de remigration si chère aux identitaires hystériques dès qu’ils voient un Noir ou un Maghrébin ( mais comme elle sera formulée par un élément de confession musulmane on ne verra pas la manip au premier coup d’oeil!). De même qu’il n’est pas le mieux placé pour donner des leçons aux supporters d’Israël, puisqu’il se fait l’ambassadeur des théories liberticides de Douguine qui décrivent la Russie comme Nation Supérieure et berceau de l’Ultima Thule…l’Eurasisme ou la mutation du national-socialisme qui ferait de Poutine l’équivalent d’une vieille définition osée: Hitler, c’est Guénon plus les Panzers.
Soi-disant » nationaliste » parce que des années auparavant il se réclamait du communisme. Et lorsqu’on lit bien tout tourne autour de l’égo…donc…
Naulleau aura une victoire brève, puisqu’il devra faire face au jugement de ses pairs. Vous ne le savez probablement pas mais en allant parler à lui ou à lui fait de vous un suspect. L’épisode d’accusation de quenelle est un point culminant de bêtise. Anne Sinclair, gratinée par Soral dans le livre ( le mot est faible), qui lui reprochera de s’être compromis. Hélas, ce qui est reprochable à Naulleau est plutôt sa cuistrerie, ses petites mesquineries auxquelles il nous habitue depuis les teintures de ses plateaux d’émissions à prompteurs cachés. Et certes Soral lui en admoneste une bonne lorsqu’il lui renvoie son image d’inspecteur des travaux finis qui agace avec son bagou.
Ce dialogue aux tournures insipides met l’accent sur l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Opposé à une petite classe de vaniteux qui prétend tout connaître et vous colle facilement des étiquettes ( même ceux qui comme Naulleau et son acolyte qui a le complexe de supériorité du nègre de salon sur le nègre des champs), classe qui ensuite vous moralise, vous culpabilise en pétant plus haut que son cul, et a l’outrecuidance de vous imposer des limites en étant la première à les franchir, vous trouvez des leaders démagos qui éveillent les pulsions les plus basses et convertissent les foules en psychopathes sans limites.
Trouvons une sortie…ou enfonçons un mur.
Très bonne analyse. Je trouve personnellement que Naulleau sert quand même la soupe à Soral, mais c’est un point de vue.
Je trouve ce livre comme étant l’un des plus pauvres de Soral. On est dans une conversation de bistro, en aucun cas dans un échange idéologique.
Ton article est pertinent, merci camarade!
Merci.
Personnellement, je trouve que l’ouvrage est à chier. Certes, oui Naulleau lui sert la soupe et des deux c’est lui qui s’en prend le plus plein la gueule.
Comme tu dis on est en pleine conversation de bistro. C’est comme si toi, moi, ou les autres, on se décidait à publier un ouvrage commun où on exprime nos points de vue via nos conversations FB, le tout en qualifiant le livre d’ouvrage polémique.
On est ok à 100% donc!!!
Merci cela m’evitera de me faire mal aux yeux en le lisant(et puis mes lunettes sont deja sale…).
Il est trouvable en PDF sur le net! Pour ma part je suis fier de l’avoir trouvé, ça m’aurait nettement contrarié de débourser plus d’un euro ( les sous c’est mieux pour l’essence).